30 septembre 2014

Volcan Ontake: l'imprévisible accident

Quel drame que celui qui s'est produit ce week-end au Japon. Une situation qui suscite une émotion d'autant plus forte que tout, dans le déroulé des événements, concours à la dramatiser:

- une journée magnifique et ensoleillée
- un site de pèlerinage
- une fréquentation importante
- des randonneurs venus profiter d'un paysage poétique, qui se teinte des premières couleurs de l'automne.

Le paradis, qui devient un enfer en quelque instants; la joyeuse polychromie d'une journée parfaite ensevelie sous la couche monochrome de cendre. Un vrai scénario de film catastrophe en quelque sorte avec, pour les derniers chiffres officiels, 12 morts confirmés, bilan qui va probablement s'alourdir.

Et tout cela à cause de l'activité phréatique.
........"La quoi?"




Tout d'abord l'activité volcanique dite "phréatique" n'est pas une activité éruptive comme les autres. Et pour cause: c'est une manifestation qui se déroule sans émettre de magma.
Par exemple vous ne trouverez pas de chapitre dédié à sa description dans l'Encyclopedia of Volcanoes, livre de référence rédigé par une centaine de volcanologues de toutes spécialités. On emploi malgré tout l'expression "éruption phréatique" car il y a bien projection de matière, même s'il ne s'agit pas de magma neuf ("juvénil").
Loin d'être rares, les activités phréatiques sont pourtant traitées dans les médias comme toutes les autres éruptions car après tout, un volcan c'est un volcan, et une éruption c'est une éruption.
Et bien non, justement.

Malgré des airs extérieurs souvent semblables, le mécanisme sous-terrain à l'origine de l'activité phréatique est fondamentalement différent de celui d'une activité magmatique. Et c'est la raison pour laquelle on peut anticiper plus facilement la seconde, je m'explique.


Panache de cendres de l'éruption magmatique du volcan Sakurajima, août 2013
Panache d'éruption magmatique: Sakurajima, août 2013. Image: Kagoshima Meteorological Observatory

Panache de cendres de l'éruption phréatique du volcan Bulusan, février 2011
Spectaculaire panache d'éruption phréatique: Bulusan, février 2011. Image: Reuters

Dans une éruption normale ("magmatique"), de la roche fondue (magma), est produite dans le manteau, remonte vers la surface, se stock plus ou moins longtemps dans une ou plusieurs poches (chambre) avant de terminer sa course à l'extérieur du globe terrestre.
Le moteur qui permet au magma de franchir sa dernière ligne droite, entre sa dernière chambre et la surface, est le gaz qu'il contient, molécules et/ou ions initialement piégés dans le manteau. Sans cette charge en gaz, moteur de l'éruption, pas moyen pour ce magma de sortir: il resterait coincé dans la croûte terrestre.
Ce gaz fait donc partie intégrante du magma depuis sa source jusqu'à la surface, et sa séparation d'avec la roche fondue ne se fait que dans les derniers centaines ou milliers de mètres avant l'expulsion (éruption).

Dans ce cas de figure le travail mécanique effectué par le magma en cours d'ascension est important:
* il doit fracturer les roches, puis migrer sous pression dans les nouvelles fractures. Cela créé une sismicité.
* une partie du gaz, qui s'échappe à la moindre occasion, parvient en surface parfois assez longtemps avant le magma lui-même. On peut alors avoir des manifestations en surface comme l'apparition, ou le changement de composition et/ou de température, des fumerolles, le changement de la composition chimique des sources etc.
* du magma qui remonte, c'est de la roche en plus dans la croûte terrestre: de quoi déformer le sol, ce qu'on peut mesurer avec divers instruments..

Bref: une activité magmatique qui se prépare s'annonce un peu à l'avance, entre quelques heures et plusieurs années (comment ça "c'est variable"?), par tout un tas de signaux détectables, mesurables...et donc analysables. L'exemple le plus récent est la sismicité liée à la migration du magma dans une fissure, précurseur de l'éruption du Bardarbunga.

