5 juillet 2015

Nouveau dôme de lave sur le volcan Colima (mis à jour 08 juillet)

Les phénomènes

Le Colima est resté, depuis mon précédent post (du mois de mars, déjà!) modérément actif. Des explosions, d'intensité inégales, ont eu lieu au niveau du cratère sommital mais cette activité explosive, si elle s'est poursuivie, a toutefois été bien plus modeste en mai-juin qu'en mars-avril ce qui explique
le "creux médiatique" dont il est l'objet depuis 2-3 mois.
Toutefois l'activité cette nuit à montré quelques changements avec la présence d'assez nombreuses avalanches de blocs sur le versant sud du stratocône.
Entre mars et juillet les seules avalanches observées ont été la conséquence d'explosions: elles provenait des blocs et bombes projetés en l'air et qui, une fois retombés au sol, roulaient dans la pente, sur plusieurs versants simultanément.
Mais cette nuit l'origine des avalanches s'est montrée tout à fait différente: elles proviennent de la déstabilisation d'une masse de lave, qui est arrivée au bord du cratère et donc s'effrite.




Ne coupons pas les cheveux en quatre: pour moi cette masse de lave est un nouveau dôme, qui occupe le cratère sommital en lieu et place de ses prédécesseurs. Si l'on veut tenter de faire une chronologie de sa formation et voir si sa présence est soudaine ou non, il faut regarder attentivement les images produites par la webcam installée en début d'année au pied du versant sud, justement. Au passage cette webcam a fait l'objet d'une mise à jour technique (je pense que le modèle initial a été remplacé) et le mode nuit, sensible aux infrarouges, permet d'avoir une très bonne visibilité nocturne.

Démarrons d'un point de départ connu: début mars le dôme (ou complexe de dômes) lentement construit au fil des mois précédents a disparu, pulvérisé par des explosions, et il ne reste plus alors qu'un cratère, qui s'élargit tout au long du mois.
On le voit bien sur l'image webcam tout à gauche de la composition ci-dessous: il se manifeste tout en haut du volcan sous la forme d'une échancrure très marquée, bordée de deux "bosses" qui ne sont rien de moins que les lèvres du cratère en question.
Sur l'image suivante, prise un mois plus tard, en mai, on ne constate pas de changement particulier dans la morphologie du cratère: si une nouvelle extrusion avait débuté, elle ne pouvait être repérée du pied du volcan. C'est tout au long du mois de mai que l'on peut voir la très lente modification de la forme de l'échancrure: très marquée au départ, elle s’aplanit progressivement. 
La troisième image de la série a été faite en juin. En plus du zoom sur le cratère sommital j'ai ajouté le profil du sommet de l'image de mai: on distingue alors bien cette masse de lave nouvelle, le nouveau dôme. En réalité en regardant des images prises tout au long du mois de mai, on peut noter la lente formation du dôme, mais il faut vraiment être attentif aux détails.
La quatrième image a été prise hier soir, soit un mois après l'image précédente. On y voit, entre les volutes de l'intense dégazage* une masse sombre, assez haute, qui semble occuper le centre du cratère. Présente sur plusieurs images, je pense qu'elle représente le dôme, dont la morphologie a évolué (il a grandit) par rapport à l'image précédente.

Evolution d'un dôme de lave sur le volcan Colima, entre mai et juillet 2015
Comparaison d'images qui permet devoir l'évolution de la forme du cratère sommital entre avril et jullet 20145. Images: webcamdemexico.com/Retuit.com - Annotations: Culture Volcan
Or c'est justement parce que ce nouveau dôme n'a cessé de grandir, très lentement mais sûrement, que son côté sud est arrivé au niveau de l'échancrure et que, en toute logique, il déborde dans la pente où il se trouve en instabilité.
En conséquence des fragments plus ou moins gros se détachent et partent en avalanche incandescentes dans la pente, visibles sur le time-lapse ci-dessus.
Dater le commencement de ces avalanches n'est pas facile: le volcan a souvent été dans les nuages ces derniers temps, de jour comme de nuit. Toutefois, j'ai pu trouver la trace d'une petite avalanche le 20 juin mais pas grand chose ensuite, jusqu'à cette nuit. Il semble donc, sans que je puisse en avoir la certitude, que le phénomène est devenu plus important très récemment, peut-être cette semaine.

Petite chose avant de clore le paragraphe "phénomènes": bien que les avalanches soient fréquentes et certaines relativement volumineuses, je n'ai pas encore vu d'écoulements pyroclastiques se former. Cela suggère (mais c'est à démontrer formellement) que le magma qui fait extrusion et fabrique le dôme est plutôt pauvre en gaz. Ceci dit il suffirait que le volume des décrochements de dôme augmente pour que de tels écoulements aient une chance d'apparaitre, même avec un magma dégazé.
L'idée du magma dégazé est aussi très cohérente avec la très faible vitesse d'extrusion
L'activité en cours est tout à fait habituelle sur cet édifice.

Conséquences
Je n'en ait repéré aucune pour le moment. La quantité de poussière soulevée par les avalanches est trop faible pour créer un quelconque problème.

* qui pourrait être le résultat de la mauvaise météo que connait la zone depuis quelques temps: l'eau de pluie s'infiltre, est chauffée et produit un panache riche en vapeur, très imposant mais sans lien direct avec le magma qui arrive.


Mise à jour 08 juillet, 07h 50

La lave n'a cessé de remplir le cratère sommital depuis le post ci-dessus et n'a donc cessé de déborder. A tel point que maintenant se distingue parfaitement sur la webcam un front de coulée visqueuse, très lent, qui progresse dans la pente. C'est depuis son front, essentiellement, que se décrochent toujours les fragments qui donnent de fréquentes et parfois importantes, avalanches de blocs.

Apparition d'une coulée de lave visqueuse au sommet du volcan Colima,08 juillet 2015
La très courte coulée qui a commencé à se former par le débordement de lave visqueuse au sommet du Colima. Les deux images sont espacées d'une quarantaine d'heures. Images: webcamsdemexico/retuit.me
La présence d'une galette de lave plus ou moins aplatie (dôme +- surbaissé) est le signe d'une lave de viscosité plutôt moyenne dans la gamme que peuvent présenter les laves terrestres. Leur débordement dans une pente donne fréquemment des coulées, qui ont pour caractéristiques d'être épaisses, de progresser assez lentement et de produire de très nombreuses avalanches de blocs. J'indiquais dans le post au-dessus qu'il existe aussi la possibilité que le décrochement de gros fragments puissent produire des écoulements pyroclastiques mais, pour l'heure, il ne semble toujours pas y en avoir eu: la potentialité existe mais ne s'est pas encore réalisée.

L'affaire est à suivre et d'autant plus que, grâce à la webcam, le spectacle vaut vraiment le coup d'oeil. Je ne doute pas non plus qu'assez rapidement il puisse y avoir des photos qui commencent à circuler (si ce n'est déjà le cas).

Source : webcamdemexico.com/retuit.me

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