14 octobre 2015

Volcan Sinabung: une nouvelle victime

1- la situation actuelle

Vous aurez peut-être remarqué que depuis la mi-septembre, qui avaient vu la mise ne place en place d'une belle série d’effondrements de dôme, le blog était resté silencieux quand à la situation concernant le Sinabung. Désintérêt? Sûrement pas: je continue de suivre cette situation au jour le jour... avec les moyens du bord, c'est-à-dire avec les infos qui arrivent depuis là-bas via le net, et il n'est vraiment pas évident de faire le tri.
Il semble simplement qu'il ne se soit pas passé grand chose, du point de vue des phénomènes éruptifs j'entends, après la mi-septembre, tout simplement. Enfin, quand j'écris "pas grand chose", ça ne
veut pas dire "rien". Simplement il ne semble plus y avoir eu d'événement aussi important. Par exemple, dans le rapport mis en ligne par le PVMBG début octobre, qui faisait le point sur l'activité entre les 28 septembre et 07 octobre, le descriptif quotidien est clair: 2-3 écoulements pyroclastiques de taille faible à modérée par jour grosso modo (les plus importants de la période ont parcouru 2500 m), et des avalanches de blocs incandescents, de quoi indiquer que l'extrusion était toujours en cours au sommet de l'édifice. Il y a par contre beaucoup moins de photos de l'édifice et de son activité depuis un mois: peut-être est-ce du à une météo médiocre sur la zone? Il est interessant de noter que le rapport du PVMBG indique des signaux à priori contradictoires:
- une baisse progressive du trémor depuis le mois de juillet, ce qui pourrait être le signe d'une extrusion moins vigoureuse.
- une augmentation, certes légère mais quand même présente, du SO2 et du CO2 qui pourraient marquer la présence d'un magma plus riche en gaz (plus jeune donc) à l'intérieur ou sous l'édifice.
- une déformation marquée par une légère inflation, elle aussi compatible avec l'arrivée d'un magma jeune.

De fait l'activité "au ralenti" peut n'être que passagère si l'arrivée d'une nouvelle masse de magma se confirme.
 
Et d'ailleurs il n'est pas impossible que l'activité d'hier puisse résulter de l'arrivée de cette nouvelle masse de magma. En effet le VAAC de Darwin a rapporté la présence de cendres à une altitude estimée à un peu plus de 4000m ce qui n'est pas négligeable du tout. Il semble que l'origine de ces cendres est au moins en partie dû à un écoulement pyroclastique, ou une série d'écoulements ce n'est pas très clair, relativement importants. Le versant affecté semble clairement être l'est si l'on en croit cette photo prise, semble-t-il, au moment de l'événement.


Une photo publiée par AleXander Debon (@alexander_debon) le
En regardant bien cette dernière on a l'impression qu'une explosion a eu lieu en même temps que l'écoulement pyroclastique. En effet la partie la plus haute du panache a un belle forme de champignon avec un "pied" vertical, qui vient en contact au niveau du sommet de l'édifice, et une tête bourgeonnante assez ronde. Le reste du panache, sous cette "tête" à droite, descend le long de la pente: c'est le panache produit par l'écoulement pyroclastique ("panache copyroclastique").
L'image montre l'écoulement qui arrive au pied de l'édifice: sa longueur dépasse donc les 2500 m. 

2- pourquoi une nouvelle victime?

Et bien cela n'a rien à voir avec l'écoulement évoqué ci-dessus. Non les circonstances du nouveau décès dû a l'éruption en cours sont un peu moins directes. La victime, Mr Abdi Surbakti,45 ans, agriculteur, était allé avec sa femme voir leur production d'orange, le 09 octobre. La météo est mauvaise, il pleut des cordes. Tout deux roulent à moto pour retourner à Tiganderket, au pied du flanc ouest de l'édifice, hors de la zone de dangers, où ils vivent. Mais leur route croise le lit de la rivière Susuk. Au moment de leur passage, une coulée de boue volcanique (lahars), produit par les pluies abondantes, emporte la moto et ses occupants. Elle parvient à s'en sortir (ce qui est extraordinaire) en s'accrochant à une branche ou un tronc, lui malheureusement disparait dans le torrent boueux.
Son corps ne sera retrouvé que le lendemain, 10 octobre,  plus d'un kilomètre et demie du lieu de l'accident.
Pour mémoire, les autres victimes ont toutes été prises par un écoulement pyroclastique important qui s'est produit en février 2014. Elles se trouvaient dans une zone interdite mais ne se pensaient pas en danger en raison d'un calme relatif de l'activité à ce moment-là.

Ces derniers jours les coulées de boues ont fait des dégats à proximité des rivières qui descendent du Sinabung, entre autres dans le village de Sigarang Garang au pied du versant nord-est de l'édifice.

Dépôt de lahar dans le village de Segarang Garang. Image : Media Center

Donc, bien que l'éruption ne soit plus aussi vigoureuse qu'en 2013-2014, elle reste la source de danger aux abords du volcans, et des rivières qui en descendent.

Sources: PVMBG; VAAC de Darwin; Alex Debon Pra;Media Center; Presse Indonésienne

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