En plus d'être l'année noir des aéroports de l'est de Java, 2015 est visiblement aussi celle du volcanisme Nicaraguayen, si peu souvent représenté ces dernières années.
Après le Telica et ses explosions brusques (mais sans intervention de magma), le Momotombo et son très beau, et relativement tranquille, réveil strombolien, voilà maintenant que le Masaya semble montrer lui aussi des signes d'une activité en hausse.
Il n'est toutefois pas évident d'y voir clair pour le moment sur ce qu'il se passe réèllement: faisons donc le point ensemble sur les différents éléments qui sont apparus ces derniers jours.
Tout d'abord, si l'on regarde du côté de la sismicité, et en particulier les sismogrammes de l'INETER, on s’aperçoit qu'au cours de la semaine il n'y a pas eu de variation notable côté sismicité. Le trémor en particulier semble stable. On peut toutefois noter, sur l'image de gauche (signal le 07 décembre), que des signaux plus importants, qui peuvent durer quelques minutes, sont enregistrés. On les retrouve, assez fréquents, jusqu'au 10 décembre puis après ils se calment de manière significative.
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| Comparaison des sismogrammes, les 07 et 12 décembre: le trémor n'a pas varié de manière significative.Images: INETER |
Ces vibrations intermittentes pourraient avoir été produites par des effondrements de la paroi du cratère, un phénomène qui a été présenté dans un rapport publié par l'INETER le 09 décembre dernier. Les volcanologues précisaient alors que, un peu comme au Telica, ces effondrements créaient une obstruction du cratère actif. Une situation qu'il convient toujours de surveiller de près: on voit comment, au Telica, cela peut conduire à des explosions assez puissantes. Et le Masaya est un site touristique plus important que le Telica (présence de parking sur la lèvre du cratère actif notamment).
Il est aussi interessant de noter que l'émergence de l'information concernant une augmentation de l'activité du Masaya s'est faite environ 24h après qu'une secousse de magnitude 3 ait été enregistrée le 09 décembre peu après 23h (heure locale). Cette secousse relativement importante, et caractérisée comme volcano-tectonique par l'INETER, s'est produite à une profondeur de 300m sous la surface (très superficielle), sous le flanc nord-est de l'édifice.
On peut donc soupçonner un lien entre les deux événements, mais la question est: est-ce la secousse qui a initié la phase d'augmentation de l'activité ou est-ce que la secousse n'est qu'une réponse à la hausse d'activité? Bref, dans cette histoire quel est l'oeuf et quel est la poule?
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| Localisation de la secousses enregistrée le dans la nuit du 09 au 10 décembre. Image: SINAPRED |
Toujours est-il que depuis le 11 décembre la presse relaye une information de l'INETER qui indique que le magma serait proche de la surface. Des sons ressemblant à ceux de la marée (probablement le ressac) a été entendu et l'INETER envisage comme possible qu'un lac de lave fasse son apparition dans la cratère actif, comme à la fin des années 90. Pour l'heure il ne semble pas y avoir de lave juvénile au fond du cratère, appelé Santiago, mais une forte incandescence reste visible. Attention à l'interprétation que l'on peut faire avec les photos qui circulent sur les réseaux sociaux concernant cette incandescence, telles celles-ci: en effet l'évent ouvert au fond de cratère est incandescent depuis longtemps (voir cette photo visiblement prise en 2011). Le fait que le terme "lava" soit associé à ces images peut induire en erreur en faisant croire que ce que l'on voit sur l'image est de la lave. Or il ne s'agit que de gaz et de roches portées à haute température.
Voyez donc qu'il n'est pas évident de savoir exactement de quoi il retourne au Masaya. D'un côté l'INETER déclare que l'activité est en hausse et que le magma est proche de la surface, annonce faite 24 heures après une secousse sismique forte. Ce qui peut laisser entendre que cette hausse est une réponse à la secousse ou que tout au moins il y a un lien entre les deux. D'un autre côté il y a eu des effondrements rocheux dans le cratère ces derniers jours, avec une obstruction au moins partielle de l'évent ouvert au fond, par lequel s'échappent les gaz à haute température. Cette obstruction joue-t-elle un rôle dans les modifications de l'activité constatées par l'INETER?
Enfin il semble que le trémor n'ait pas varié de manière significative et je n'ai trouvé aucune données concernant les mesures de déformation par exemple (je ne suis pas sur qu'il y ait un réseau qui mesure ce paramètre au Masaya).
La situation mérite donc d'être suivie de près afin de voir si, oui ou non, elle va aboutir à une activité éruptive. La dernière véritable éruption (émission de lave) semble s'être produite en 1999-2000. Le GVP en compte d'autres au cours des années 2000 (2001-2003-2005-2006-2007-2008) mais à la lecture des rapports la question se pose quand à l'origine (magmatique ou non) de ces manifestations, essentiellement de faibles émissions de cendres ou des explosions modérées et isolées qui ressemblent à des débourrages ou des explosions phréatiques par exemple.
La vidéo ci-dessous montre l'explosion du 18 juin 2008, et explique de manière très claire pourquoi, maintenant que le volcan montre une activité anormale, personne ne devrait monter aller observer l'activité du Masaya.
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