Mais une activité phréatique, a contrario, se déroule sans apport de magma. Elle résulte de la présence à l'intérieur même du volcan, et sur une épaisseur de plusieurs centaines de mètres (ça peut se compter en milliers de mètres), de la présence de ce que l'on appelle un "système hydrothermal".
Ce dernier vient de l'infiltration d'eau externe (pluie, fonte de neige etc) à l'intérieur d'un volcan, par les fissures et les interstices des roches qui le composent.
Une fois sous terre l'eau est chauffée par le système magmatique profond (chambre magmatique par exemple) ce qui lui permet de se charger en divers éléments (minéraux, gaz etc) et d'en perdre d'autres au passage. Cette eau devient par ce biais très acide et détériore les roches internes à l'édifice: elles deviennent argileuses.
Avec le temps un équilibre s'installe dans le système hydrothermal: 
1- l'eau s'infiltre en profondeur et est comprimée sous la pression des roches à travers lesquelles elle progresse
2- elle se réchauffe pendant son trajet et franchit la barre des 100 °C sans se vaporiser. Normale: elle est sous pression, comme dans une cocotte-minute fermée. Les roches qui l'entourent sont assez résistantes pour contenir cette eau surchauffée.
3-elle remonte et se dépressurise en même temps qu'elle se refroidit. Elle peut rester à l'état liquide ou se vaporiser tranquillement, donnant alors des manifestations hydrothermales classiques: petites fumerolles riches en vapeur, sources d'eau chaudes, geysers dans certaines circonstances etc,etc,etc,.

Représentation schématique de la circulation de l'eau dans un édifice volcanique, principe d'un système hydrothermale. Image: USGS


Une explosion phréatique est "simplement" la rupture rapide de cet équilibre, qui conduit l'eau à très haute température (plus de 100°C) à se dépressuriser brusquement sans avoir le temps de perdre de chaleur*, et donc de se transformer d'un coup en vapeur .
Une petite vidéo d'ébullition de l'eau sans augmentation de température, mais avec la seule baisse de pression pour illustrer le principe.





Quand ce brutal déséquilibre se produit, la vapeur instantanément formée fracture et pulvérise les roches qui l'entourent: c'est l'explosion. Les cendres, qui ne sont rien d'autre que les roches réduites en poudre, forment un panache, mais des fragments plus gros retombent autour du site de l'explosion
Des blocs de plus de 3 m de diamètre ont ainsi été retrouvés au sommet de l'Ontake par les sauveteurs.

Cette rupture d'équilibre, dont les causes peuvent être variées, ne produit pas systématiquement de signes avant-coureurs clairs ce qui rend ce type d'activité difficilement prévisible.
Concernant le Ontake on a pu lire dans la presse qu'une sismicité a été enregistrée sur le volcan courant septembre. Très (trop?) faible, elle n'a pas conduit les volcanologues à conclure à un danger sur l'édifice. Comment leur en vouloir? Combien de volcans, de par le monde, sont le siège d'une mini crise sismique, faible, et qui ne conduit à rien d'anormal? Ce fut encore le cas sur le volcan chilien Copahue il y a quelques jours.
Il reviendra ainsi aux chercheurs de comprendre:
- si cette sismicité était ou non un signe précurseur de cette explosion phréatique. Dans ce cas la rupture d'équilibre se sera produite avant et aura causé la sismicité.
- si cette sismicité était ou non un déclencheur. Dans ce cas c'est parce qu'il y a eu sismicité que l'équilibre a été rompu, les secousses ayant pu produire de nouvelle fractures, donc modifier le système.
- ou si ça n'a rien à voir. Il y a toutefois peu de chances pour cette troisième option: la sismicité en question n'était pas habituelle sur l'édifice.

