Un point sur l'activité des volcans Aso, Alaid, Fuego et Karymsky (mis à jour 07 octobre)

 Aso, Japon, 1592 m

Les phénomènes (aléas) 

Depuis l'explosion assez puissante qui a affecté le cône Nakadake le 14 septembre dernier, l'activité sur le volcan n'est pas retournée dans l'état de calme qui l'avait caractérisé depuis avril dernier. Des émissions de cendres, discontinues, se poursuivent: des bouffées alternent avec des moments de
dégazage blanc (gaz seul, chargé en eau).

Émission de cendres hier depuis le cône actif Nakadake. Image: Université de Kumamoto

Émission de gaz et un peu de cendres aujourd'hui. Image: Université de Kumamoto

Les bulletins du JMA ne décrivent qu'un panache haut de quelques centaines de mètres tout au plus et leur webcam, très sensible aux faibles lumières pendant la nuit, ne montre pas d'incandescence particulière. Il est dommage que la webcam qui était installée au bord du cratère Nakadake soit tombée en panne avant l'explosion: il m'a en effet semblé que le lac avait fait sa réapparition mais je n'ai pas pu confirmer ou infirmer ce soupçon. Ce pourrait être une explication pour la forte explosion du 14 septembre: celle-ci semblait en effet avoir des caractéristiques phréatiques, mais cela n'a pas encore été déterminé avec certitude, à ma connaissance.

Les conséquences

Comme vous le voyez sur l'image ci-dessus à droite, la seule conséquence qu'à cette activité est de maintenir une activité touristique. Elle semble assez constante d'un jour sur l'autre.

Sources : JMA; Université de Kumamoto

Alaid, Russie, 2339 m

Le volcan le plus septentrional de l'archipel des Kouriles continue de manifester des signes, tangibles quoique faibles, d'une activité anormale. Les images satellites en vraies et fausses couleurs ne permettent pas de repérer de signes concrets d'activité (neige sale par exemple) mais il est clair qu'il se passe quelque chose: même le MODVOLC a repéré hier un signal thermique, malgré l'aspect extérieur "tranquille" du volcan. Et pourtant il s'agit d'un algorithme qui filtre les signaux thermiques suffisamment intenses, e comme il s'agit des tout premiers signaux repérés depuis le 13 novembre 2012, leur présence est forcément significative.

Il ne semble rien se passer, et pourtant... Images: MODIS/NASA et MODVOLC/HIGP

Pour l'heure il n'y a donc toujours pas de détails concernant ce volcan, mais il vaut mieux lesuivre de près, on ne sait jamais. Le niveau d'alerte aviation reste au jaune.

Juste en cadeau: une vidéo qui montre l'activité strombolienne de 1972 (VEI 3, fissure longue de 1500m, ouverte à environ 600 m de la côte Nord-Ouest: belle archive).

Sources : MODIS/NASA; MODVOLC/HIGP; Youtube

Fuego, Guatemala, 3763 m

Depuis le post du 30 septembre l'activité ne s'est pas vraiment calmée sur le Fuego. Elle n'est pas entrée dans une phase paroxysmale mais s'est stabilisée tout au long de la semaine, en tout cas en ce qui concerne les phénomènes observables en surface. Le trémor semble montrer une augmentation depuis quelques heures. Sur les images de cette nuit il semble que les phénomènes soient devenus un peu plus intenses: les infrarouges, détectés par le capteur de la webcam installée à l'observatoire en mode "nuit", sont, me semble-t-il, plus forts que lors des nuits précédentes. Par ailleurs les avalanches de blocs incandescents semblent presque permanentes sur le flanc sud, en lien avec l'activité strombolienne qui se déroule au sommet. Enfin les deux coulées de lave présentes depuis la fin du mois de septembre, semblent plus marquées elles-aussi. Elles occupent toujours les ravines Santa Teresa et Trinidad, respectivement sur 400 et 600 m de long.

Comparaison de l'activité en fin de nuit le 04 octobre et cette nuit. Images: INSIVUMEH/USAID/Michigan Tech

Pour le moment il n'y a pas de bulletin spécial ni de la part de l'INSIVUMEH ni de celle du CONRED (en charge de la gestion des crises) mais si cela continue je ne serais pas étonné que cela arrive sous peu. 

Affaire à suivre.

Mise à jour 07 octobre, 14h15

L'INSIVUMEH a mis en ligne aujourd'hui un bulletin spécial concernant l'activité éruptive du Fuego. Celle-ci s'est encore accentuée depuis hier avec, en particulier, une intensification de l'activité strombolienne. Celle-ci, au lieu de se dérouler sous la forme d'explosions séparées, produit maintenant une fontaine de lave. Les deux coulées ont vu leur longueur augmenter sous l'afflux de lave supplémentaire: celle qui progresse dans la ravine Trinidad a atteint 1000m de long tandis que sa comparse mesure 700m d'après le bulletin.
L'intensité de la fontaine fait qu'on a pu voir son incandescence sur la webcam alors qu'elle était passée en mode "jour", moins sensible aux basses qu'aux  intenses lumières.

Une image webcam qui montre la fontaine et les deux coulées delave. Image: INSIVUMEH/USAID/Michigan Tech

L'activité ne semble pas poser de problème mais l'INSIVUMEH rappelle que si l'activité continue de monter en puissance, des écoulements pyroclastiques pourraient faire leur apparition.


Mise à jour 07 octobre, 16h02

Petite précision importante: comme lors des phases précédentes similaires à celle qui se déroule en ce moment au Fuego, l'activité de fontaine se produit sur deux évents distincts.

Les deux fontaines et deux coulées de lave de la crise en cours. Image: OVFGO/INSIVUMEH

Sources: INSIVUMEH/USAID/Michigan Tech; OFVGO

Karysmky, Russie, 1486 m

C'est sur la péninsule du Kamchatka, où se prolonge l'arc volcanique au nord du volcan Alaid, que nous partons maintenant. Le Karysmky, dont l'activité éruptive explosive va et vient, continue de produire de temps à autres des panaches de cendres. La plupart du temps leur taille est modeste et ils se dispersent trop rapidement pour pouvoir être repérés par les satellites, un peu sur le modèle de l'activité visible sur la vidéo ci-dessous probablement, activité plutôt habituelle sur cet édifice.


Mais hier, une explosion visiblement assez puissante a généré un panache qui s'est étalé vers l'est sur probablement plus de 200km. Au moment où les satellites MODIS sont passés au-dessus de la zone la pointe du panache était déjà à environ 180 km, à vol d'oiseau, de l'édifice. Le fait que l'on puisse suivre les cendres tout au long du trajet est vraisemblablement le résultat d'une émission continue de cendres après l'explosion initiale, même si la "queue" du panache (à gauche) est bien moins chargée que la "tête" (à droite sur l'image ci-dessous).

#volcan #volcano #Karymsky panache de cendres ce matin/ash plume today pic.twitter.com/e5SyxG7uvq

— CultureVolcan (@CultureVolcan) 5 Octobre 2015

Le volcan n'est malheureusement pas observé régulièrement et il est donc difficile de caractériser l'activité en cours avec force détails. Son niveau d'alerte aviation est maintenu à l'orange, depuis le 19 janvier de cette année.

Sources : KVERT; MODIS/NASA