Un point sur la situation des volcans Etna et Momotombo

Etna, Italie, 3330 m

Depuis la fin de la phase strombolienne sur le Nouveau Cône Sud-Est (NCSE), le volcan n'est pas retourné dans un état de calme complet. Les émissions de cendres du Cône Nord-Est que j'évoquais dans le post précédent se sont poursuivies tout au long de la journée d'hier, alimentant un panache de gaz et cendres

certes pas très imposant, mais continu.

Le panache de cendres hier produit par l'activité sur le Cône Nord-Est, vu depuis le nord-est, au-dessus de Taormine. Image: Villa Ducale

Le panache de cendres hier produit par l'activité sur le Cône Nord-Est, vu depuis le sud-est, à Catane. Image: EtnaTech

A la nuit tombée toutefois, et alors que le panache restait alimenté (il l'est toujours ce matin mais s'est affaiblit), il n'y avait que peu de lueurs incandescentes. Elles ont été présentes en début de nuit, et un flash lumineux lié à une explosion probablement, s'est manifesté vers 01h20 du matin. Mise à part ça la tendance a été vers le plus en plus calme.

Une explosion sur le Cône Nord-Est cette nuit. Image: Radiostudio7

Cette tendance au calme s'est manifestée aussi du côté du trémor, qui connait une lente baisse depuis la fin de la phase strombolienne du NCSE. A noter qu'au moment de la rédaction de ce post, le trémor marque toutefois une tendance inverse et regagne un peu de vigueur. 

Évolution du trémor tout au long de la semaine. A droite, la tendance à la baisse. Image:m INGV

Il faudra attendre pour savoir si ce n'est qu'un sursaut ou une vraie tendance mais le rapport publié hier par l'INGV semble plutôt cadrer avec un sursaut. Il est précisé que les émissions de cendres du Cône Nord-Est ne sont pas associés à une activité strombolienne vraie. Mais le point essentiel de ce rapport est qu'il y est précisé une cause pour l'essaim sismique du flanc nord-est: la vidange de magma par les paroxysmes de la Voragine et l'activité strombolienne du NCSE est suivie d'une déflation (dégonflement) de l'édifice, ce qui fait bouger les structures tectoniques, dont la faille de Pernicana. Voilà une explication qui, replacée dans le contexte de cette crise, parait tout à fait intéressante (inutile de préciser que l'INGV s'appuie évidemment sur les données géophysique, dont la déformation, pour faire ce lien avec la crise sismique).

Pour l'heure donc, tendance au calme sur l'Etna après une semaine de folie.

Source: INGV; Villa Ducale; Radiostudio7; Etna Tech

Momotombo, Nicaragua, 1297m

Le volcan reste calme après la fin de son activité strombolienne. La presse relaye toutefois depuis  avant-hier l'information, émise par l'INETER, de la présence d'un dôme de lave dans le cratère sommital. Malheureusement il n'y a pas de photos de l'objet en question (du moins je n'en ais pas encore trouvé) mais il serait intéressant de savoir à quoi il ressemble. La presse Nicaraguayenne, reprenant peut-être les mots de l'INETER, explique en effet que les dômes sont fait de lave riche en silice, très visqueuses, font bouchons et risques donc de faire des explosions puissantes. Or tout cela ne semble pas logique du tout, suite à l'activité strombolienne. En effet le dynamisme strombolien ne peut se mettre en place que si le magma a un viscosité relativement faible: sa composition est basaltique ou trachybasaltique généralement. Cette activité strombolienne, par ailleurs, caractérise plus l'activité récente (=ces derniers milliers d'années) du Momotombo qu'une activité avec émission de lave visqueuse et formation de dômes. 

Un dôme produit par l'émission d'une lave visqueuse ne semble décidément pas rentrer dans le contexte actuel, raison pour laquelle il faudrait une photo de l'objet, qu nous en apprendrait un peu sur lui (en attendant un échantillonnage) . 

Car les dômes de lave ne sont pas tous le fruit de laves très visqueuses. Il existe des dômes surbaissés constitués de lave à viscosité modérée. Et si l'on regarde, par exemple, le Popocatepetl, des dômes de ce type s'édifient régulièrement dans son cratère.

Donc, le dôme en question est-il un "vrai" dôme à lave visqueuse (type Unzen 1991, ou Sheveluch en cours par exemple, ce que laisse entendre la presse) ou simplement le fruit de l'accumulation dans le cratère, en fin d'éruption, d'un zeste de lave plutôt fluide, qui se serait stockée sous la forme d'un tas appelé "dôme"?

En attendant d'avoir la réponse, les volcanologues Nicaraguayens observent l'objet par savoir s'il est en croissance ou pas. Car visqueux ou non, sa présence peut s'accompagner de divers phénomènes :

- s'il grandit (donc qu'il et encore actif) il finira par se retrouver sur une pente: s'allongera-t-il pour former une coulée ou, au contraire, s'effritera-t-il en avalanche de blocs? Voire en écoulements pyroclastiques?

- sa présence peut éventuellement bloquer le restant de gaz que le magma situé sous lui, dans les conduits de l'éruption, contine de libérer. Si ce gaz s'accumule des effets de surpression peuvent apparaitre et se manifester sous la forme d'explosions plus ou moins puissantes. Fin d'éruption ne signifie pas toujours "fin d'activité": des manifestations peuvent parfois avoir lieu post éruption.

Et justement, il convient de noter que la presse précise qu'une partie de ce dôme a été détruit par une explosion lundi après-midi. Les images de la webcam INETER permettent en effet de constater la présence ce jour-là, vers 13h50 (heure locale) d'un panache d'ampleur modérée, peu dynamique.

Panache de cendres lié à la destruction partielle du "dôme" de lave. Image: INETER

Affaire à suivre, bien entendu.

Sources: Merci à Sherine France pour l'information concernant le "dôme" (je préfère mettre des guillemets tant que je ne suis pas certain de ce dont il s'agit); INETER; Presse Nicaraguayenne