Le malheur de ce week-end, c'est que les explosions phréatiques, y compris celle du Ontake, sont généralement faibles (VEI 1 à 2) et n’affectent souvent que les zones proches du cratère. Sans signes avant-coureur francs, en tout cas insuffisants pour générer un doute raisonnable à même de déclencher une mesure de prévention (interdiction d'accès temporaire par exemple), comment éviter l'accident? Je dois quand même dire que de nombreux chercheurs, y compris Français, ont travaillé sur la sismicité précurseur de l'activité phréatique, ce qui n'empêche pas la diversité des causes de rendre la tâche de détection et d'analyse des signaux ardue.

Il n'y a, pour l'heure, rien qui indiquerait une défaillance humaine ou matériel et l'histoire semble se résumer à un mauvais concours de circonstances.
Mais il rappel à tout un chacun que grimper sur un volcan, même en activité réduite, hydrothermale (simples fumerolles), alors même qu'il n'y a pas d'alerte particulière ni de message de prévention, n'est pas sans risques. C'est une notion que le développement du tourisme volcanique tend à oblitérer, mais que des accidents de ce type doivent remettre clairement dans les esprits. Chaque personne qui veut tenter l'expérience doit avoir en tête que, oui, le risque existe, qu'il est faible mais qu'il n'est pas nul, comme l'a rappelé l'explosion du Ontake.

Il faut aussi préciser que l'activité phréatique ne se manifeste pas toujours avec des explosions importantes. Des modifications du système hydrothermale peuvent prendre différentes formes:
- augmentation de l'activité fumerolienne, parfois assez intense pour emporter des cendres mais sans activité explosive franche.
- changement de teinte d'un lac de cratère
- jets de boue
en sont quelques exemples.

Il convient aussi de rappeler que si l'activité phréatique peut se dérouler seule, sans autres manifestations, elle peut aussi être un signe précurseur d'une activité magmatique. Ce fut le cas par exemple pour le Sinabung, dont l'activité phréatique de 2010 fut un précurseur de l'éruption qui démarra en 2013 (et continue encore, quoi qu'au ralenti). Ce fut aussi le cas pour l'éruption du Mont St Helens en 1980, précédée d'une forte activité phréatique. Pour l'anecdote historique cette phase précurseur avait conduit H.Tazieff à conclure, sur la base de son expérience de l'éruption phréatique de la Soufriere en 1976, que cette activité n’annonçait rien de grave, ce que l'éruption (l'une des plus importantes du 20ème siècle) qui démarra peu après vint contredire. Il ressort de ce constat que les volcanologues japonais vont probablement tenter justement de savoir si cette activité phréatique est ou non précurseur d'une activité éruptive magmatique.

Pour finir, quelques éruptions phréatiques célèbres ou non, récentes ou non, afin de montrer que ce type d'événement n'est pas rare, et que celle du Ontake est très médiatisée non pas à cause de sa violence réèlle (l'explosion fut relativement peu importante), mais parce qu'elle se conclue par une tragédie, et que celle-ci paraissait imprévisible (ce qui dans notre culture semble tabou: l'actuelle modernité rejette l'imprévu).

- la Soufriere (France) en 1976
- Poas et Rincon de la Vieja (Costa Rica) 2014
- Copahue (Chili) en 2012 et 2013
- San Miguel-Chaparrastique (San Salvador) 2012-2013
- Ontake 2007
- Tongariro (Nouvelle-Zélande), août 2012
- White Island (Nouvelle-Zélande), 2012 et 2013
- Akita-Yakeyama (Japon), 1997
- Karthala (Comores), 1991
- Sinabung 2010
- Kverkfjöll (Islande), 2013
- Bulusan (Philippines), 2011
- Meakan-Dake (Japon), 1988, 1996, 1998, 2006, 2008

etc...
Et la liste est très très très très loin d'être exhaustive

*: on parle alors de "décompression adiabatique"

Sources des images: KMO; Reuters, USGS

14 commentaires:

  1. "Le malheur de ce week-end, c'est que les explosions phréatiques, y compris celle du Ontake, sont généralement faibles (VEI 1 à 2) et n’affectent souvent que les zones proches du cratère. Sans signes avant-coureur francs, en tout cas insuffisants pour générer un doute raisonnable à même de déclencher une mesure de prévention (interdiction d'accès temporaire par exemple), comment éviter l'accident? Je dois quand même dire que de nombreux chercheurs, y compris Français, ont travaillé sur la sismicité précurseur de l'activité phréatique, ce qui n'empêche pas la diversité des causes de rendre la tâche de détection et d'analyse des signaux ardue."

