7 juillet 2015

Le niveau d'alerte 1 déclenché au Piton de la Fournaise

Les phénomènes

L'Observatoire a commencé d'enregistrer un essaim sismique visiblement assez superficiel, avec des épicentres situés vers 1500 de profondeur sous le sommet du cône Dolomieu. Après l'éruption du mois de mai les appareils avaient visiblement commencé a enregistrer assez rapidement une déformation
positive (gonflement, ou inflation) au niveau du cône, mais avec une sismicité faible. La crise sismique qui s'est déclenchée hier, d'une durée d'une heure (entre 12h30 et 13h30 heure locale), a compté plus de 90 secousses d'une magnitude faible mais il semble que, depuis lors, le calme soit revenu.
En tout cas au levé du jour ce matin, rien de particulier ne s'était déclenché.
La presse indique que ce type de crise est du à une remontée de magma mais, à l'heure où je rédige ce post  l'OVPF n'a publié aucun rapport technique sur cet épisode et son ou ses origines possibles n'ont pas été présentées.

Levé de soleil sur le volcan Piton de la Fournaise, 07 juillet 2015
Le cône Dolomieu toujours calme ce matin aux premiers rayons du soleil. image: webcam du Piton de Bert/OVPF/IPGP

Les conséquences

Par précaution le Préfet a décidé de déclencher le niveau d'alerte 1 du plan ORSEC, qui provoque automatiquement la fermeture de l'Enclos Fouqué, trône du seigneur Dolomieu, et l’évacuation de toutes les personnes qui s'y trouvaient (une cinquantaine d'après la presse insulaire) et, plus généralement, l’interdiction de toute présence humaine. Un homme du PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne) a été déposé en hélicoptère pour accélérer cette évacuation et même des volcanologues de l'OVPF ont visiblement  du cesser leur intervention en cours dans l'Enclos.
Au niveau du cône Dolomieu plus particulièrement, ce type de crise sismique peut générer des instabilités de la paroi  du cratère et des éboulements, raison pour laquelle personne ne doit s'en approcher.

L'évoluion de cette situation reste floue évidemment: elle peut n'être suivie de rien ou, a contrario, augmenter à court-moyen terme pour aboutir à une éruption. Et de notre côté, il ne reste plus qu'à attendre.

Sources : Clicanoo/Zinfos974, je tiens à remercier Olivier Dupéré de m'avoir relayé l'info: mon dernier coup d'oeil sur les infos réunionnaise remontait à dimanche et j'aurais attendu quelques temps  encore avant d'aller voir à nouveau.


5 commentaires:

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  2. Bonjour,

    Je me permets un petit résumé de la situation magmatique depuis septembre 2014 pour contextualiser l’évènement d’hier et évoquer aussi une possible évolution à moyen terme.

    Septembre 2014 : légère sismicité profonde dans la zone des Plaines.

    Février 2015 : éruption modeste, de faible volume. Elle est interprétée comme une petite poche magmatique résiduelle déstabilisée.

    Avril 2015 : importante crise sismique associée à de la déformation et surtout à la présence de gaz d’origine profonde. L’observatoire enregistre une migration magmatique « rapide » sur 2 km, du cratère Séry jusque sous le Dolomieu. Est-ce la marque d’une réalimentation ? Peut-elle être associée à la sismicité profonde de septembre 2014 qui marquerait alors l’amorce de cette migration magmatique ? Il est tôt pour la dire car cette hypothèse met en évidence une zone asismique entre la zone des Plaines et le Cratère Séry sur une altitude d’une dizaine de kilomètres. C’est conséquent !
    Par la suite, la sismicité a alterné entre – 5 km de profondeur et le niveau de la mer sans qu’il y est de véritable lien entre ces deux zones.

    Mai 2015 : éruption plus intense que les précédentes, en volume et en explosivité. Pour les observateurs, elle ressemble aux éruptions « ordinaires » de la période 1998-2007. Toujours est-il que le magma de l’éruption ne semble pas d’origine profonde (ces informations sont à prendre maintenant avec des pincettes). L’observatoire pense alors plutôt à une nouvelle poche résiduelle, d’un volume relativement important et déstabilisée par les fluides d’origine profonde, des gaz probablement (pour une fois qu’on met le doigt sur le déclencheur !). Cette déstabilisation serait illustrée par l’alternance de la sismicité en avril, entre – 5 km et le niveau de la mer.

    Mai – début juillet 2015 : l’édifice n’est pas soumis à la déflation, ce qui indique qu’il reste sous pression. La crise d’hier le confirme d’ailleurs. Mais l’information importante (enfin !), c’est la présence d’une forte sismicité enregistrée par la station du Piton Textor, c’est-à-dire entre la zone des Plaines et l’Enclos, dans la zone dite asismique entre septembre 2014 et avril 2015. Il faut attendre de voir son évolution dans le temps mais cette sismicité pourrait valider la thèse de la réalimentation. On serait alors à l’aube d’une nouvelle phase magmatique !
    La réalimentation aurait alors pu débuter en septembre 2014 mais modestement, expliquant qu’elle ne soit pas enregistrée par les instruments de l’Observatoire mais permettant tout de même de déclencher l’éruption de mai 2015. Elle amorcerait maintenant une phase plus importante…
    Il convient néanmoins de rester mesurer car personne ne sait ce que nous réserve Dame Fournaise…

    Ludovic

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    1. Merci Ludovic pour ce résumé de la situation: c'est toujours très utile pour apprécier une situation particulière et un peu floue.

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  3. Piton de la Fournaise ou l'art du suspense. Merci pour les infos :)

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