11 janvier 2014

Hausse de l'activité au Pacaya

Après le Fuego, c'est donc l'activité du Pacaya qui connait, depuis hier soir (20h15 TU environ) une hausse assez importante. Les explosions stromboliennes, qui étaient toujours présentes mais de très faible intensité, sont devenues plus puissantes, projetant bombes et blocs jusqu'à une centaine de mètres de hauteur. Parallèlement, le flux de magma responsable de cette hausse s'est exprimé par la mise en place de coulées qui semblent être restées confinées dans le cratère sommital du cône Mac Kenney. Les sismogrammes montrent bien la hausse
progressive de l'amplitude du trémor, signe tangible de la hausse d'activité en cours, qui finit même par saturer le sismogramme.

Sismogramme du Pacaya. Images : INSIVUMEH


L'éruption est bien visible depuis la côte Pacifique, 50 km au sud, et la capitale, Guatemala City, 30 km au nord.

En réponse à la situation les autorités ont fermé l'accès au parc naturel pour la durée de la crise éruptive. L'aviation civile a restreint le nombre de vols vers ou au départ de la capitale en raison de la présence de cendres dans l'atmosphère et le CONRED, après les recommandations de l'INSIVUMEH, maintient un niveau d'"alerte civile" (alerte qui détermine les actions menées par les autorités) au jaune.
Activité strombolienne du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
L'activité strombolienne cette nuit. Image: Katrin Neuhaus







MàJ n°2 14h36

Deux importantes coulées de lave ont commencé à déborder du cône Mac Kenney. Pour le moment leur localisation n'est pas très claire: il semble, mais c'est à confirmer, que l'une d'entre elles ait atteinte la base du versant nord, en face du Cerro Chino, tandis que la seconde se mettrait en place sur le versant sud du Mac Kenney. La première coulée fait déjà un peu plus d'un kilomètre de long et s'échappe très probablement par l’échancrure laissée sur ce versant par le paroxysme de 2010. L'origine de la seconde n'est pas claire: soit il s'agit d'un débordement, soit il s'agit d'un nouvel évent mais pour le moment les infos ne sont pas très précises. Le top serait bien sûr d'avoir des photos.
Le dernier rapport de l'INSIVUMEH décrit par ailleurs, au sommet du Mac Kenney, une activité strombolienne intense, quasi continue. Vue depuis l'espace elle fait littéralement briller le volcan de 1000 feux dans le domaine des infrarouges thermiques.

Signal thermique du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
Anomalie thermique produite par l'éruption actuelle. Image: GOES/HIGP
Sans photo on peut malgré tout imaginer l'activité en cours: elle doit ressembler aux deux dernières éruptions de l'Etna.

MàJ n°3 (15h40)

Le CONRED a commencé l'évacuation, par précaution, de 12 familles dans les villages de Pacaya et El Chupadero (flanc sud) en raison de la hausse de l'activité. La manière dont se déroule cette activité effusive n'est vraiment pas claire. Le dernier bulletin spécial mis en ligne il y a peu par l'INSIVUMEH semble décrire une fissure éruptive avec 4 évents sur le versant ouest du cône et une coulée longue de 3 km! Il pourrait aussi s'agir de la coulée qui descend d'abord au nord, par l'échancrure, puis qui oblique vers l'ouest en longeant le rempart de la caldera, au pied du Cerro Chino. Tout cela reste à préciser.
La seconde coulée se propagerait sur le versant sud et serait maintenant longue de 1800 m et large de 600m! Raison pour laquelle les habitants du lieu-dit El Chupadero sont évacués, car cette seconde coulée doit se trouver non loin de leur secteur d'habitation.

Une chose est sûre: c'est la plus importante activité éruptive sur ce volcan depuis le paroxysme de mai 2010.


MàJ n°4 (17h20)

Le SE-CONRED (le secretariat executif du CONRED) a déclaré l'alerte civile orange en raison de l'activité en cour du Pacaya. Il faut dire que les coulées qui ont commencé à descendre du massif sont impressionnantes, très bien alimentées. Les images disponibles dans la vidéo d'information ci-dessous confirment que c'est bien une effusion sur le flanc nord du cône Mac-Kenney qui produit des coulées, celles-ci étant ensuite déviées par la topographie (mur d'une ancienne caldera) vers l'ouest, où elles descendent non loin de lieu dit El Patrocinio.




