Magnifique, c'est vraiment le seul mot qui m'est venu en regardant ce matin cette séquence d'images capturées par les webcams de l'IVS-RAS.
Tout au long de l'hiver les explosions, assez peu fréquentes en générale bien que cette fréquence ait légèrement augmenté depuis le début d'année, ont assez souvent été masquées, partiellement ou totalement, par les nuages.
Il commence en début d'après-midi, à 13h01 heure locale (enlever 11 heures pour l'heure Française) par une explosion puissante qui démarre toujours sur le même site, un évent situé juste derrière le dôme, au pied de la parois de la caldera d'effondrement de 1964. La largeur du panache à sa base, sur l'image ci-dessous, est d'environ 400m.
Départ de l'explosion du 28 février 2015. Image: IVS-RAS/Annotations: Culture Volcan |
Le panache en formation s'élève rapidement et devient très impressionnant, massif, imposant: 1 minute après l'explosion sa "tête" est déjà à environ 5000m d'altitude, soit 3000 m au-dessus de l'évent. Mais en même temps qu'il se développe apparaissent plusieurs écoulements pyroclastiques massifs, largement plus importants, histoire de se donner une idée, que le plus volumineux de ceux qui ont été observés, photographiés au Sinabung par exemple.
Sur l'image prise une minute après celle de l'explosion au moins 3 d'entre eux peuvent être identifiés avec certitude, un quatrième semble se mettre en place sur un autre versant (nord-ouest). J'ajoute une rapide infographie basée sur Google Earth pour vous localiser les événements.
Évolution du panache de cendres et mis en place des écoulements pyroclastiques. Images: IVS-RAS/ Annotations: Culture Volcan |
Les trajectoires des écoulements pyroclastiques sont en tiretés bleus, les numéro correspondent à ceux de la photo de droite ci-dessus. |
Sur l'image de droite du montage le front de l'écoulement pyroclastique n°2 a une largeur d'environ 250 m.
Dans les minutes qui suivent, ces différents éléments évoluent chacun de leur côté. Le panache s'élève de plus en plus et reste très massif. Il atteint, et probablement dépasse même, les 10 km d'altitude à peine 4 minutes après l'explosion. Sa tête vient heurter la tropopause, limite atmosphérique entre la troposphère (celle dans laquelle nous vivons) et la stratosphère. Cette limite physique, difficile à franchir, oblige la tête du panache à s'aplatir.
Arrivée du panache à son altitude maximale, suivi de son aplatissement à la tropopause. Images: IVS-RAS/Annotations: Culture Volcan |
Quand aux écoulements pyroclastiques ils vont poursuivre leur progression et parcourir entre 2500m (écoulement n°3) et 3700 m environ (n°1 et 2). Les écoulements 1 et 2 ont été canalisés dans des ravines ce qui leur a permis d'atteindre ces longueurs en l'espace de 3 minute seulement (vitesse moyenne: 70 km/h environ). Comme tous les écoulements de ce type ils s'arrêtent brutalement et se déposent d'un bloc, en masse (un phénomène assez spectaculaire). L'écoulement n°2 produit à ce moment-là un beau panache gorgé de "vapeur" d'eau, signe de son interaction avec l'eau du sol (neige, glace, rivière etc.).
Les volutes blanches dans le panache de l'écoulement n°2 signent son interaction avec de l'eau. Image: KVERT/Annotation: Culture Volcan |
Après l'explosion principale l'évent continue de libérer des cendres pendant 19 minutes, qui constitue donc la durée de l'événement, mais la majeure partie de l'énergie libérée l'est dans les premières minutes. S'ensuit un retour progressif à un dégazage plus normal, qui est atteint avant la nuit.
Sources: KVERT; VAAC de Tokyo; IVS-RAS
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