30 avril 2015

Nouvelle explosion sur le volcan Calbuco (mis à jour)

C'est la troisième depuis le 22 avril et elle se produit après plusieurs jours d'une progressive décroissance de l'activité, comme expliqué dans le post précédent. Le massif a connu, depuis cette nuit ou ce matin, une hausse de la sismicité et en particulier de l’intensification du trémor que les volcanologues ont associé aux mouvements de magma: cette nouvelle phase d'activité explosive, qui a
débuté à 16h12 TU n'est donc pas, à contrario de celle du 22 au soir, une surprise. Par ailleurs elle est très très très loin d'égaler en importance les deux premières explosions: le panache n'est monté, environ, qu'à 2000m peut-être 2500m au-dessus du sommet de l'édifice (qui culmine à 2003m). Les vents emportent les cendres vers l'est-sud-est et de fortes chutes de cendres se sont faites sur les pentes du volcan lui-même.

Panache de cendres du volcan Calbuco, 30 avril 2015
Le départ de l'explosion et le panache bien vertical. Image: SERNAGEOMIN

Bien entendu les autorités ont réaffirmé immédiatement l'interdiction de s'approcher à moins de 20 km du sommet de l'édifice et trois villages restent totalement évacués, à savoir Lago Chapo, Ensenada et Correntoso et les opérations d'évacuation semblent se dérouler plutôt dans le calme.

Pour le moment il ne semble pas y avoir de problème particulier avec ce troisième "pulse" qui se poursuit en ce moment mais qui s'est un peu affaiblit puis semble  s'être stabilisé, pour le moment du moins.

Emission de cendres du volcan Calbuco, 30 avril 2015
Le panache est toujours alimenté mais faiblit progressivement. Image: SERNAGEOMIN



Bien évidemment il sera interessant pour les volcanologues de récolter ces nouvelles cendres afin de pouvoir les comparer à celles des deux premières explosions: toute comparaison est source d'indices quand aux mécanismes en cause dans cette histoire. Le fait qu'elle se produise plus d'une semaine après les deux premières indique en premier lieu que le système d'alimentation reste très instable et sujet à des surpressions.
 Maintenant reste à comprendre ce qui les causent:
- dans l'idée que seule une chambre superficielle agit, pourquoi la pression n'a-t-elle pas pu s'évacuer dès le départ, un fois le conduit ouvert, une bonne fois pour toutes? Qu'est-ce qui bloque là-haut, pour faire simple?
- mais on peut aussi regarder cette troisième explosion comme un possible indice que l'éventuelle chambre superficielle ait été déstabilisée durablement, peut-être par une intrusion magmatique d'origine profonde, malgré l'absence de signes clairs avant le 22 avril.

Trancher une bonne fois pour toutes, seules des analyses pourront le faire... si tout se passe bien car les résultats d'analyses et leurs interprétation ne sont pas toujours choses aisées.

Mise à jour 20h34

Le panache de cendres arrive à proximité de la petite ville de Cochamò, située à environ 30 km à l'est-sud-est et continuera sa route au-delà de la frontière avec l'Argentine, en direction de la village d'El Bolsòn.



Le SERNAGEOMIN indique avoir repéré des écoulements pyroclastiques pendant cette phase explosive qui aurait, dores et déjà produits des lahars dans deux ravines.


Mise à jour 01 mai, 06h57

Une correction s'impose: à travers les réseaux sociaux les sources chiliennes ont , dans les minutes qui ont suivi l'explosion, donné une hauteur de 2000 m, certaines 2500m, pour le panache, hauteur que j'ai relayée sur le post ci-dessus à défaut de pouvoir faire une estimation personnelle. Le SERNAGEOMIN, dans son dernier rapport, indique quand à lui hauteur de 5000m. Quand au VAAC de Buenos Aires, son dernier rapport indique une estimation comprise entre 2800 et 4800 m de hauteur, valeurs reprisent aussi par l'ONEMI, qui indique "entre 3 et 5 km". Voyez que ce n'est pas toujours simple de s'y retrouver :-)

Les niveaux d'alertes restent au rouge, tant l'alerte volcanique, issue du SERNAGEOMIN et qui traduit en quelque sorte l'intensité de l'éruption, que l'alerte institutionnelle, issue de l'ONEMI et qui traduit le niveau des actions à mettre en place pour préserver au mieux la population et ses biens.

Sources SERNAGEOMIN; Twitter; VAAC de Buenos Aires.

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Une activité explosive modeste s'est-elle maintenue entre les deux premiers et ce troisième pulse ?

    Je me demande si justement le conduit s'est "parfaitement" ouvert. Dans le précédent post concernant le Calbuco, tu fais remarquer la position des évents secondaires sur la photo du sommet, qui se trouvent très clairement sur une ancienne cicatrice. Pour moi, ces bouches éruptives secondaires révèlent que l'évent principal n'a pas pu évacuer toute la surpression ; d'autres évents se sont donc installés dans les zones de faiblesse : sur cette cicatrice. Ainsi, cette observation vient renforcer ta question : qu'est ce qui bloque là-haut ?

    Ludovic

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    1. Bonjour Ludovic.
      Oui en fait il y a eu des émissions relativement continues de cendres, pas très importantes, mais avant le 3ème pulse le panache était presque blanc.
      C'est vrai qu'on a l'impression (toujours se méfier des impressions) que le système n'est pas complètement ouvert. Je me suis demandé à un moment s'il le "bouchon eventuel' ne pourrait pas être les restes du dôme de 1961 (et sa "racine", son conduit d'alimentation), sur lequel se déroule cette activité. Mais partager ça dans un post m'a semblé hautement aléatoire... Il faut attendre les résultats d'analyses de cendres pour espérer avoir quelques infos en plus. Le SERNAGEOMIN a l'air de penser que l'activité pourrait durer des mois, avec production de dômes (ils se basent, j'ai l'impression, sur l'historique de l'édifice). Si c'est le cas alors, pour moi, ça sera plutôt cohérent avec une rélimentation profonde car j'ai du mal à imaginer une poche superficielle en cours de refroidissement soutenir une activité éruptive aussi longtemps. Pour l'instant toutefois je n'ai pas d'opinion faite: les analyses d'échantillons donnerons un éclairage plus important que l'historique.

      CV

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