3 novembre 2015

Un point sur l'activité du volcan Etna (mis à jour)

Je pourrais résumer le contenu de ce post facilement par une question: "que se passe-t-il sur le plus connu des volcans d'Europe?".

Depuis la dernière éruption, en mai dernier, l'édifice était resté plutôt calme, avec une activité en surface marquée par un dégazage normal (toujours important). Le trémor n'a pas montré de changement particulier jusqu'à présent, outre des variations plus ou moins cycliques, plus ou moins régulières. Un rapport de l'INGV explique tout de même que le calme n'était pas plat: grondements et sons d'explosions dans le Cône Nord-Est, sons d'explosions au niveau des cônes Sud-Est, émissions de
cendres brunes dans la Bocca Nuova courant juillet....un calme relatif donc.


Le 19 octobre le volcanologue Boris Behncke a pu monter au sommet avec une équipe de télévision italienne. Ce jour-là la météo est bien dégagée et il constate que l'activité dans la Voragine est un peu plus importante que lors de sa précédente visite, en septembre. Il constate aussi que, parfois, des bouffées de cendres, peu chargées certes mais bien réèlles, s'élèvent depuis le fond de ce cratère.


Ash emission from the Voragine. Note the group of hikers on the rim of the Northeast Crater just left of the ash plume
Posté par Boris Behncke sur lundi 19 octobre 2015

Jusque là, pas de quoi s'inquiéter mais tout de même de quoi rester vigilant quand à la manière dont tout cela peut évoluer, bien entendu. D'autant plus qu'en tout début d'année une activité avait été observée dans la Voragine, 3 semaines environ avant que ne débute une nouvelle éruption.


De son côté le MIROVA commence à relever, au même moment, des signaux thermiques plus forts et plus fréquents que touts ceux enregistrés depuis juillet au niveau de la zone sommitale de l'Etna: la concordance avec les observations de Mr Behncke est trop nette pour ne pas être suspect et confirme donc que quelque chose se passe.

Evolution des signaux thermiques sur le volcan Etna en octobre 2015
Evolution des signaux thermiques sur l'Etna depuis mi-octobre: un peu plus intense et fréquents. Image: MIROVA

C'est aussi à ce moment là que la webcam installée à Bronte, appareil très sensible au basses lumières lorsqu'il est en mode "nuit", capte, de temps à autres, des lueurs très faibles dans la zone sommitale. Pour être tout à fait juste, ces lueurs ont été captées un peu avant: j'en ai repéré une (à postériori pour être honnête) le 14 octobre. Il peut y en avoir eu avant mais pour le moment je n'en ai pas repérées. Elles sont bien situées dans la Voragine, non loin de sa séparation d'avec la Bocca Nuova, juste au sud.

Lueur dans le cratère Voragine du volcan Etna, 14 octobre 2015
Lueur dans la Voragine la nuit du 14 octobre. Image: Nicalo Zappal


L'explication a l'ensemble de ces signaux arrive par les guides d'Etna Nord, qui font régulièrement l'ascension au sommet  avec des groupes. Lors de leur sortie du 27 octobre, ils ont le plaisir de constater qu'au fond de la Voragine, des gaz à haute température propulsent des fragments incandescents: ce qui ressemble à une faible activité strombolienne est en cours au sommet de l'Etna, probablement depuis la mi-octobre.



Je reste prudent avec les mots employés et c'est volontairement que j'écris "ce qui ressemble à", un peu comme pour l'interprétation de l'activité du Dukono, car pour l'heure il n'est pas précisé si les fragments sont constitués de lave juvénile (neuve) auquel cas oui cette activité peut être qualifiée de strombolienne, ou si il ne s'agit que de roches anciennes portées à haute température, auquel cas le qualificatif "strombolien" ne se justifie pas (et on ne peux pas faire la distinction sur une photo...). Il faudra donc attendre un rapport de l'INGV pour en savoir plus sur cette situation.


Mise à jour 13h07

Suite à la publication de ce post, Mr Behncke m'a confirmé via twitter, et je l'en remercie, que l'activité est bien caractérisée comme strombolienne. Donc on peut dire que le volcan est en éruption.

Sources: MIROVA; Gruppo Gruide Etna Nord; Nicola Zappala; Boris Behncke; INGV-CT

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