23 mars 2015

L'activité du volcan Villarica reste instable, celle du Ngauruhoe-Tongariro le devient

Villarrica, Chili, 2847 m

Depuis le post du 18 mars l'activité sur le Villarrica n'a cessé d'augmenter. La première évidence de cette tendance est l'augmentation de la fréquence et de la durée des émissions de cendres au sommet de l'édifice. Certes il ne s'agit pas de grandes quantités de cendres, mais cette production, qui peut durer plusieurs heures d'affilée, est un signe clair de l'instabilité du système volcanique. Côté sismicité les volcanologues décrivent depuis deux jours le trémor, généralement associés aux mouvement de fluides
et en particulier au magma, comme élevé et continu: il est donc vraisemblable que la colonne de magma ne soit pas loin sous la surface. 
Toutefois:
- cette sismicité n'est pas encore aussi élevée que celle qui a précédé et accompagné le paroxysme du 03 mars
- le trémor n'est pas associé spécifiquement aux émissions de cendres: elles ne sont donc qu'une expression intermittente de phénomènes internes qui, eux, sont continus.


A noter que depuis cette nuit une incandescence est réapparue au sommet du volcan: sa présence n'avait plus été repérée par les webcams depuis le 18 mars. Elle est cependant assez faible et sa luminosité variable.
 
Incandescence au sommet du volcan Villarrica, 23 mars 2015
Incandescence visible sur certains webcams du SERNAGEOMIN. Image: SERNAGEOMIN

Le ministère de l'Education Chilien, accompagné de la Gouverneur de la province de Valdivia a pris la décision de maintenir les écoles fermées jusqu'à demain dans la zone de Coñaripe (Commune de Panguipulli), en attente d'autres informations , mais de les ouvrir dès aujourd'hui pour les communes de Villarrica et Pucon.

Le niveau d'alerte volcanique reste à l'orange tandis que l'alerte institutionnelle reste au jaune.

Sources: SERNAGEOMIN; ONEMI; SoyChile


Tongariro, Nouvelle-Zélande, 1978 m

Le GeoNet a élevé aujourd'hui le niveau d’alerte du Ngauruhoe, un cône du complexe volcanique du Tongariro, a 1 (sur une échelle de 0 à 5) suite à l'apparition d'une sismicité anormale (essaim de secousses) il ya presque trois semaines. Les magnitudes sont faibles mais les volcanologues du GeoNet indiquent que de tels essaims, s'ils n'ont pas été rares depuis la dernière éruption (1973-1975), ont rarement eu autant de secousses de magnitude supérieure à 1. Bref: cet essaim est visiblement plus important que tous ces prédécesseurs.


Panache de cendres sur le cône Ngauruhoa du volcan Tongariro, janvier 1974
Panache de cendres en janvier 1974, lors de la dernière éruption du Ngauruhoe. image: GeoNet

Les séismes se localisent à une profondeur inférieure à 5 km, c'est-à-dire dans une zone où justement se trouverait, d’après une étude publiée en 2009 par G.Kilgour et ses collaborateurs, un ensemble de petites poches magmatiques individuelles, chacune alimentées par la même source mais évoluant toutes indépendamment.

Plomberie superficielle du cône Ngauruhoe du volcan Tongariro
Schéma de la partie superficielle du système d'alimentation du Ngauruhoe. G.Kilgour et al, 2009

Il faut noter que l'historique des éruptions donné par le Global Volcanism Program montre que la période de repos actuelle du cône Ngauruhoe (30 ans cette année) dépasse de beaucoup la moyenne qui tourne plutôt autour de la décennie depuis la première historique (1839)*.

De là à penser que la crise actuelle est un précurseur d'une éruption il reste un océan à franchir: rien ne permet de le penser pour l'heure, les autres paramètres surveillés n'ayant montré aucun changement particulier. Cependant la prudence est de mise: le site est connu pour son tourisme galopant, boosté depuis la sortie du Seigneur des Anneaux, le Ngauruhoe étant le modèle qui a inspiré le Mont Doom, dans la lave duquel l'anneau unique est jeté par Frodon.

Par contre c'est une situation a suivre.

Source: Geonet; Global Volcanism Program

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