3 décembre 2014

L'activité du volcan Fogo continue de faire des dégâts (mis à jour 05 décembre)

L'activité effusive se poursuit toujours. La coulée nord a déjà consommé environ la moitié du village de Portela avec, très symbolique, la disparition de l'école du village mardi 02 décembre matin, après qu'elle ait connu une accélération de sa progression à près de 10 mètres par heure. Aujourd'hui, elle avance toujours mais beaucoup plus lentement, à environ 1m par heure. Les risques que le village disparaisse totalement restent élevés car, maintenant que le front de la coulée est parvenu à la paroi d
e la caldera, elle n'a qu'une échappatoire: vers l'est, et doit donc traverser complètement le village...à moins que l'effusion ne s'arrête, ou que la coulée ne dévie sa trajectoire à proximité de la source.


Signal thermique du volcan Fogo, 03 décembre 2014
Signal thermique relevé aujourd'hui. Image: HOTVOLC/OPGC-LMV
La coulée de lave du volcan Fogo dans la ville de Portela, 02 décembre 2014
L'imposant front de lave taille sa route dans Portela. Image: Fogonews

Les autorités sont maintenant aussi inquiètes pour le village suivant, Bangeira car la topographie va devenir plus favorable à la progression de ce front de lave: une pente descend en effet depuis Portela en direction de Bangeira. Ce village a déjà été évacué mais le coup, déjà difficile, serait particulièrement rude si les deux principales zones habitées de la Caldera de Chã disparaissaient en même temps. Économiquement la zone serait dévastée: les zones agricoles sont déjà pas mal affectées par la coulée, qui a détruit plus de 400 hectares de terres exploitables (et exploitées), les élevages ont été affectés par les gaz et les retombées de cendres, et le nombre de zones d'accueil touristique a drastiquement diminué, réduites en morceaux de béton mélangés à la lave.
Les investissements devront être importants pour redonner vie à la Caldera de Chã...mais les investisseurs seront-ils intéressés, au vu du risque à moyen terme illustré par l'éruption en cours?

Du côté de la fissure il n'est pas facile d'avoir des informations claires sur ce qui se passe car il n'y pas d'images, ou celles qui sont publiées ne sont pas forcément datées et on ne peut donc pas être sûrs qu'elles représentent ce qui se passe aujourd'hui. Une information de Fogonews indique toutefois qu'il reste 3 bouches actives, sans pour autant décrire l'activité qui s'y déroule: Forte ou non? Beaucoup de cendres ou non? Pour le moment c'est le statu quo.




Actuellement une motopompe tente de vidanger les derniers litres de vins qui n'ont pu être évacués de la coopérative, les tonneaux ayant été transportés à dos d'homme, car c'est à peu près tout ce qu'il reste à sortir de Portela.

Sauvetage des réserves de vin de Portel, menacées par la coulée de lave du volcan Fogo
Évacuation des tonneaux de vin de Fogo. Image: Fogonews

L'aide s’organise: des concerts sont donnés pour récolter de l'argent, des dons étranger arrivent (dont le très remarquée chèque de l'ancien premier ministre de Guinée Bissau qui réside sur l'île actuellement), plus de 3000 tonnes de nourriture ont été apportées pour aider les habitants de la Caldera à passer ce cap difficile.


Mise à jour 05 décembre, 09h30

L'activité éruptive a connu une baisse de régime depuis mercredi soir suivi par un arrêt de la coulée qui traverse Portela, à une cinquantaine de mètres de la coopérative viticole, où des personnes continuent de pomper sans répit la production.

La coulée de lave du volcan Fogo dans le village de Portela, 04 décembre 2014
La coulée de lave dans Portela, hier à priori. Image: Fogonews
Les autorités en ont profité pour tenter d'ouvrir une cinquième route à travers la coulée pour rejoindre Portela et faciliter ainsi le transport des marchandises qu'il reste à évacuer (vin mais aussi d'autres denrées alimentaires), et les soins que des éleveurs doivent apporter à leurs cheptels.