    J'ai du mal à être d'accord avec cela. Si on sait que ce genre d'eruption ne nécessite pas les mêmes signes que des autres, le "peu" de sismicité qui a eu lieu en septembre aurait dû être suffisant pour interdire l'accès. Si ça n'a pas été fait, il me semble qu'il y a des raisons économiques derrière cela (tourisme, etc.). Il me semble que les volcanologues ont une certaine idée de ce que c'est comme volcan, donc pas d'excuse il me semble (ils savaient que même juste "un peu" de sismicité était alarmant, non ?)

    C'est possible que je surestime la volcanologie, mais vous les volcanologues savaient que ce genre d'eruption peut arriver avec relativement peu de signes en avance, non (c'est l'impression qui m'est donné) ? Donc pour moi c'est dans ce cas encore une chose symptomatique de comment la vie humaine malheureusement est négligée dans la société japonaise, comme ailleurs avec ce genre d'économie. Je ne dis pas que c'est la faute des volcanologues, juste que nos sociétés ne sont pas suffisamment solidaires pour faire un maximum de nos connaissances.

    Sinon j'ai vu que l'état de la lune peut affecter les volcans (le plus fortement lors de nouvelle lune et pleine lune, mais le temps entre les deux joue son rôle aussi, sûrement). Par rapport à Ontake, est-ce que ça pourrait avoir un intérêt de savoir où ça en était avec la lune ?

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    1. Bonjour Société de Contrôle.
      A l'influence de la lune, je répond que je ne crois pas qu'une démonstration scientifique claire ait été apportée concernant le volcanisme en général. Donc jusqu'à ce que des arguments clairs, nets et scientifique soient apportés, je considère qu'il n'y a pas d'influence directe. La lune passe tous les jours au-dessus de nos tête, créé un effet de marée quotidien, idem pour le soleil....et je ne crois pas qu'il y ait plus ou moins d'éruptions.

      Concernant la volcanologie: oui, vous la surestimez, mais comme beaucoup de gens, y compris des scientifiques d'ailleurs, surestiment la science en général ou du moins lui assignent un rôle qui n'est pas le sien: la réponse absolue à tous les problèmes et à toutes les questions.
      La volcanologie est une science bien développée mais qui n'a d'autre choix que de tenter de comprendre un objet (le volcan) par des moyens uniquement indirects (sismologie, géochimie, géophysique). L’interprétation de données indirecte est difficile, délicate car un volcan est un objet d'une grande complexité.
      Je redis encore une fois que tous les ans il y a des dizaines de crises sismiques anormales, parfois bien plus importantes que les quelques dizaines de secousses répertoriées pour Ontake, et qui ne débouchent sur rien .
      Déclencher une alerte sans signes tangibles, c'est crier au loup et décrédibiliser le travail de surveillance.
      Il faut donc des signes tangibles, et ce n'était pas le cas ici, tout simplement.
      Vous devez, à mon sens, acceptez la notion d'accident imprévisible, exactement le même type d'accident que celui que vous risquez d'avoir en prenant votre voiture, tous les jours.

      La statistique est simple: plus il y a de randonneurs sur un volcan actif, plus le risque d’accident de ce type augmente. Plus il y a de voitures sur les routes, plus le risque d'avoir un accident avec un piéton, un arbre ou un camion augmente.

      Voilà pourquoi je rappelle que chaque personne qui souhaite monter sur un volcan actif même calme doit le faire en conscience, avec l'idée en tête qu'un accident est possible même si statistiquement, le risque est très faible.

      Bonne journée à vous :-)

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    2. "Déclencher une alerte sans signes tangibles, c'est crier au loup et décrédibiliser le travail de surveillance."

