Etna: hausse de l'activité depuis le 22 janvier

Les émissions de cendres sur le cône Nord-Est se sont poursuivies jusqu'au 12 janvier puis se sont dissipées, ne laissant la place qu'à un dense panache blanc ("vapeur d'eau"). Boris Behncke, volcanologue de l'INGV-CT, indiquait, dans son compte-rendu du 10 janvier, que les cendres émises par le Nord-Est étaient constituées de lave ancienne pulvérisées.  Par la suite le volcan est resté calme, jusqu'au 22 janvier, 01h33.
C'est à cette heure que la trace d'activité la plus ancienne se manifeste sous la forme d'une petite lueur incandescente sur la webcam d'Etnaweb, installée à
Nunziata (versant est). Aucune autre trace n'est visible durant les heures précédentes sur cette webcam, qui est l'une des plus sensibles aux basses lumières de toutes celles pointées sur l'Etna: il semble donc très probable qu'il s'agisse bien là de la première manifestation de cette nouvelle phase d'activité du géant Sicilien.

Lueur incandescence sur le NCSE, à 01h33 du matin. J'ai volontairement travaillé l'image pour faire ressortir la lueur. Image: Etnaweb

Cette activité reste faible mais parvient tout de même à imprimer régulièrement sa lumière sur le capteur de la webcam d'Etnatrekking installée sur la Shiena dell'Asino (versant sud-est), pourtant l'une des moins sensibles aux basses lumières. Sur l'image capturée par cette webcam à 05h00 du matin, les projections sont même bien visibles. Au levé du jour, les petits panaches de cendres liés à cette nouvelle éruption sont bien visibles, dans les chaudes lumières du matin.

Explosion strombolienne à 05h00 du matin. Image: Etnatrekking

Emission de cendres dans les chaudes ambiances du levé du jour. Image Etnatrekking

Au cours de la journée du 22, rien de particulier ne se produit sur le volcan, mais l'activité se poursuit. Au couché de soleil l'activité qui se manifeste n'est pas différente de celle repérée le matin. La seule chose qui change est invisible: le trémor a entamé une hausse sensible en cours de journée.

C'est à partir de 23h08 (heure locale) que l'activité connait un premier changement de taille: une bouche effusive s'ouvre sur le haut versant est du NCSE et laisse s'échapper une première, puis une seconde coulée. Elles se rejoignent plus tard, le 23 janvier vers 1h40 (heure locale) en une coulée unique, très faiblement alimentée.

Les coulées du NCSE un peu après 23h00 (heure locale) le 22 janvier. Image: Etnaweb

La situation connait une seconde évolution le 23 janvier en début d'après-midi, à 13h06 (heure locale) précisément, avec l'ouverte d'une nouvelle bouche effusive au pied du versant est du NCSE. Cet
événement, discrèt, ne se manifeste que sous la forme d'une brusque et très brève émission de "vapeur d'eau"*, vers 2800 m d'altitude environ. Au couché du soleil, le nouvel évent** montre son incandescence.

Brusque émission d'un panache blanc au pied du NCSE à 13h06. Image : Etnatrekking

C'est au couché du jour que l’incandescence de la nouvelle bouche apparait. Image: Etnatrekking

De cette nouvelle bouche s'échappe une seconde coulée de lave, la précédente s'étant visiblement tarie en cours de journée. Le débit est tout d'abord extrêmement faible, le front de la coulée n'apparaissant sur les images de la webcam Shiena dell' Asino qu'à 18h14 (heure locale): elle a alors parcouru un distance de l'ordre de 3 à 400 m seulement. La webcam de Nunziata la capture de face, ce qui permet d'en voir nettement la trajectoire sinueuse.

Les différentes zones actives sur l'Etna au soir du 23 janvier. Image: Etnatrekking.

La coulée et sa trajectoire sinuseuse, au soir du 23 janvier,. Image: Etnaweb

Vers 20h20 (heure locale), une autre bouche s'ouvre, juste au sud de la première et à une altitude un peu plus faible. Elle vient alimenter la coulée principale qui, de fait, voit son débit augmenter et, automatiquement, sa vitesse de progression faire de même.

L'ouverture du second évent effusif. Image: Etnaweb

L'activité au sommet du NCSE reste, pendant toute cette période, très discrète.

En cours de nuit malheureusement la météo se dégrade et l'activité est masquée par d'abondants nuages. Quelques trouées permettent de constater qu'au lever du jour, le 24 janvier, l'activité n'a pas connu de grand changement. Seule la coulée continue sa progression. Ci-dessous une image prise ce matin par Boris Behncke depuis sa maison de Trimestieri Etneo (versant sud sud-est): la coulée est digitée (= plusieurs bras) et semble bien alimentée.

Comme à l'accoutumée je ferais des mises à jour régulières de l'activité, en espérant que la météo sera suffisamment clémente pour nous permettre de la suivre.

MàJ 1 (16h00)

Le trémor a pousuivi sa hausse jusqu'en milieu de journée mais, depuis ce moment, stagne. Côté images, les nuages masquent pas mal la vision de l'activité. La teinte bleutée qui se distingue à peine sur les images de la Shiena dell'Asino indiquent que les coulées sont toujours présentes. Au sommet du NCSE on peut noter, parfois, la présence d'émissions de cendres et d'anneaux de fumée, signes que le gaz est parfois émis par de violentes bouffées.

