Shiveluch, Russie, 3283 m
L'activité n'a fondamentalement pas changé depuis mes précédents post (en lien en fin d'article si vous n'avez pas suivi l'activité de ce volcan depuis cet été). Il s'agit toujours d'une extrusion plutôt lente de lave visqueuse (composition précise non connue) qui se produit derrière le complexe de dômes plus anciens, au pied d'une paroi rocheuse* (localisation dans le post du 20 août). Il est difficile d'estimer le taux d'extrusion car les conditions d'observations sont peu favorables à l'exercice. En particulier parce que nous n'avons pas une idée précise de la forme qu'a pris le nouveau dôme.
Jusqu'à présent
l'ensemble des instabilités de cette masse de lave était orientée vers l'est: tout ce qui se décrochait, aussi bien les petites avalanches de blocs que les écoulements pyroclastiques de toutes tailles, étaient canalisées parla petite vallée qui marque la limite entre l'est du complexe de dômes anciens et l'est de la paroi rocheuse.
Or il se trouve que depuis peu, peut-être ces 3 ou 4 derniers jours seulement, cette situation a changé, vraisemblablement parce que le dôme a atteint une taille suffisante pour pouvoir déborder aussi vers l'ouest ou le sud-ouest.
Bref: il y a maintenant deux couloirs affectés par les avalanches et les écoulements pyroclastiques au lieu d'un seul. Les avalanches sont pour ainsi dire invisibles en journée et c'est leur haute température qui les rend visibles (quand les nuages sont absents) sur les images de nuit des webcams. Mais hier un gros bout de dôme s'est effondré dans le couloir sud-ouest donnant un écoulement pyroclastique d'une taille modeste: environ 2000m de long d'après mes estimations (à confirmer bien sûr). L'image ci-dessous a été prise au moment où le front de l'écoulement passe sous le banc de nuages: c'est aussi l'endroit, grosso modo, où il s'est arrêté.
Écoulement pyroclastique dans le couloir sud-ouest du Sheveluch hier. Image: IVS-FEB-RAS |
C'est un couloir qui n'avait plus été touché depuis le mois de mars (pour être plus honnête et précis je n'y ai pas repéré d'activité depuis le mois de mars) et à l'époque l'origine des écoulements était différentes. Il s'agissait d'explosions violentes alors qu'actuellement c'est bien un dôme en croissance, et instable, qui les produit.
L'activité ne se semble pas être particulièrement plus intense: cette petite nouveauté est simplement la suite logique de la croissance de ce dôme.
* il s'agit d'un rempart de caldera d'avalanche de débris
Les liens concernant l'activité du nouveau dôme
29 juillet : preuves d'une nouvelle extrusion
20 août: poursuite de l'extrusion
13 septembre: on visualise l'évolution du dôme
04 octobre: gros effondrement de dôme, donc il reste alimenté
Source: IVS-FEB-RAS
Alaid, Russie, 2339 m
On reste dans le Far East avec le volcan le plus septentrional des Kouriles. Depuis mon post du 06 octobre je n'ai pas eu vent de nouvelles données concernant ce qu'il se passe. Mais j'ai toutefois pu acquérir la conviction qu'il y a, ou qu'il y a eu, une faible activité explosive. En effet sur les données récoltées hier par le MODIS, on peut clairement voir deux choses:
- un signal thermique toujours présent dans le cratère de l'édifice, signe que la situation est toujours instable
- et pour la première fois à ma connaissance la trace concrète d'une activité autre que thermique, sous la forme de cendres ayant salit la couverture de neige/glace située au sommet du volcan.
Deux aspects simultanés qu'une activité est toujours présente sur le volcan Alaid. Images: MODIS/NASA |
Mais ces indices ne nous disent pas quel est le style de l'activité et malheureusement personne n'habites sur l'île pour faire des observations (ceci dit vue la météo sur place...).
Cette activité, quelle qu'elle soit, a été suffisamment intense hier pour marquer de sa signature (thermique) le MODVOLC.
Spots thermique au sommet du volcan Alaid le 18 octobre. Image:MODVOLC |
Oui: il se passe bien quelque chose et ce "quelque chose" a des caractéristiques d'une activité éruptive. Reste à être certain...
