15 novembre 2015

L'activité du volcan Tungurahua commence à créer des problèmes

J'en parlais dans le post du 12 novembre: le volcan Tungurahua a entamé ces derniers jours une nouvelle phase de son éruption, débutée en 1999. Mais elle a augmenté depuis avant-hier et les conséquences se font sentir.

Les phénomènes (aléas)

Il s'agit pour le moment d'une situation tout à fait classique pour cette éruption, à savoir des émissions de cendres. Elles sont continuent et assez importantes depuis le 11 novembre, raison pour laquelle elles commencent à poser des soucis (voir "les conséquences"). Le panache qui est actuellement émis est d'une hauteur d'environ 3000 m, emporté plutôt vers l'ouest, situation habituelle vu le régime des
vents dans cette partie de la Cordillère. Cette activité explosive continue de projeter blocs et bombes incandescentes sur toute la partie haute de l'édifice.

Le panache du Tungurahua hier après-midi. Image: webcam OVT/IGEPN
A Choglontus, bourgade située à environ 6300 m du sommet de l'édifice, 1.65 mm de cendres s'étaient déposées le 13 novembre. Mais un habitant du village d'El Santuario, située à 12 km à l'ouest, décrivait un dépôt de 2 cm dans la presse. L'écart est un peu étonnant et mérite d'être pris avec des pincette: une erreur d'unité s'est peut-être glissée dans l'article, et 2mm sembleraient plus réalistes. Quoi qu'il en soit, même 1.65-2 mm déposé en moins de 2 jours, cela commence a être conséquent. L'IGEPN a déjà fait savoir que cet épisode d'émission de cendres fait partie des 7 plus importants depuis 2010, et qu'il n'y en a pas eu d'équivalent depuis 2012. En décembre 2010 cette rapide accumulation de cendres et blocs s'était traduite par la mise en place d'un dépôt instable au sommet de l'édifice, qui avait finit par se décrocher sous la forme d'un écoulement pyroclastique. Ce type d'écoulement est généralement peu dynamique et ne parcours que des distances modestes, mais si il ne faut jamais exclure l'exception.

L'épaisseur du dépôt commence à être importante à proximité du volcan. Image: V. Lema/ IGEPN

Les conséquences

La première des conséquences est presque immédiate: les routes recouvertes de cendres deviennent plus difficiles à pratiquer. Il n'est pas sûr que 1,65-2 mm de cendres représente un problème pour l'adhérence (encore que) mais surtout les cendres tombent sur les pare-brise....et les rayent lorsque les essuie-glace sont mis en marche. Et comme tout le paysage se couvre d'une teinte uniforme, la route se voit de moins en moins bien. Bref: un risque accru d'accident de la route dans les zones les plus affectées, pour le risque immédiat. L'autre risque immédiat est le fait, pour les populations affectées, de voir apparaitre des problèmes respiratoires et oculaires. Sur le court-moyen terme d'autres problèmes importants font leur apparition, notamment  pour les éleveurs et les agriculteurs. La cendre a déjà fait beaucoup de dégâts à Choglontus (6 km au sud-ouest du sommet), et y a même complètement détruit certaines cultures. 

L'agriculture est très touchée par cet épisode cendreux à l'ouest du volcan. Image: X. Parra/IG-EPN

Les conséquences se font sentir à plusieurs niveaux: les productions maraichères sont plus faibles et vont générer moins de revenus. Les productions fourragères sont aussi en baisse et les animaux d'élevage manquent de nourriture ce qui affecte déjà la production de lait dans certains secteurs (réduite de 20%), donc un déficit de revenu. Les gens n'ont qu'un espoir: l'arrêt rapide de l'épisode cendreux et le rinçage des cultures tout aussi rapide par la pluie. En attendant, l'acheminement de nourriture de remplacement pour les animaux se met en place, probablement rendu plus difficile par l'état des routes...


L'accumulation des cendres sur les toits est un problème. Pour les maisons, il ne se pose pas encore vraiment car l'épaisseur est relativement faible et ne génère un poids (au sol) "que" de 1.6 kg/m². Le souci est plus important et plus direct pour les structures de type "serre" par exemple car non seulement les plastiques se déchirent vite, mais l'ossature même est peu résistante et peu céder.

Finalement 1.65-2 mm de cendres, ce n'est pas rien.

Sources: IGEPN; Presse Equatorienne.

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