Rond de fumée en fin de journée. Image: Etnatrekking

Emission de cendres. Image: Etnatrekking

Evolution du trémor depuis le 18 janvier. Tout à droite du graphique on voit que le signal stagne. Image: INGV

MàJ 2 (25 janvier, 08h40)

L'activité effusive s'est poursuivie toute la nuit sur le versant est de l'Etna. La quasi-stabilité du trémor (il est en très progressive baisse) suggère que l'activité n'a pas vraiment varié en intensité et que les coulées ne sont ni plus ni moins alimentées qu'hier. Toutefois la présence d'importantes masses nuageuses empêche de voir concrètement comment se déroule l'activité actuellement. Notamment il est impossible de savoir, par exemple, ce qui se passe au sommet du NCSE, ou de savoir si de nouvelles bouches se sont ouvertes ou non pour alimenter le flot de lave qui en sort, etc.

En tout cas l'ambiance en fin de nuit était vraiment sympa comme le montre la photo ci-dessous, prise par le volcanologue Boris Behncke.

Evolution du signal sismique de type "trémor". Image: INGV

MàJ n°3 (26 janvier 09h24)

L'activité éruptive s'est maintenue tout au long de la nuit et reste stable. La lave continue de couler depuis l'évent ouvert à la base du versant est du NCSE et une activité strombolienne modérée continue d'animer le sommet de ce même cône (voir photo de Boris Behncke ci-dessous).

L'activité de l'Etna dès potron-minet, ce matin. Image: Etnatrekking

On peut noter sur le tracé du trémor qu'en milieu de journée hier le trémor a connu un étrange double pic. Les images disponibles, très encombrées du nuages, ne permettent pas de voir si cet événement a été conjoint avec une modification quelconque de l'activité éruptive: difficile donc d'interpréter cette perturbation passagère du signal volcanique.

Quoi qu'il en soit cette activité, bien que modérément explosive, a malgré tout conduit à la fermeture partielle de l'aéroport de Catane cette nuit en raison des cendres présentes dans l'atmosphère, plusieurs vols ayant été détournés vers l'aéroport de Comiso, au sud.

Perturbation du trémor hier. Image: INGV

MàJ n°4 (16h20)

Les images de la webcam thermique de l'INGV installée sur le vieux cône de la Montagnola (au sud du sommet) semblent indiquer que l'activité strombolienne au sommet du NCSE a connu une baisse de régime cette nuit à partir de 3h30 du matin (heure locale). Il semble qu'elle n'ait été que temporaire puisque des émissions de cendres sont toujours visibles actuellement.

La baisse de régime de l'activité strombolienne, ce matin. Images: INGV

Les émissions de cendres se poursuivent en fin d'après-midi. Image : Etnatrekking

Le tracé du trémor de son côté ne montre pas de variation significative. Il présente juste un pic important qui n'a rien de volcanique: il représente une vibration sismique supplémentaire qui a traversé le volcan à 13h57 TU, bien visible sur les sismogrammes de l'Etna. Il s'agit en fait d'une secousse d'origine tectonique (rupture de roches mises sous contraintes par la tectonique des plaques) dont l'épicentre se trouve sur la côte ouest de la Grece (Lixourion). Magnitude 6 tout de même: on pourrait en entendre parler au journal.

Trace du seisme de Luxurion sur les tracés sismiques de l'Etna. Images: INGV

Agrandir le plan

MàJ n°5 (27 janvier)

Pas grand chose à dire sur l'activité éruptive si ce n'est qu'elle est toujours en cours actuellement, sans grand changement par rapport à hier. Le trémor baisse progressivement depuis l'après-midi du 25 janvier mais cela ne se manifeste pas de manière très claire sur l'activité éruptive pour le moment.

Les coulées de lave étaient toujours bien alimentées ce matin et le NCSE continue à produire, de temps à autres, de petites bouffées de cendres.

Evolution du trémor depuis 2 jours.Image: INGV

Les coulées étaient encore bien visibles ce matin. Image:Etnatrekking

Quelques émissions de cendres se sont produites en cours de journée. Image: Etnatrekking

Pour les détails de terrain, n'hésitez pas à aller consulter le rapport d'Etnawalk (en italien) qui sont souvent sur place pour observer l'évolution de la situation (lorsque la météo le permet).


MàJ n°6 (29 janvier 06h56)


Depuis ma précédentes mise à jour l'activité n'a pas vraiment changé sur l'Etna mise à part que le trémor poursuit son progressif affaiblissement. La lave continue de couler depuis la base est du NCSE, avec une diminution notable du débit, qui correspond à l'affaiblissement du trémor. Au sommet du NCSE de faibles émissions de cendres sont toujours visibles.

L'activité vue ce matin depuis la Schiena dell'Asino. La coulée, à droite, est visiblement plus faible. Image: Etnatrekking

Le système de coulées vues depuis Nunziata au petit matin. La base de la coulée est moins incandescente, signe de son affaiblissement. Image: Etnaweb

L'évolution du trémor entre les 23 et 29 janvier 2014. Image : INGV

La situation ce matin vue par la toute récente webcam thermique installée sur le Monte Cagliato. Image : INGV

Sources: FlickR de Boris Behncke;INGV;Etnaweb;Etatrekking;Etnawalk;USGS;

*: je met l'expression "vapeur d'eau" entre guillemets car la véritable vapeur est un gaz invisible. En réalité le panache blanc est constitué d'eau liquide sous forme de micro-gouttes et non de véritable vapeur.

**: "évent éruptif" est un synonyme de "bouche éruptive".