L'Alaska Volcano Observatory avait déjà, il y a quelques jours seulement, prévenu que ce volcan très isolé de la partie centrale des îles Aléoutiennes était le siège d'une sismicité anormale, et ce depuis le mois de janvier. Elle est faible, certes, constituée d'après les volcanologues de secousses de magnitude essentiellement inférieure à 1, bien que quelques rares secousses plus importantes (magnitude 2.8 au maximum) aient été détectées. Ce type de crise n'est pas inconnue sur ce volcan, malgré une surveillance rendue complexe du fait de la distance qui sépare ce volcan de la ville d'Anchorage
(2000km en ligne droite) où se trouve l'observatoire. La précédente ne date en effet que de l'été dernier, lorsqu'un essaim de faibles séismes, lui aussi assez faible, avait été détecté en juin/juillet. La différence c'est qu'en 2014 un trémor avait été détecté alors ce n'est pas le cas, pour le moment, pour la crise actuelle. Il est important de noter qu'aucune activité éruptive n'avait débuté en 2014et que rien pour le moment n'indique que cela arrivera pour cette crise.Topographie du volcan Semisopochnoi. Image : activolcans |
L'activité historique est extrêmement réduite: des émissions de cendres en avril 1987, issue d'une activité explosive plutôt modeste (VEI 2) pour la trace la plus récente, et une autre éruption rapportée par le Global Volcanism Program en 1873: on est loin d'un édifice hyperactif. En même temps sa position géographique ne permet pas d'exclure que d'autres éruptions mineures aient eu lieu, en passant inaperçu, au moins jusqu'aux années 80, moment à partir duquel la surveillance satellite permet d'avoir des données globales plus fréquentes. C'est d'ailleurs par ce biais que l'éruption de 1987 a été détectée en premier lieu.
Toujours en raison de son isolement géographique c'est l'histoire géologique même de cet édifice qui est très peu connue, au-delà de ses seules éruptions historiques. Sa taille est importante, avec un diamètre de 20 km, et sa morphologie complexe: on tient là des signes d'une histoire vraisemblablement longue et compliquée avec plusieurs étapes. Le centre de l'île en particulier est marqué par une importante paroi en arc de cercle, bien visible sur la topographie ci-dessus: il s'agit d'une importante caldera large de 8 km, résultat d'une puissante éruption, non datée mais utilisée, comme souvent lorqu'il n'y a pas de datations absolue, comme un répair immanquable pour une chronologie relative des divers reliefs et dépôts de l'île. Ainsi le point culminant de l'île, le mont Anvil (1221m) est-il plus ancien que la caldera, alors que les cônes Cerberus* et Sugarloaf ("pain de sucre") sont plus récents.
Carte géologique du Semisopochnoi mappée sur Google Earth. Carte: AVO-Montage et annotations: Culture Volcan |
L'activité récente, historique, a visiblement eu pour site les cônes Cerberus et/ou Sugarloaf: leur morphologie est en effet très fraîche. Dans son investigation géologique de l'île, parue en 1959, le géologue Robert Roy Coats avait déjà remarqué qu'une coulée de lave émise sur le flanc nord-est de Cerberus avait une couverture végétale comparable à celle émise en 1906 sur un autre volcan des Aléoutiennes, à savoir le Kanaga, lui attribuant une formation possible au cours du 20ème siècle, voir fin 19ème (peut-être celle de 1873?). Quand à une activité sur le Sugarloaf, elle est possible puisque des fumerolles sont toujours présentes sur le cône.
* référence au Cerbère, chien à trois têtes gardiens des enfers dans la mythologie Grecque, car les trois cônes se trouvent à l'entrée de la caldera
Source: Alaska Volcano Observatory
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