La dernière fois que j'ai parlé du Semeru, c'était il y a plus d'un an. A l'époque l'extrusion qui se déroulait au fond du cratère (le Jonggring Seloko) avait atteint l'échancrure qui ouvre sa partie sud, et la lave avait coulé dans la pente. Depuis lors (en fait, depuis que les images de la webcam ont cessé d'être émises le 23 janvier 2015) il est quasiment impossible d'avoir des infos précises sur ce qu'il se passe au sommet. Malgré tout sans avoir de détails très précis, il semble y avoir eu quelques changements.
Le premier des indices, ce sont les signaux thermiques bien sûr*. Le MIROVA montre qu'entre février et septembre la fréquence des signaux et leur puissance (en watt) a connu des hauts et des bas.
- première supposition: il est vraisemblable que l'épisode de mise en place de la coulée de 2014ait pris fin début 2015: en janvier les signaux sont encore fréquents et intenses (période "1" sur l'image). C'est possible, mais il reste à le confirmer/infirmer
- seconde supposition: l'activité se poursuit ensuite mais de manière bien plus calme entre février et mai 2015: les signaux sont moins fréquents et plus faibles (période "2")
- troisième supposition: un petit regain d'activité a lieu en mai-juin, moment où la fréquence des signaux thermiques et leur intensité augmente à nouveau ("période "3")
- quatrième: un nouveau retour à une activité normale en juillet-août et début septembre (période "4")
- cinquième: une nouvelle phase de hausse depuis début ou mi-septembre (période "5")
Une vision indirect de l'activité du Semeru tout au long de l'année écoulée. Image: MIROVA |
Je précise qu'il s'agit de mon interprétation de ce graph et que, de facto, il n'y a aucune certitude qu'il s'agisse de la réalité, en particulier pour les périodes "1" à "4". En particulier cette année à été particulièrement sèche en Indonésie et le territoire à été frappé à de nombreux endroits, et sur plusieurs volcans notamment, d'incendies de forêts importants qui peuvent avoir participé à la production des signaux infrarouges révélés par le MIROVA.
Toutefois la dernière période ("5") peut être recoupée avec d'autres données satellites qui semblent indiquer elles-aussi que le volcan connait à nouveau une activité en légère hausse. Un article de la presse Indonésienne semble même indiquer qu'il y aurait eu une hausse de la sismicité fin octobre: cela reste à vérifier.
Toutefois la dernière période ("5") peut être recoupée avec d'autres données satellites qui semblent indiquer elles-aussi que le volcan connait à nouveau une activité en légère hausse. Un article de la presse Indonésienne semble même indiquer qu'il y aurait eu une hausse de la sismicité fin octobre: cela reste à vérifier.
Les données ASTER suggèrent elles aussi une modification de l'activité mais pour se rendre compte de la situation il faut comparer deux images. Les données infrarouge, là encore, montrent bien un changement au sommet du volcan entre début septembre et début octobre: dans l'intervalle un signal thermique s'est allongé dans la pente. L'interprétation directe n'est pas aisée, mais il peut s'agir soit d'une nouvelle coulée en lente progression, soit d'une zone où s'accumulent des blocs provenant de l'effritement du dôme qui avait été observé en 2014.
Evolution du signal thermique au sommet du Semeru entre septembre et octobre. images: ASTER/JPL-NASA |
A titre personnel, ma préférence va plutôt à la seconde solution car la pente sous le cratère est raide et plutôt lisse (cendres): difficile d'accumuler des blocs. Cependant j'ignore à quel point cette zone à changé suite à l'activité de l'an dernier et la mise en place de la coulée: ma préférence n'a donc aucune valeur d'argument, bien entendu.
En creusant un peu plus par ailleurs j'ai acquis la certitude que l'activité explosive, qui a fait la célébrité de ce volcan et son attrait touristique, malgré une ascension qui demande un peu de soi, est toujours présente. Par contre il ne me semble pas possible de déterminer si elle a connu des hauts et des bas, bien que ce soit plus que vraisemblable: aucune activité éruptive n'est parfaitement stable dans le temps.
Enfin, et c'est peut-être le plus important, la galette qui s'est formée dans le Jonggring Seloko a presque comblé une partie de ce dernier. J'ignore par contre les modalités de ce comblement: s'est-il fait très progressivement tout au long de l'année? Ou est-il lié au pic de signaux thermiques repérés en mai-juin? Pour l'heure je n'ai pas d'argument pour proposer une idée qui vaille la peine d'être exposée. Mais en tout cas le changement est surprenant et rappelle un peu la situation du volcan Ibu, autre édifice Indonésien, qui reste le siège d'une activité explosive à travers une imposant galette de lave visqueuse.
Remplissage partiel du cratère sommital du Semeru. Images: Rizal Sofiyuddin et Chonglei Bi |
Les deux images ci-dessus sont extraites de vidéos youtube dont voici le lien:
J'ai mis en pointillés blancs des zones qui servent de points de repères sur les deux images afin que vous puissiez faire la comparaison entre elles. Sur la vidéo de Chonglei Bi on voit nettement que la surface de lave qui a rempli la partie nord du cratère (à droite des images) est plissée, bien qu'il s'agisse d'une lave visqueuse.
* j'en parle presque de façon systématique et vous allez croire que je suis "InfraRouge Addict" mais en fait c'est juste que c'est une source d'information facile d'accès et régulière.
Sources : Youtube, MIROVA; ASTER/JPL-NASA
Sources : Youtube, MIROVA; ASTER/JPL-NASA
As-tu une idée de la fréquence explosive ?
RépondreSupprimerLudovic
Pour le moment pas la moindre. Il faudra attendre une mise à jour par le PVMBG pour en avoir une idée je pense....ou alors que la webcam soit remise en ligne.
SupprimerPour les webcams faudra attendre , s'ils mettent autant de temps que pour le Sinabung y aura peut être plus d'éruption.
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