23 juillet 2015

Un point sur l'activité des volcans Raung, Tungurahua, Colima et Kilauea (mis à jour 24 juillet)

Les diverses éruptions en cours ne présentent pas de changement notable par rapport aux posts précédents que j'ai pu rédiger les concernant. Aussi ce tour d'horizon sert avant à tout a faire un point pour garder une vision global de ce qu'il se passe, de ci de là.

Raung, Indonésie, 3332 m

Les phénomènes (aléas)

L'activité éruptive reste intense, malgré la baisse d'activité interne qui avait été mesurée la semaine
passé, et qui s'est peut-être stabilisée depuis. Les cendres sont bien visibles depuis l’espace et  présentes jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres de leur source. Ça c'est pour la partie explosive de l'éruption, mais il semble que la partie effusive ne soit pas en reste car, au MIROVA, les émissions de rayonnements thermiques sont toujours importants et assez stables d'un jour sur l'autre. Je n'ai pas croisé, pour l'heure, de nouvelles images de l'activité intractratèrique mais les signaux n'ont pas vraiment varié depuis le départ de l'éruption.
En tout cas, si vous croisez dans les infos un titre du genre : " le volcan Raung à nouveau en éruption", vous saurez que ce n'est pas le cas: à aucun moment, probablement depuis le 20 juin, l'activité en cours n'a cessé.

Panache de cendres du volcan Raung, 22 juillet 2015
Les cendres du Raung aujourd'hui. Image : MODIS/NASA


Les conséquences 

Assez en tout cas pour générer en continue des quantités assez importantes de cendres qui continuent de gêner la circulation aérienne dans l'est de Java et à Bali. Trois aéroports, à Denpasar (île de Bali), Banyuwangi et Jember (île de Java) ont à nouveau dû temporairement interrompre leurs activités le 22 juillet, le temps que le vent disperse les cendres.
Pour l'anecdote, le vice-président Indonésien fait partie des personnes qui ont été bloquées







Sources : MODIS/NASA; PResse Indonésienne

Tungurahua, Equateur, 5023 m

Les phénomènes (aléas)

L'Institut de Géophysique d'Equateur (IG-EPN) a émis aujourd'hui un bulletin spécial indiquant qu'hier, en toute fin de journée, le volcan a connu un nouvel épisode d'émissions cendreuses, visiblement assez abondantes d'après les images de la webcam de l'IGEPN, même si la couche de nuages est importante. Des grondements ont été entendu à peu près au même moment.
L'activité interne continue de connaitre une lente hausse et la probabilité qu'une activité plus intense ne démarre à court-moyen terme n'est pas négligeable.

Panache de cendres du volcan Tungurahua, 22 juillet 2015
L'émission de cendres du 22 juillet au soir repérée par la webcam de l'observatoire. Image : IGEPN
 Les conséquences

A peu près au même moment que des grondement ont été entendu,des chutes de cendres ont été décrites dans les villages de Choglontús et Pondoa (versant ouest). Il semble pas y avoir eu de problèmes par rapport à ces dernières, qui n'ont été ni longues ni intenses.

Source: IGEPN

Colima, Mexique, 3860 m (mis à jour)

Pour l'heure le volcan reste le siège d'un dégazage très important mais il semble que toute activité effusive/extrusive ait cessé. On pouvait noter encore hier, sur les images de la webcam (lorsque les nuages ne sont pas là) quelques petits blocs se détachant de la coulée mais en réalité rien d'assez important pour penser que cette coulée continue de progresser: le seul fait que la coulée, même statique, se trouve sur une pente forte est suffisant pour que, parfois, des blocs se détachent, surtout si il y a encore un peu de sismicité pour secouer tout ça.
La crise semble donc bien passée mais avec le mauvais temps cela ne veut pas dire qu'il ne peut plus rien se passer. Les précipitations qui peuvent arroser le volcan peuvent produire des coulées de boue (lahars) et la proximité des rivières qui descendent de l'édifice sont donc des sites dangereux.