Côté fissure l'activité aussi a baissé d'intensité même sir des explosions semblent toujours s'y produire, bien que largement moins intenses qu'en début de semaine, mais marquées par l'émission d'un peu de cendres encore hier soir. Mais c'est surtout l'effusion qui continue de dominer l'activité avec la mise en place d'une nouvelle coulée, qui prend toujours sa source au pieds du cône construit par l'activité explosive depuis le début de l'éruption.




Un petit tunnel de lave émerge en effet de la base du cône et libère un flot de lave assez soutenu qui, après avoir parcouru quelques dizaines de mètres, plonge en cascade dans une fissure ou un peut-être un tunnel de lave de la coulée précédente, d'où elle ressort quelques dizaines de mètres plus loin. Cette coulée progresse à une vitesse modérée estimée à environ 3 mètres par minute hier soir... en direction de Portela.

La coulée de lave du volcan Fogo a sa source, 04 décembre 2014
Le cône, où se produit un dégazage toujours important et quelques émissions de cendres, et la coulée de lave qui émerge à sa base. Image: GEOVOL
Mise à jour 05 décembre 2014, 14h32

La lave continue de progresser vers Portela dont elle est distante actuellement d'environ 1700m. Elle semble progresser le long du bord nord-est de la coulée précédente, dans la plaine: elle risque donc de finir de recouvrir la route qui mène à Portela, et qui avait déjà été coupée dès le départ de l'éruption. Sa vitesse est estimée à 3m/minute, soit 90m/heure: à ce rythme elle pourrait atteindre Portela demain. Un second lobe est apparu et avance actuellement, lui aussi à faible vitesse en direction de Boca Fonte, une zone déjà recouverte par la coulée de 1995. La position exacte du lobe n'est pas communiquée, mais il semble logique de penser qu'il progresse en longeant la coulée de 1995 par le sud.



Sources: Fogonews; HOTVOLC/OPGC-LMV; MusikaTV; GEOVOL

14 commentaires:

  1. bonsoir

    vidéo impressionnante: le front de lave est énorme!!
    Mais le son de la lave, cristallin, biscotte cassée: tellement magnifique !!

    merci

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    1. Si j'avais le pouvoir de détourner ce front de lave au son "cristallin, biscotte cassée" en direction de votre demeure afin de filmer votre réaction lorsque vous verrez une vie (parfois plusieurs, même) de travail et de souvenirs engloutie par cette lave que vous semblez tellement apprécier, je n'hésiterais pas une seconde.

      Avec toute ma cordialité proportionnelle à votre humanité.
      De rien...

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    2. Paul Brown: on peut comprendre votre empathie à l'égard des habitants de la caldera de Chã, mais préjuger de l'humanité de quelqu'un suite à une réaction d'une ligne sur un blog, ou peut-être au contenu même du blog, est tout à fait disproportionné.
      A aucun moment je n'ai vu de réaction d'extase devant le malheurs d’autrui, mais simplement une forme de curiosité, source d'émerveillement devant un phénomène sous le charme duquel de nombreuses personnes, passionnées ou non, sont tombées après avoir eu l'opportunité de l'observer, et ce malgré le fait qu'il conduise parfois à des drames.
      Mesurer toute l'ampleur d'un phénomène naturel, volcanisme ou autre, c'est justement avoir la capacité à ne pas le réduire à un simple spectacle, et avoir conscience de tout ce que son déroulement implique, de bénéfices comme de malheurs.

      Avec toute mon humanité, inversement proportionnelle à votre tempérance :-)

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    3. Je partage complètement l'indignation de Paul Brown. Il n'y a pas effectivement de réaction d'extase face au malheur mais une totale indifférence ce que je trouve encore pire.

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    4. Mon rôle en tant que rédacteur c'est d'exposer, expliquer, décrypter: je suis médiateur de Sciences, pas un gourou qui voudrais orienter la réaction de mes lecteurs. Chaque lecteur qui prend connaissance de la situation est libre ensuite de réagir à sa façon, c'est une liberté que je considère comme essentielle, fondamentale, celle qui distingue la télé-réalité de l'information.
      Votre empathie vous honore mais je ne peux que souhaiter qu'elle se soit traduite par une aide concrète aux personnes de la Caldera de Chã. Sinon vous me permettrez à mon tour d'injustement préjuger de votre indifférence.
      Bien cordialement

