Le 20 mars dernier je partageais avec vous mes soupçons concernant une activité éruptive sur Barren Island.
Le 04 avril suivant les soupçons se confirment, en particulier grâce à des photos de touristes et une image satellite ASTER prise le 28 mars. Cette dernière m'avait incité à
vous faire part d'un autre soupçon: celui de la présence d'une coulée de lave.
Aujourd'hui, et de nouveau grâce à ces instruments fabuleux que sont les satellites, et pour le coup LANDSAT 8 et son instrument OLI (Operational Land Imager), qui permet de confirmer la présence d'une telle coulée, tout à fait à l'endroit suggéré par l'image ASTER.
Sur l'image, prise le 21 mars, on voit très bien la coulée de lave qui prend sa source sur le versant est du cône central, celui-là même qui est le siège des explosions à son sommet sur les images partagées dans le post du 04 avril.
Il semble donc que, sur ce cône, le site où se déroulent les explosions soit différent de celui où la coulée est émise.
Une fois sortie à l'air libre la lave, comme tout fluide liquide qui se respecte, descend la pente du cône en direction du sud-est (la plus grande pente) sur environ 200m. Là elle arrive dans un creux topographique qui l'oblige à bifurquer vers le sud sur environ 150m. C'est à ce niveau qu'elle arrive sur le bord du cône et descend la pente cendreuse en direction de la paroi de la caldera, sur environ 250 m, sur l'image LANDSAT.
Il faut noter qu'il y a 7 jours avant l'image ASTER (28 mars) qui explique une légère différence de morphologie de la coulée entre les deux dates: le front de la coulée sur ASTER faisait un lobe arrondi tandis que sur celle ci-dessus, la coulée est rectiligne. Le lobe visible le 28 mars vient du fait que la lave était arrivée au pied du cône et s'y était accumulée, tandis que le 21 mars, la lave n'avait pas encore atteint cette zone.
Il y a tout de même 7 jours entre les deux dates et, pour le coup, cela parait être un délai bien long pour que la coulée, qui est déjà presque au pied du cône le 21 mars, n'ai qu'eût le temps de faire un simple lobe le 28 mars et ce, à peine 100m plus bas. Même peu alimentée, il ne faut pas une semaine à une coulée de lave pour parcourir une si courte distance sur une pente aussi forte (entre 25 et 30°).
Aussi il semble plus cohérent de penser que la coulée a eu une phase d'existence courte et que l'image ASTER du 28 mars, qui est en fait une image thermique, ne montrais donc plus que la coulée déjà en cours de refroidissement mais encore assez chaude pour que son rayonnement puisse être détecté depuis l’espace. La coulée de lave serait donc déjà à l'arrêt depuis 15 jours.
Essayons de voir si on peut poser une hypothèse concernant la durée de fonctionnement de cette coulée.
Un tel objet émet, je me répète un peu je vous prie de m'en excuser, de grandes quantités de rayonnement thermique. Son apparition doit donc se "voir" sur des données satellites. Or si l'on regarde le MIROVA on voit bien le pic qui débute vers la mi-mars (17 ou 18 mars), ce qui peut constituer le moment d'apparition la coulée.
Et quand aurait-elle finit du coup? Partons du principe que l'idée ci-dessus est juste avec une date le 17 mars. Le 21, soit 4 jours plus tard, la lave a parcouru 600 m: c'est ce que dit l'image LANDSAT, très précise pour le coup. On en déduit que sa vitesse moyenne de progression, sur les 4 jours, a été de 150m.
Sur l'image LANDSAT on peut estimer qu'il reste au front de la coulée environ 100m à parcourir pour arriver en bas du cône, ce qui prend donc un jour de plus. Puis il faut que la lave coule encore un peu pour fomer le lobe visible sur l'image ASTER, soit 1 à 2 jours tout au plus. Cela mène à une fin d'effusion vers le 23 ou 24 mars. Or il se trouve que cela colle avec la fin du pic le plus élevé relevé sur le MIROVA. Au demeurant c'est aussi pile la période où le MODVOLC relève les signaux les plus nombreux et les plus étendus.
Évolution du rayonnement thermique sur Barren Island en mars et avril. Possible départ d'effusion le 17 mars, possible arrêt le 24 mars. Image: MIROVA |
Évidemment si il n'y a pas eu d'observations plus fines il sera difficile de savoir si cette hypothèse est juste ou non, mais un faisceau concordant la rend crédible.
Sources: ASTER/NASA-JPL; LANDSAT/NASA-USGS; MIROVA; MODVOLC
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