Petit éboulement de lave sur la coulée du volcan Colima, 22 juillet 2015
Faibles éboulements de blocs de lave hier matin. Image : webcamdemexico.com/retuit.me

Mise à jour 24 juillet, 06h53

De nouvelles images prises par la webcam dans des conditions atmosphériques un peu plus propices, montrent que les éboulements incandescents décrit-ci dessus se poursuivent en réalité et sont plus  fréquent que ce qu'il m'avait semblé. A la lumière de ces nouvelles images je révise ma conclusion: il semble que l'extrusion soit toujours en cours sur le Colima, mais à un très faible débit, et alimente toujours une portion de la coulée visqueuse du flanc sud.
La webcam, par ailleurs, semble ne plus fonctionner en mode nuit (sensibilité aux infrarouges) mais en mode jour en continue. Pour cette raison la très faible incandescence qui continue de briller au sommet et dans les avalanches de blocs incandescents, n'est pas bien perceptible.


Source : webcamdemexico.com/retuit.me


Kilauea, Etats-Unis, 1222 m

Voilà une éruption à laquelle je n'ai pas donné de priorité depuis fort longtemps: et pour cause, d'autres situation ont attiré l'attention alors même que celle-ci reste stable pour le moment.

Les phénomènes (aléas)

En effet depuis mon précédent post, la situation n'a absolument pas évolué: le sommet est toujours occupé par un lac de lave dont le niveau varie. Il connait en ce moment même un épisode de baisse assez important corrélé avec une déflation (dégonflement) du sommet entamée le 20 juillet. Cette déflation fait partie d'un épisode plus important entamé le 16 juillet et seulement interrompu par un bref et peu intense épisode d'inflation (gonflement). Les déflation étant plutôt reliées à une baisse de la quantité de magma dans les conduits d'alimentation sous le sommet, on peut supposer qu'en ce moment le volcan est plutôt un peu moins alimenté.


Lac de lave du volcan Kilauea, 21-23 juillet 2015
La baisse du niveau du lac de lave ces dernières 48 heures. J'ai ajouté le graphique montrant le dégonflement du sommet de l'édifice. Images: HVO/USGS

Le magma qui arrive certes pointe le bout de son nez dans le pit crater Overlook, mais est surtout évacué vers l'extérieur par le système de plomberie (dykes) qui alimente la Rift Zone Est où se trouve le Pu'u O'o, à 20 km du lac de lave. C'est vers lui en effet que le magma continue de sortir et d'alimenter, plutôt faiblement, le réseau de coulées de lave qui s'étale en direction du nord-est. Les front actifs les plus éloignés de ces coulées se situent toujours entre 5 et 8 km de leur source, selon les fronts. On les voit, au loin, sur la webcam installée sur le flanc nord du Pu'u O'o.

Coulée de lave du volcan Kilauea, 22 juillet 2015
L'incandescence des fronts des coulées actives est visible au loin. Image: HVO/USGS

Les conséquences

Le dégazage produit par cette éruption peu, si le vent est orienté dans la direction d'une zone d'activité anthropique, poser un risque en fonction de la concentration en dioxyde de soufre en particulier, mais c'est un risque globalement assez modeste. Les coulées de lave ont un effet plus concert quoi que peu étendu: les fronts se trouvent toujours à la limite de la réserve forestière de Wao-Kele o Puna, qui est donc lentement grignotée et remplacé par l'étendue minérale du champ de lave du Pu'u O'o.
Quand au petit cône boisé Pu'u Kahauale'a il ne reste, depuis fin juin, que les fantômes des arbres qui l'avaient jadis colonisé.

Le cône Kahauale'a entièrement sous les coulées issues du Pu'u O'o. Image : HVO/USGS (30 juin)


Source: HVO/USGS

1 commentaire: