Emissions de cendres sur les volcans Shiveluch, Chaparrastique (San Miguel), Ubinas

Après la journée sous le signe des écoulements, voilà une autre journée sous le signe des émissions de cendres cette fois.

Chaparrastique/San Miguel, San Salvador, 2130m

C'est sans doute la situation la plus préoccupante des trois volcan du titre pour le moment. En effet la sismicité, après avoir connu une chute vertigineuse entre les 18 et 27 juin, a entamé un nouveau pic bien plus fort que tous ceux qui l'ont précédé (le RSAM a presque atteint 1000 unités, contre 50 pour un niveau normal). Cette fois par contre elle a été accompagnée d'émissions de cendres fines qui ont été répertoriées surtout vendredi, avec quelques chutes de cendres sur les zones habitées de La Piedra et de Conacastal (au pied du flanc nord). Depuis hier toutefois le pic de sismicité est redescendu, mais
cette dernière reste très supérieure à la normale.

Le panache légèrement cendreux du San Miguel, le 29 juin. Image: MARN/SNET

La situation reste donc tendue car la décision d'évacuer est difficile à prendre tant qu'il n'y a pas de signes plus tangibles d'un risque éruptif. Pour les volcanologues toutefois l'ensemble des données, tant sismiques (variations importantes du trémor, mesurée par le yoyo que fait le RSAM) que directes (observation d'un panache de dégazage qui varie mais reste supérieur à la normal, et émissions temporaires de cendres) sont une indication de l'injection de magma sous l'édifice. La probabilité que ces plus de 6 mois d'instabilité débouchent sur une véritable éruption, avec activité explosive et /ou activité effusive, reste importante.

Mise à jour 10h33

Je rajoute juste deux image transmises par le MARN sur leur dernier rapport. Les images ont été faite dans la Finca (exploitation agricole) La Piedra hier. On y voit particulièrement bien les dépôts de cendres décrit ci-dessus.

Les cendres déposées lors du dernier pic de sismicité. Image: SNET/MARN

Source: SNET/MARN; La Prensa Grafica

Shiveluch, Russie, 3283m

Le volcan a connu avant-hier une nouvelle phase, courte et modérée, d'activité explosive. Elle a généré un panache de cendres assez vigoureux mais vite emporté par un vent fort qui l'a, en même temps, empêché de s'élever à une altitude trop importante, mais tout de même respectable. Le VAAC de Tokyo a indiqué l'avoir repéré à quelque chose comme 7000m d'altitude, bien que sur les images webcam il ne semble arriver que difficilement aux 6000m. Sur la séquence ci-dessous on voit le développement du panache en question et j'ai rajouté une hauteur de référence entre le sommet du volcan (3283m) et la plaine environnante, qui est à quelques dizaines de mètres d'altitude (à peu près 70-80 m). 

Séquence de l'explosion d'hier, avec le développement du panache de cendres. Images: KVERT

En fait le panache continue de s'élever pendant sa dispersion, alors même qu'il est détaché de l'édifice, ce qui explique l'écart qui est (assez souvent) observé entre les donneés du VAAC et celles que l'on peut estimer sur les images.

Autre chose par rapport à cette activité: elle semble s'être produite sur un évent situé entre la falaise verticale qui découpe l'ancien Shiveluch et le dôme actif, et non au sommet de ce dernier. C'est ce que suggèrent en tout cas les images de la webcam qui zoom sur le dôme actif. Je vous livre ci-dessous une interprétation de ce qui a pu se passer avant-hier.

L'activité explosive d'hier vue par l'une des webcams qui surveillent ce volcan. Image: KVERT

Le niveau d'alerte aviation reste à l'orange

Sources: KVERT; VAAC de Tokyo

Ubinas, Pérou, 5672m

Pour celles et ceux d'entre vous qui me suivent sur twitter, vous savez déjà qu'une activité explosive s'est produite le 30 juin, générant un nouveau panache de cendres d'une hauteur modérée et des chutes de blocs sur le versant nord de l'édifice (chose peu fréquente). L'Institut de Géophysique Péruvien, par l’intermédiaire de son chargé de communication Jorge Andrés Concha Calle, a donné quelques informations concernant l'événement. Les scientifiques décrivent, tout d'abord, cet événement comme modéré. La hauteur du panache a été estimée à 1800m sur l'une des webcams mais, étrangement, ce même panache voit sa hauteur estimée à 2700m sur la seconde webcam. Il se peut en fait que les deux systèmes d'échelle des deux webcams ne soit pas calée l'une par rapport à l'autre (remarque que j'ai faite remonter à l'IGP, tout simplement pour savoir laquelle des deux est la plus juste).
Quoi qu'il en soit cette explosion a été suivie de faibles chutes de cendres dan la vallée d'Ubinas (le village cette fois).

Le panache du 30 juin et sa hauteur estimée grâce à l'échelle associée à la webcam installée à San Juan de Tarucani, au nord-nord-est. La hauteur est d'environ 2700 m avec cette échelle. Image: OVI/INGEMMET

Le panache du 30 juin vu depuis l'ouest: sa hauteur est ici d'un peu plus de 1600m avec l'échelle associée à la webcam. Image: IGP

A la lecture du dernier rapport mis en ligne par l'IGP on comprend que l'activité est restée très supérieure à la normale mais qu'elle décline progressivement. Une crise sismique a toutefois secoué le volcan entre les 25 et 29 juin, crise dominée par des secousses de type "hybride" (fracturation et mouvement de fluides simultané, souvent associée à des mouvements de magma).
L'activité en surface n'est donc pas très intense (6 explosions faibles à modérées entre les 12 et 30 juin) mais dans les entrailles de l'édifice les choses ne sont pas encore calmées.
A noter aussi qu'une journée d'action civique a été organisée avant-hier par la défense civile du district du Puno dans la province de San Roman (au bord du lac Titicaca). Des masques a poussière et des couvertures épaisses ont été distribuées dans les villages d'Añavile, Alto Toroya et Icsulla, tous situés entre 45 et 60 km de distance au nord-est de l'Ubinas. Le froid qui règne actuellement sur l'altiplano péruvien est intense et l'activité de l'Ubinas, qui a déposé des cendres pendant plusieurs semaines qui sont maintenant ré-emportées par les vents, n'aide pas au quotidien...

Sources: IGP; INGEMMET/OVI; El Comercio. Merci à Jorge Andrès Concha Calle pour m'avoir communiqué plusieurs de ces infos.