      Je me dis que c'est là où on sort du volcanisme et entre dans la façon dans laquelle la société réagit... Je pense que tout est une question de l'ambition qu'on a, et je trouve que ça serait possible d'avoir plus d'ambition (c'est à dire que les gens concernés par un tel volcan doit avoir suffisamment de connaissance pour savoir qu'une alerte n'équivaut pas éruption, mais une possibilité). Certes, une méfiance vis-à-vis les médias contemporains peut sûrement mener à ce raisonnement de "cri au loup", mais peut-être vous devrez augmenter l'ambition et croire à la possibilité d'éduquer en sorte que le traitement médiatique change et que les gens concernés par un tel volcan tolèrent une barre plus basse pour l'alerte ?

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  2. Explications très claires et intéressantes, comme toujours ! Je viens de voir les images du Sinabung dont vous parlez justement. Est-ce le même phénomène qui s'est produit aujourd'hui ? Les images des 2 explosions se ressemblent beaucoup !

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    1. Est-ce le même phénomène.....oui et non, mais plutôt non que oui. Disons que pour comprendre il faut découper les deux événements phase par phase pour voir ce qui est semblable de ce qui ne l'est pas.
      Pour le Ontake, c'est donc la vaporisation d'eau surchauffée qui a généré une explosion et fabriqué les cendres. Une partie d'entre elles est montée sous forme d'un panache, et une autre partie s'est écoulée au sol sous la forme d'un écoulement pyroclastique. Le terme n'est probablement pas très juste d'ailleurs car, dans ce cas là, l'écoulement était plutôt "tiède" que chaud (ce que traduit le préfixe "pyro").
      Pour le Sinabung on est dans la suite logique de ce qui se passe depuis Janvier: la lave est émise très lentement au sommet de l'édifice. Différences de fond avec Ontake:
      1- l'éruption du Sinabung est purement magmatique / Ontake était phréatique
      2- l'éruption du Sinabung est avant tout effusive (production d'un coulée visqueuse) et faiblement explosive (écoulement pyroclastique) / Ontake était purement explosive

      Pour Sinabung la lave qui sort déborde dans la pente qui est immédiatement très forte. Ce qui s'est passé aujourd'hui (sur les images que j'ai vues en tout cas) est juste un morceau de cette lave qui s'est décroché. Le gaz contenu à l'intérieur, sous forme de petites bulles, fait éclater la roche et forme les cendres, qui donnent un écoulement pyroclastique. Celui-là est un vrai, probablement à quelques centaines de degrés Celcius.

      L'origine des deux manifestations est donc fondamentalement différente (phréatique/magmatique; effusive/explosive) mais dans les deux cas on a des écoulements pyroclastiques. Sur ces deux écoulements, l'un est plutôt "tiède", l'autre est franchement chaud, car ils ne sont pas produits par les même dynamismes au départ.

      Bilan: tout est différent entre les deux situations, sauf 1 un point commun: toutes deux ont produit un écoulement pyroclastique et c'est ce point commun que, je pense, vous avez remarqué.

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  3. Effectivement, vu comme ça, ça n'a pas grand chose à voir. Le seul point commun était finalement le gros nuage de cendres qui dévalait les flancs des 2 volcans. si j'ai bien tout compris, mieux valait quand même se trouver sur la route du nuage de l'ontake (mais pas trop près du cratère non plus, on a vu le résultat) que dans celui du Sinabung... Après, comme vous le dites, ça doit faire réfléchir les touristes (dont je fais partie) qui ne rêvent que de voir ces éruptions ... on est bien peu de choses face à ces forces de la nature, mais c'est aussi ça qui est fascinant !

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    1. "on est bien peu de choses face à ces forces de la nature, mais c'est aussi ça qui est fascinant !"

