21 novembre 2014

Un point d'actu sur les volcans Sinarka, Stromboli et Ambrym

Sinarka, Russie, 934m

Le SVERT a élevé le niveau d'alerte au jaune le 12 novembre. Des émissions de gaz plus importantes, formant un panache continu et long de plusieurs dizaines de kilomètres, ont été détectés sur les données satellites. C'est en effet le seul moyen de suivre l'activité sur ce volcan, comme pour nombre de ses voisins de l'archipel des Kouriles, qui ne sont pas monitorés au sol.

Le bulletin de la Smithonian Institution, élaboré à partir des données transmises par les (ou récupérées  sur les)
sites des observatoires, indique que les émissions ont été repérées le 11 novembre. C'est tout à fait vrai et c'est d'ailleurs l'image produite ce jour-là qui a incité le SVERT à élever le niveau d'activité au jaune le lendemain. Mais l'activité en question a commencé au minimum en septembre. L'image satellite la plus claire le montrant remonte au 24 septembre mais il semble qu'il soit déjà présent dès le 10 du même mois. Depuis lors il n'a pas montré de hausse significative de son importance, bien que son suivi soit en réalité très complexe du fait d'une couverture nuageuse présente au moins 80% du temps sur la zone.  Sur l'image satellite du 11 novembre le panache s'étire sur environ 100 km vers l'est.


Le panache de gaz du volcan Sinarka le 24 septembre 2014

Le panache de gaz du volcan Sinarka le 03 octobre 2014

Le panache de gaz du volcan Sinarka le 11 novembre 2014
L'image responsable du changement d'alerte du Sinarka. Image: MODIS/NASA
La dernière éruption de ce volcan remonte à la fin du 19ème siècle. S'étalant sur 6 années (1872-1878) elle a été assez violemment explosive avec un VEI estimé à 4. Mais cette éruption a surtout été marquée la croissance d'un dôme au sommet et un effondrement de flanc qui emportât un village Ainu.

Depuis cette éruption le dôme en question a été le siège d'une importante activité fumerolienne (T° des fumerolles mesurées à 200°C): c'est elle qui semble s'être accentuée depuis 2 mois et forme le panache. Pour le moment, aucune autre activité particulière n'a été relevée, si ce n'est la présence d'une très faible anomalie thermique, incompatible avecl ap résence de lave en surface, mais compatible avec le dégazage intense en cours.

La hausse de cette activité fumerolienne ne signifie pas obligatoirement qu'une éruption se prépare. Cependant tout changement d'activité qui se produit sur un volcan:1- isolé (pas pour le trafic aérien), 2-non surveillé par des moyens au sol (sismicité, déformation pour les plus courants) mérite évidemment que les volcanologues y portent plus d'attention, ce qui  est signifié par le changement de niveau d'activité.

Il est clair que cette situation mérite d'être suivie.

Sources: SVERT: Bulletin de la Smithsonian Institution; MODIS/NASA

Stromboli, Italie, 926 m

Plus aucune activité effusive ne se produit sur le volcan depuis le 12 ou 13 novembre. La bouche source des coulées a cessé de fonctionner et se refroidit depuis lors: il ne reste plus actuellement qu'une faible lueur incandescente à sa place.
Cependant toute activité n'a pas cessé. Les bulletins de l'INGV indiquent qu'au sommet des émissions de cendres se poursuivent. Certaines sont même à haute température vue la force du signal thermique détectées par les webcams situées à 400m d'altitude sur le flanc nord, qui sont assez éloignées du sommet. Elles se produisent sur les cônes sud et nord de la plate-forme cratèrique.

Activité du volcan Stromboli le 19 novembre 2014
Émissions à haute température de cendres le 19 novembre. Images: INGV, extrait du rapport du 19/11/2014
Cette activité devenue calme en surface ne veut pas forcément dire que tout est calmé. Certaines données vont d'ailleurs plutôt dans le sens contraire et semblent indiquer que la recharge magmatique de l'édifice non seulement n'est pas en pause mais à l'inverse se fait de plus en plus sentir. Et "sentir" n'est probablement le verbe le plus adapté car les signes en questions sont les émissions de CO2 (inodore), dont l'analyse fournit des indices sur la présence ou non de magma neuf, juvénil. En l'occurence les mesures du flux de CO2 faites à travers le sol  montrent une brusque hausse de l'émission de ce gaz à partir de début novembre. Or ce CO2 est le gaz le moins soluble dans les magmas: quand un magma neuf s'approche de la surface, c'est le premier à s'en échapper et les mesures en surface montrent une hausse bien avant que du magma n'arrive. Les mesures suggèrent donc que du magma neuf s'approche de la surface, mais il est imposible de savoir sous quelle forme il va être émise (explosion violente ou au contraire remise en route tranquille de l'activité explosive classique sur Stromboli, formation ou pas de nouvelles coulées etc).

Evolution de la quanbtite de CO2 émis par le volcan Stromboli entre juillet et novembre 2014
Evolution de la quantité de CO2 depuis le mois de juilllet. Image: INGV, image extraite du rapport du 19/11/2014

Affaire à suivre, comme à l'accoutumée.

Source: INGV

Ambrym, Vanuatu, 1334m

Rien à signaler de particulier concernant l'activité éruptive qui maintient la présence permanente de deux lacs de lave, dans les cratère Benbow et Marum, celui du Marum étant visiblement toujours le plus actif des deux si l'on en juge par l'inégale importance du dégazage sur l'image ASTER ci-dessous (en fausse couleur car intégrant l'infrarouge thermique), prise le 08 novembre. Le niveau d'alerte reste à 2 pour le moment.

Le volcan Ambrym et son éruption le 08 novembre 2014
L'activité sur Ambrym vue par le satellite ASTER le 08 novembre 2014. Image: ASTER/JPL

Non, si je voulais vour parler d'Ambrym c'est surtout parce qu'une équipe composée de scientifiques et passionnés vient de lancer un projet pour récolter des échantillons et faire des mesures scientifiques:
- sur l'aspect volcanique/volcanologique, avec en particulier la récolte d'échantillons de gaz qui permettront de mieux comprendre le fonctionnement du lac de lave, la récolte d'échantillons de lave du lac, mais aussi des parois pour affiner la connaissance de l'évolution de ce volcan.
- sur l'aspect médical pour mesure l'impact des émissions volcaniques sur la santé.

Si vous aussi vous voulez participer à cette aventure, vous pouvez aller sur sa page KissKissBankBank et aider à son financement. Le principe est celui de la microéconomie: vous mettez la somme que vous souhaitez et si le projet ne parvient pas à regrouper la somme globale au terme des 60 jours que dure la collecte de fonds, l'intégralité de la somme vous est redonnée.
A noter que pour chaque donateur il y a un petit cadeau, à la mesure de sa générosité (voire colonne de droite sur la page du projet): c'est le principe des projets KissKissBankBank.

Sources: GeoHazards; ASTER/JPL; KissKissBankBank

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