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    5. On peut trouver un phénomène naturel magnifique même s'il est source de catastrophe humaine, celà n'empêche nullement d'éprouver de l'empathie pour les gens qui subissent cet événement...
      Ces villages ont été construit juste après (!) l'éruption dans les années soixante, comment pouvaient-ils imaginer qu'ils échapperaient à la destruction tôt ou tard ?
      La pauvreté de ces populations doit expliquer la situation de ces constructions par la méconnaissance (l'oubli ?) de l'épée de Damocles qui les surplombait, la richesse des terres peut-être aussi.
      Le point positif, c'est que la configuration de l'éruption n'a fait aucune victime et que la majorité de leur bien a pu être sauvé, selon toute vraisemblance. L'aide humanitaire devrait permettre (on peut espérer) une reconstruction ou le relogement des habitants.
      https://www.facebook.com/pray4fogo/posts/705846599511701
      Par contre, vouloir sciement (même en imagination) la destruction du bien d'autrui pour le punir de trouver plaisant le bruit de la lave qui se casse me fait penser que nous n'avons pas la même définition du mot humanité...

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    6. Il se trouve que je connais assez bien le Cap-Vert et un peu la Caldera. Il se trouve que j'ai des amis à Praia que je considère comme ma famille et que leur fils mal-entendant habite chez moi. Je n'aide donc pas directement les personnes de la Caldera mais participe directement ou indirectement à des associations qui n'ont pas attendu cet évènement pour essayer d'aider le Cap-Vert.
      Je ne voulais pas critiquer votre travail et je vous remercie d'ailleurs pour la fenêtre que vous ouvrez sur ce drame. Je voulais juste réagir sur une phrase qui pour le moins est malheureuse.
      Bien cordialement.

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  2. La passion porte un goût un peu amer devant ce genre de drame.
    Depuis le début de l'éruption, il semble qu'une grande confusion règne dans la caldeira...que ce soit au niveau des descriptifs de la dynamique éruptive ou concernant les évacuations et autres informations...

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    1. Bonjour Ludovic. Je suis d'accord, mais être passionné, n'est-ce pas accepter toutes les dimensions du sujet qui nous passionne, et en mesurer la juste importance?
      Les habitants de la caldera sont touchés au plus fort, les fondements de l'économie locale sont mis à mal. Leur culture individuelle et collective,dictera leur choix futur: se réinstaller ou non, et en ce qui me concerne je garderai à l'esprit ma conviction qu'aucun choix n'est mauvais lorsqu'il est assumé en connaissance de cause.

      Quand aux informations: clairement elles sont décousues. Mais les deux seules vraies difficultés que j'ai rencontrées, en ce qui me concerne, dans la rédaction de mes posts ce sont les traducteurs automatiques et le fait que les images ne sont pas horodatées.

      Bonne journée :-)

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  3. bonjour

    Effectivement, confondre la passion avec ses conséquences: raccourci un peu rapide je trouve.

    Ma phrase n'est pas malheureuse, c'est l'interprétation que vous en faite qui l'est.

    Penser un instant que je me réjouisse du malheur des autres: c'est cela qui est triste.

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  4. Caramba ... ça chauffe ici ! D'habitude c'est chez nous sur facebook .... ahahahahahaha
    Vaste question que celle que vous vous posez. Je défends mon ami qui reste très factuel et objectif, ne change rien tu fais ça parfaitement bien.

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  5. Tunnels de lave ? Il semble pourtant que les laves depuis le début soit des gratons ?

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    1. La classification, comme toutes les classifications, n'est qu'une vue de l'esprit destinée à comprendre la mécanique des coulées: elle est nécessaire mais insuffisante. En l’occurrence, au Fogo il y a eu dès le début des faciès Pahoehoe en base de coulée (pas aussi lisse qu'à Hawaï mais quand même) et plutôt du "aa" à la surface. Par ailleurs la majorité des tunnels de lave que l'on peut voir sur d'autres volcans, Etna pour ne pas citer le plus célèbre, ne sont pas dans des coulées Pahoehoe.
      Il semble que d'un point de vue rhéologique il ne puisse plus avoir de tunnels à partir des coulées à blocs, la viscosité étant trop importante pour produire les conditions mécaniques nécessaires à leur formation. :)

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