Sources: MODIS; MODVOLC
Piton de la Fournaise, France, 2631m
Je ne vous apprend rien en vous disant que l'éruption est maintenant considérée comme terminée. Simplement je souhaitais vous monter une comparaison d'images, similaire à celle que j'ai faite la semaine dernière pour montrer à quel point l'effusion avait impacté le paysage.
Là j'ai pris une image avant le début de l'éruption et après la fin pour avoir toute l'ampleur de la transformation: "ennoyé" est un mot convenable.
Au sud du Dolomieu, avant/après. Images: OVPF/IPGP, extait webcam du Piton de Bert |
Pour avoir une idée de l'épaisseur du champ de lave, n'hésitez pas à vous reporter à ce que j'ai rédigé le 12 octobre.
Le bulletin mis en ligne par l'OVPF aujourd'hui indique qu'une fin aussi brutale d'une éruption n'est pas un phénomène exceptionnel: l'éruption d'août 2003 a fait la même chose. Pour autant, cela ne parait ni courant, ni habituel et il serait interessant, je crois (et je peux me tromper):
- de savoir si effectivement ce type de situation est habituel, ou même relativement fréquent, à l'échelle du Piton de la Fournaise et de ses éruptions récentes (depuis que les observations sont fréquentes et détaillées) et à l'échelle du volcanisme dit de "point chaud" ayant une similitude avec celui de la Réunion.
- de savoir comment une telle fin peu se produire, par quel(s) mécanisme(s)
Car le contraste entre le déroulé de cette (fantastique) éruption et sa fin est tellement impressionnant, que cette question du mécanisme s'impose presque d'elle même, en tout cas à moi (je ne me permettrais pas de généraliser).
Source: OVPF/IPGP
bonjour
RépondreSupprimerest il possible d'imaginer un système ou l'on a:
- une chambre alimentée par du magma de profond
- une cheminée latérale, à une hauteur H
l'alimentation profonde supposée d'après les signaux (inflation, tectonique profonde) rempli cette chambre en magma et gaz.
quand le niveau de pression est suffisant fort pour expulser le magma via la cheminée (que j'imagine latéral dans ce cas), il y a éruption (il faut une pression conséquente pour remonter toute la hauteur de l'édifice).
Tant que la pression est se maintient, ET que le niveau de magma supérieur à la "sorti" de la chambre, il y a éruption.
Le niveau de magma baissant, on se retrouve avec de plus en plus de gaz qui sont expulsé avec le magma, puis le niveau de magma passant sous celui de la sorti, seul du gaz peut encore être expulsé.
c'est ce qu'on a observé sur la fin de l’événement: la proportion de gaz était plus importante que celle de lave.
cela ne veut effectivement pas dire que la chambre est vide (comme j'ai pu l'écrire hier), mais que simplement son niveau est trop bas (absence de réalimentation, ou alimentation plus lente que le débit de sorti).
la pression est toujours présente, car il y a encore du dégazage.
Il est important de suivre ce qui va se passer dans les semaines qui viennent, si l'inflation reprend, si on observe toujours des signes de réalimentations.
Actuellement il y a toujours du dégazage (de plus en plus faible, si j'en crois la caméra du piton de Bert), ce qui me semble signifier que la cheminée n'est pas colmaté, mais plutôt que le niveau de magma n'est plus suffisant pour être emmener avec les gaz.
il intéressant d'ailleurs de voir que le dégazage se produit sur le cône, ET via les tunnels effondrés, ce qui sous entend qu'il y avait bien plusieurs branches: au moins 2 pour le cône (on observait 2 lacs) et d'autres (combien ??) pour alimenter directement les tunnels.
En effet, si les tunnels étaient alimenté via le cône, je pense que le dégazage se ferait uniquement via le cône (les gaz vont au plus court).
Mon analyse est purement une tentative d'imaginer ce qu'il y a la dessous.
Merci de vos remarques et de vos critiques de ce que j'imagine.
Bonjour. Première fois que je poste içi, mais j'aime les volcans et je suis le site tous les jours.
SupprimerNe peut-on pas imaginer aussi que la déflation de l'ensemble a obturé la cheminée, le restant des gazs contenus dans ladite cheminée s'évacue de + en + faiblement.
Quant à l'inflation, si elle reprend accompagnée de séismes profonds, j'imagine alors qu'une éruption peut reprendre mais pas forcément au même endroit... :)
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