Le point sur l'éruption du volcan Kilauea

Globalement l'activité ne change pas de style: elle reste essentiellement effusive. Cela continue de se traduire simultanément à deux endroits:
- le sommet, dans la caldera d'Halema'uma'u
- sur la Rift Zone Est, au niveau du Pu'u O'o

Les phénomènes (aléas)

Au niveau de la caldera d'Halema'um'u, le lac de lave qui rempli le petit cratère nommé "overlook" est

toujours bien actif et son niveau a connu ses derniers temps (disons ces 3 dernières semaines) des variations relativement marquées. Son niveau a été particulièrement bas le 13 août notamment : 70 m sous la surface du plancher du Halema'uma'u! Il est remonté par la suite, de manière discontinue, pour se trouver à peu près 45 m sous le niveau du plancher du Halema'uma'u entre les 22 et 25 août, puis il est redescendu et se trouve actuellement à environ 58 m sous la surface du plancher. La surface du lac est régulièrement le siège d'une activité explosive de type "spattering"*, normale sur les lacs de lave.

Au niveau de la Rift Zone Est, alimentée par la même source que le lac de lave qui, pourtant, se trouve à 20 km plus à l'ouest, l'activité reste globalement inchangée elle-aussi: effusive comme à l'accoutumée. Hier toutefois, 27 août, la lave a réussi à se frayer un nouveau chemin à travers le cône du Pu'u O'o, perçant son flanc nord un peu avant une heure du matin (heure locale). La nouvelle coulée ainsi créée reste bien alimentée aujourd'hui mais les bulletins de l'HVO ne décrivent pas encore de manière précise sa trajectoire. Il se pourrait qu'elle se dirige vers la forêt de Kahauale'a, comme l'avaient faites les précédentes coulées qui s'étaient mise en place dans ce secteur (Kahauale'a 1 début 2013 et Kahaualeh'2, de mai 2013 à juin 2014) mais il faudra une cartographie régulière pour voir comment la topographie va contrôler la trajectoire de cette coulée. Pour le moment le champ de lave dit "du 27 juin" (car il a fait son apparition le 27 juin 2014) continue de s'étendre avec des fronts de coulée toujours actifs à plus de 8 km  à l'est du Pu'u O'o. Il faudra voir si l'ouverture de ce nouvel évent ne va pas couper l'alimentation de ce champ de lave.

La nouvelle coulée sur le flanc nord du cône Pu'u O'o. Image : HVO/USGS

En tout cas, simultanément à l'ouverture de ce nouvel évent effusif, une bouche s'est ouverte aussi à l'intérieur du Pu'u O'o, sur son plancher. Une partie de ce dernier s'est ainsi fait ennoyer sous une assez abondante arrivée de lave, qui s'est étalée sous la forme de coulées pahoehoe**. Cette coulée est restée alimentée jusqu'à minuit (heure locale) cette nuit, soit quasiment 24 heures. La lave semble s'être accumulée dans un creux de la topographie du plancher et former ce que les anglosaxons appellent un "pond" ("étang" en Français). Le dernier débordement de ce type avait eu lieu en juin, mais avait été d'une dimension bien plus modeste.

Le débordement qui a recouvert de lave un partie du plancher du Pu'u O'o au même moment que l'ouverture de l'évent hors du Pu'u O'o. Images : HVO/USGS

Cette activité assez brusque au Pu'u O'o s'est produite quelques heures après qu'une phase de déflation (dégonflement) ait commencé au sommet de l'édifice. Généralement ces phases sont la marque d'une dépressurisation de la zone sommitale ou de la migration d'une masse de magma importante en direction de la Rift-Zone Est. Le décalage de temps entre le début de la déflation et l'émission de lave au Pu'u O'o ne serait alors seulement que celui necessaire au magma pour parcourir les 20 km de distance qui sépare les deux sites.

Variations de la déformation (cycle d'inflation/déflation) du sommet du Kilauea sur la semaine écoulée. Image :HVO/USGS

La nouvelle coulée qui a percé le flanc nord du Pu'u O'o a été filmée de puis un hélicoptère, et je remercie Shérine France d'avoir fait passer le lien, car l'ambiance est plutôt sympa (comme souvent sur les images du Kilauea)

Les conséquences

L'activité se déroule loin de toutes zones habitées: pas de conséquences particulières si ce n'est,  de temps à autres, des alertes à la pollution au SO2 libéré par l'activité.

* projection de fragments fondus de lave. "Spatter" signifie "éclaboussure" en anglais.

* surface lisse caractéristique des laves fluides 

Sources : HVO/USGS; Shérine France