      En même temps, il y avait de sismicité enregistré en septembre avant l'éruption, donc ce n'est pas comme si nous sommes entièrement dépourvus... Juste, la volcanologie ne peut qu'être mêlée à de la politique quand il s'agit de la façon dont la société réagit. Et l'histoire montre bien qu'il n'y a pas grande raison de faire beaucoup de confiance ni aux autorités japonaises (Fukushima, ...), ni aux autorités islandaises (et je crois que les islandais n'ont pas trop d'illusions sur leur autorités après toute la corruption qui a été révélée, et les japonais n'ont pas la même confiance non plus)... Nous les humains sont quand même potentiellement un peu plus face à ces forces de la nature que les autres animaux, mais il faut dire qu'on a du mal à réaliser notre potentiel (pour l'instant on montre surtout qu'on a un grand potentiel quand il s'agit de détériorer les choses je dirais, en tout cas ceux d'entre-nous qui vivent dans des sociétés modernes où le long terme et la transformation nécessaire de nos sociétés ont disparu pas mal des radars).

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    2. Désolée mais je ne suis pas vraiment d'accord avec vous. D'une part parce que, comme le dit "Culture volcan" tout n'est pas prévisible et on accuserait les autorités d'être trop alarmistes si elles interdisaient l'accès à tous les volcans à la moindre secousse (et c'est pareil pour toutes les autres catastrophes naturelles, si on alerte et qu'il ne se passe rien, il y a polémique et si on n'alerte pas et qu'il y a une catastrophe, il y a polémique ...). Et d'autre part car les animaux ont surement un instinct pour sentir ce genre de catastrophe que l'homme a égaré quelque part au fil de son évolution. Bref, on pourrait en débattre pendant des heures mais je ne suis pas sure que ce soit le lieu :-). Bien à vous, Estelle

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    3. Je ne suis pas sûr que les gens vont mal prendre plus de prudence par rapport à ce genre de volcan, en tout cas si l'effort nécessaire est fait pour informer les gens des raisons pour une telle baisse de la barre d'alerte. Je comprends bien que dans "le milieu" la réaction après ce qui s'est passé c'est la défense (socialement c'est typique), mais il n'y a pas vraiment d'excuse pour que tous ces gens étaient si peu conscients des dangers (forcement, si on est conscient qu'on risque de perdre la vie même avec aussi peu de sismicité avant quand il s'agit de ce genre de volcan, la plupart de gens choisiraient de ne pas risquer leur vie - dans ce genre de conditions ce n'est pas la même chose au niveau de risque que de prendre l'avion, mais malheureusement je n'ai pas l'impression qu'ils ont bien fait comprendre cela à tous ceux qui étaient là au moment de l'éruption).

      Il y a peut-être certains animaux qui ont pu sentir cette catastrophe, je ne sais pas, mais je ne suis pas sûr qu'il y a des animaux qui l'ont pu sentir autant en avance que ces tremblements de terre enregistrés par des humains.

      Les mouches peuvent piquer sans qu'il y a orage, mais je fait quand même attention quand elles piquent. De la même manière, avec un tel volcan, je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas attention quand on enregistre des tremblements de terre comme c'était le cas ici.

      D'accord pour ne pas débattre pendant des heures ici, mais je ne vois pas de mal à ce qu'on expose ce qu'on peut penser par rapport à ceci.

      Bien à vous,

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  4. Merci pour votre très pertinent article sur ce type d'éruptions malheureusement que peu prévisible.
    Vous apportez deux points intéressants qui ont peut-être un lien. Les eaux météoriques chargent progressivement le système hydrothermal qui, dépendamment de sa chimie, peuvent générer une acidification et par conséquent une argilisation des roches encaissantes. Savez-vous quel type de magma est présent au volcan Ontake? Je ne serais pas surpris que ce soit assez felsique et donc propice à une acidification.
    Les éruptions phréatiques sont générées par un déséquilibre brutal du système: la perte progressive en compétence des roches encaissantes créée par cette l'argilisation ne pourrait-elle pas selon vous être à l'origine du déséquilibre et donc de l'éruption? Si oui, le changement de minéralogie pourrait peut-être désormais être monitoré avec des appareils tels que l'hyperspectrale.

    Bien à vous, Samuel Pierre.

