13 mai 2015

Le lac de lave du volcan Kilauea en partie drainé

C'est la fin d'une phase tout à fait exceptionnelle de cette éruption : le lac de lave, toujours présent dans le Pit Crater du Halema'uma'u, appelé "overlook", voit son niveau diminuer depuis le 10 mai, avec une accélération de ce drainage depuis hier. Le dernier débordement, assez volumineux, a eu lieu le 08 mai et a recouvert les coulées issues de débordements précédentes, sans toutefois parvenir à élargir le
champ de lave. Le lac de lave n'est donc plus visible depuis le Jaggar Museum

Ces débordements à répétition, que l'on a pu suivre grâce aux webcams du HVO, ont finit par surélever la bordure du Pit Crater "Overlook" de plusieurs mètres par rapport à son niveau initial (7 mètres le 08 mai): le lac de lave a donc bien été perché pendant quelques temps.

Le lac de lave du volcan Kilauea, 12 mai 2015
Le niveau du lac de lave a bien baissé ces derniers jours. "Stack of recent overflows" marque l'épaisseur des coulées issues des débordements. L'image a été prise le 12 mai. Image : HVO/USGS

Baisse du niveau du lac de lave du volcan Kilauea, 8-12 mai 2015
Baisse du niveau du lac de lave vue par la webcam thermique. Images : HVO/USGS
 
Cette phase d'abaissement du niveau du lac correspond pile, comme souvent, à une phase de déflation (dégonflement) du sommet du volcan. Le principe est simple: un nouveau volume de magma arrive des profondeurs et son stockage dans la chambre magmatique qui maintient le lac provoque:
- une montée du lac
- un gonflement (inflation) du sommet du Kilauea, où se trouve ce même lac

Ce magma part ensuite, lorsqu'il le peut, dans un réseau de fissures qui partent au Nord-Est et au sud-ouest du sommet du Kilauea, grands réseaux de fractures que l'on appelle "Rift-Zones". Le drainage de la chambre par ces Rift-Zones provoque:
- une diminution du niveau du lac de lave
- un dégonflement (déflation) du sommet de l'édifice.

Mesures de déformation sur le volcan Kilauea, 06-12 mai 2015
La courbe bleue marque l'évolution des déformation de type inflation (la courbe monte) et déflation ( la courbe descend)  au niveau du sommet du Kilauea: on voit une nette déflation depuis le 10 mai. La courbe verte fait le même type de mesures mais au Pu'u O'o, sur la Rift-Zone Est.

Le lien entre l'arrivée du nouveau volume de magma et le réseau des Rift-Zone est clair depuis le début de cette phase qui a vu, entre les 29 avril et 08 mai, le lac de lave déborder à plusieurs reprise: du côté de la sismicité, les deux Rift-Zones ont fortement réagit, et continuent d'ailleurs, à l'arrivé de ce volume supplémentaire de magma, avec près de 800 secousses depuis le 29 avril. En quelque sorte, le gonflement du sommet du Kilauea fait craquer les Rift-Zones, du moins là où elles se connectent au sommet, ces craquements pouvant être dus soit simplement à la déformation (pliez un bout de bois et il craque), soit au passage du magma qui, comme une sorte de coin, ouvre de force les fissures existantes en y pénétrant, ou ouvre carrément de nouvelles fissures. D'après le HVO c'est la Rift-Zone Sud-Ouest qui a le plus réagit d'un point de vue sismique.


Sismicité sur le volcan Kilauea, 28 avril-13mai 2015
L'ensemble des secousses enregistrée sur le Kilauea depuis le 28 avril: le lien avec les deux Rift-Zone est très clair. Image: HVO/USGS

Mais qu'en est-il alors au Pu'u O'o, qui se trouve justement sur la Rift-Zone Nord-Est?
Et bien pour l'instant pas grand chose à dire vrai.
Sur le plancher du Pu'u O'o de petits débordements continuent de se former de temps à autre (ils ont refait leur apparition en février) mais les volumes restent modestes et la fréquence faible. En regardant la courbe vert du graph présenté plus haut on voit aussi nettement qu'il n'y a pas de déformation importante pour le moment dans ce secteur: le volume de magma qui a remplit la chambre sommitale ne parvient toujours pas au Pu'u O'o. Quand aux coulées de lave qui s'échappent de la fissure ouverte le 27 juin 2014 au pied du versant nord-est du Pu'u O'o, elles poursuivent tranquillement leur progression à 8 km au nordest du cône, en continuant de brûler quelques arbres au passage.

Quid de la suite des événements?

Plusieurs possibilités, comme toujours:
1- soit le magma qui force son passage actuellement dans les Rift-Zone parvient à rejoindre le réseau qui alimente le Pu'u O'o. Dans ce cas là , une fois la connexion établie, l'activité devrait augmenter vers le Pu'u O'o, soit par des débordements plus importants, soit par une augmentation du débit de la "coulée du 27 juin" (soit les deux). Normalement on devrait alors assister à une inflation du cône du Pu'u O'o.

2 soit le magma ne parvient pas à ouvrir plus de fissures dans les Rift-Zone et reste coincé. Dans ce cas-là le nivea udu lac de lave pourrait de nouveau augmenter et une nouvelle inflation serait détectée au somemt du Kilauea.

3- soit, et ça serait le plus spectaculaire, le magma coincé dans les Rift-Zone parvient à trouver une échappatoire à la verticale se sa position. Dans ce cas-là une nouvelle fissure éruptive pourrait s'ouvrir:

* soit sur la Rift-Zone Nord-Est. La zone sismique actuellement active se trouve entre le Mauna Ulu (un cône similaire au P'u'u O'o mais formé pendant l'éruption de 1969-1974, qui fut fantastique, au demeurant) et le sommet c'est-à-dire non loin de là où, actuellement, passe la route dite "Chain of Crater Road".  Dans ce cas-là les coulées de lave bruleraient une portion de forêt.

* soit sur la Rift-Zone Sud-Ouest. La zone sismique se trouve entre le sommet  et les coulées de 1982 et 1974, au sud-ouest du Halema'uma'u. Dans ce cas-là, aucun impact sur des infrastructures n'est à craindre, pas plus que sur la couverture végétale,  car la zone est désertique.


Ce que l'on trouve dans les zones pouvant être affectées par des coulées si le magma parvient à s'échapper à l'aplomb des zones de plus forte sismicité.

Source: H.V.O./USGS

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