J'ai tenté d'illustrer la situation sur l'image ci-dessous. J'ai fais le choix de ne pas représenter les coulées du versant sud, n'ayant pas assez d'info concernant leur trajectoire.


Localisation approximative de la coulée du flanc nord. Le front actuel n'est pas localisé avec précision.

Le CONRED ne ménage pas ses effort sur le terrain en tout cas!

Les équipes du CONRED devant les coulées de lave du volcan Pacaya,11 janvier 2014
Le CONRED au front des coulées, dans le secteur d'El Patrocinio aujourd'hui. Image: CONRED

MàJ n°5 (21h10)

Le CONRED a transmis une carte qui montre la trajectoire suivie par les deux coulées actuellement actives sur le cône Mac Kenney. Elle a été réalisée suite à un survol du volcan aujourd'hui et permet une lecture plus claire de la situation.

Carte sur laquelle les trajectoires des deux coulées apparaissent en jaune. Image: CONRED.

Quelques images de l'éruption, diffusées par le CONRED qui les a prises tout au long de la journée et de la nuit précédente. Les deux premières sont particulièrement intéressantes car elles montrent clairement la situation. Les coulées sont en réalité alimentées par des fissures éruptives ouvertes très bas sur les pentes du cône. Au sud, la fissure est ouverte vers 1880 m d'altitude tandis qu'au nord elle est ouverte à la base du cône, vers 2250 m d'altitude.


Fissure éruptive sud du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
La fissure éruptive ouverte à mi-pente sur le versant sud du cône Mac Kenney. Image: CONRED

Fissure éruptive nord du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
La fissure éruptive ouverte vers la base du versant nord du cône Mac Kenney. Image: CONRED


Coulée de lave du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
La lave progresse au pieds du Pacaya.Image: CONRED

Une coulée de lave du volcan Pacaya recouvre une zone végétalisée , 11 janvier 2014
Elle envahi les zones végétalisée. Image: CONRED


La lave du volcan Pacaya détruit une zone boisée, 11 janvier 2014
Consume les plantation. Image: CONRED
Coulée de lave du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
Stérilise de vastes surfaces. Image: CONRED
 
MàJ n°6 (12 janvier, 08h18)

L'activité du Pacaya se poursuit actuellement, même si elle semble un peu moins intense. De nouvelles bouches semblent s'être ouvertes, d'après le CONRED, libérant elles-aussi une lave fluide qui vient alimenter le champs de coulées (des coulées de type "aa" ou, chez les francophones "à graton").
Les opérateurs du CONRED ont réalisé hier des images grâce à drône afin de pouvoir cartographier au plus précis la zone affectée par les coulées et, en fonction des caractéristiques topographiques locales (zones plantes, ravines, buttes etc), tenter de prévoir au plus juste possible la trajectoire future des coulées.

Une cartographie de ces coulées a d'ailleurs été réalisée et indique que l'évacuation du lieu-dit El Chupadero n'a pas été inutile: le front de la coulée Sud est aux portes de cette zone habitée. Le petit village d'El Patrocinio semble, quand à lui, bien moins exposé au danger direct. Restent les incendies...

Carte des coulées de lave du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
La carte des coulées du Pacaya. Image CONRED

Les pompiers volontaires tentent en effet d'enrayer la progression des feux de forêt déclenchés par la progression des coulées en milieu très végétalisé. C'est une mission qui sera particulièrement difficile tant que les coulées resteront alimentées.

Les pompiers combattent un incendie de forêt déclenché par les coulées de lave du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
Un pompier creuse un coupe-feu et enlève les feuilles au sol. Elles constituent un combustible très efficace qui augmente la vitesse de propagation de l'incendie. Image: CONRED

Pour finir, voilà une petite image satellite composée hier par le MODIS à partir de différentes longueurs d'ondes, dont certaines qui se trouvent dans la gamme des infrarouges thermiques. On y distingue bien la présence des coulées.

Signal thermique des coulées de lave du volcan Pacaya, 11 janvier 2014
Les signaux thermiques produits par les coulées sont captés jusque dans l'espace. Image: MODIS/NASA



Sources: INSIVUMEH; CONRED; La Prensa Libre; HIGP; MODIS

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