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    1. Bonjur Samuel Pierre.
      Je reprend: "...felsique et donc propice à son acidification".: attention à ne pas confondre "magmas acides", riches en SiO2, ou encore appelés "magmas différenciés", et acidité des eaux: il ne s'agit pas de la même chose. L4acidité des eaux dont il est question ici, et qui fait que les minéraux des roches encaissantes réagissent et se transforment en argiles, est bien l'acidité mesurée par le pH.
      CEtte acidité vient de la présence des gaz dissous dans les magmas, qu'ils soient basiques (basaltiques) ou acides (différenciés), mais qui se libèrent progressivement de la roche fondue pour se dissoudre dans les eaux superficielles et ainsi les acidifier.
      Je suis d'accord: ceux qui ont accolé les termes "basiques" et "acides" à la composition des roches ne facilitent pas la médiation :-).
      Le changement de compétence des roches participe presque à coup sûr à ce type d'événement, amis il y a aussi les modifications de la géomètrie des circuits de circulation d'eau. L'argile peut, par exemple, colmater des circuits par exemple, ce qui peut conduire à la formation de zones où l'eau stagne et surchauffe trop et pressurise le système jusqu'à surpasser la résistance mécanique des roches.
      Bone journée :-)

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    2. Avec beaucoup de retard, merci beaucoup pour votre réponse très intéressante. Effectivement, je ne confondais pas magma acide et altération acide. Cependant dans mon esprit, un magma "acide" (ou plutôt felsique) va avoir tendance à libérer une série de volatiles de différente nature qu'un magma mafique. Ces volatiles vont par conséquence générer des minéraux d'altération différents dans le système hydrothermal. Je manque cependant d'informations sur les signatures en volatiles felsiques vs. mafiques pour aller plus loin dans mon raisonnement.
      Merci encore!

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  5. Réponses
    1. :-)

      Le problème du mot "acide" en géologie est qu'il n'a rien à voir avec l'acidité d'un liquide, que l'on mesure avec le pH.

      L'acidité d'un magma fait référence à la quantité de Silice (SiO2 de formule) qu'il contient. Un magma riche en Silice est dit "acide", un magma "pauvre" est dit "basique", un magma ni acide ni basique est dit "intermédiaire".


      L'acidité d'un liquide est une mesure de la concentration en ions H+ (hydrogène qui a perdu un éléctron) du liquide.

      Le fait que ces deux mots puissent s'employer en géologie mais en faisant référence à deux choses qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre rend l'utilisation de ce mot difficile.

      Dans le post sur l'activité phréatique je ne parle à aucun moment de "magma acide", mais bien d'"eau acidifiée". Ce qui circule dans les zone hydrothermales d'un volcan, c'est un mélange de différentes acides (fluorhydrique, sulfurique, chlorhydrique) plus ou moins concentrés. Ces fluides sont "agressifs" vis à vis des roches qu'ils traversent et ils réagissent avec les minéraux rencontrés. Beaucoup d'entre eux, après réaction chimique, ont laissé place à d'autres minéraux :les argiles (vaste et complexe famille de minéraux).

      Imaginons maintenant un système hydrothermale qui fonctionne bien: l'eau circule à son aise grâce à un réseau de fissures,de petites fractures, de poches etc.
      Avec le temps l'acidité des fluides qui circulent transforment les roches en argiles, qui sont des minéraux "étanches" (une couche d'argile ne laisse pas passer l'eau: regardez un terrain bien argileux après une pluie par exemple).
      De fait une partie du circuit peu, avec le temps, se colmater et si l'eau ne trouve pas un autre circuit efficace pour circuler elle reste piégée. Elle se réchauffe jusqu'à arriver à son point d'ébullition: la pression augmente. Les contraintes mécaniques exercées sur la roche augmentent aussi..jusqu'à la rupture et la dépressurisation, parfois explosive.


      La "compétence" d'une roche est sa capacité à subir des contraintes: une roche compétente se déforme plus difficilement qu'une roche incompétente (une couche de lave compacte est compétente (se déforme peu) mais l'argile est incompétente (se déforme facilement)).


      J'espère que c'est un peu plus clair :-)

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