27 décembre 2013

Sinabung: présence d'un dôme confirmée par le VSI

Le dernier rapport du VSI fait un point sur la situation éruptive du Sinabung et précise qu'un dôme de lave a fait son apparition. Je n'en suis pas sûr mais il semble que ce soit dans ce que j'avais, par défaut, appelé "l'évent 3" dans mes précédents posts.

Position des différents évent éruptifs apparus successivement depuis septembre. Images : VSI; montage-annotations: Culture Volcan

Ce rapport met surtout fin à pas mal de rumeurs et d'hypothèses qui avaient court sur le web depuis une quinzaine de jours quand à l'apparition de ce dôme. Les prémices ont été lancés début décembre lorsque des bruits d'éboulements ont été entendus et, trop rapidement, été attribués à la formation d'un dôme. Il s'avère que les parois des ravines, fragilisées par l'éruption, la sismicité, l'ouverture de fissures, ont pu générer ces éboulements.

Dans les jours qui ont suivi, aucune image de ce dôme n'est sortie et aucune information supplémentaire n'en a été fournie et ce n'est qu'à partir du 24 décembre que l'observateur du VSI en poste dans le village de Ndokum Siroga (plein est par rapport au Sinabung) a constaté la présence d'un dôme en croissance au sommet (voir l'image ci-dessous). Exit donc la possibilité d'un dôme début décembre.


L'image du rapport du VSI montre les étapes de la croissance du dôme depuis le 24 décembre (en vert). Le trait noir représente le relief normal, avant apparition du dôme.Image : VSI

La présence de ce dôme change tout quand à la gestion de crise car c'est maintenant que, concrètement, s'ouvre la possibilité de voir apparaitre des écoulements pyroclastiques de plus grande ampleur que ceux déjà observés en septembre, octobre.

La croissance d'un dôme de lave n'est en effet jamais vraiment sereine. Le dôme est en réalité une masse de lave très visqueuse qui, en sortant, voit sa surface refroidir et former une pellicule de lave rigide, entourant un coeur plus déformable (un peu comme un Brownie pas cuit). Cette masse est alimentée par dessous et grandit ce qui a pour conséquence d'étirer et d'émietter la carapace solide en blocs de toutes tailles. C'est comme ça que se forme de fréquentes avalanches de blocs.
Tant qu'elles restent coincées au sommet du volcan, le danger n'est pas immédiat, mais à partir du moment où le dôme va atteindre le rebord de la zone sommitale, les avalanches vont se dérouler dans les ravines ouvertes dans les flancs.
Mais ça ce n'est que la partie la moins problèmatique de la présence du dôme. Car si il atteint le rebord, il va en fait lui-même commencer à s'engager dans la pente et devenir très instable: entre les fréquentes avalanches de blocs, ce sont ainsi des fragments de très gros volume qui risquent de se détacher et de produire des écoulements pyroclastiques, plus fluides, plus mobiles (comprendre: "susceptible d'atteindre des zones plus éloignées") et  plus rapides que les simples avalanches. La "taille" de l'écoulement (vitesse max, distance max etc) sont liés dans ce cas de figure directement au volume du fragment qui se décroche.

Mais il ne s'agit là que d'un premier type d'écoulement pyroclastique, provoqué par la déstabilisation d'un dôme. Sa présence ouvre aussi la porte à une autre possibilité: les écoulements liés à son explosion... plus inquiétant.

Car ce dernier peut aussi servir de bouchon et largement freiner momentanément le dégazage de la colonne de magma qui se situe en dessous. La surpression peut finir par faire sauter le dôme pour se libérer, à la condition qu'elle soit suffisante pour vaincre la résistante mécanique de la roche qui le constitue. L'énergie accumulée dans ce processus est immense, et la taille du ou des  écoulements augmente en proportion. Le vrai problème ici est la quasi imprévisibilité de l'événement.
Pour le Sinabung, la situation est maintenant un peu moins critique car les évacuations ont eu lieu.


Au final, la suite des événements est conditionnée à une question: le magma en cours d'extrusion* est-il assez riche en gaz pour faire sauter le dôme? Ou, au contraire, l'activité explosive qui a animé le volcan depuis septembre a-t-elle suffisamment dégazé la masse de magma qui arrive?

Dans le premier cas on peut imaginer que des explosions puissantes arrivent assez rapidement. Dans le second le nombre et/ou l'intensité des explosions pourrait être plutôt faible.

A ce sujet, le rapport du VSI semble plutôt encourageant: les mesures de SO2 sont décrites en hausse mais les volanolgues l'intérprètent comme le résultat de l'ouverture de fissures qui libèrent l'excès de pression.
Il faut préciser le sens de ces mots: cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'explosions, puissantes ou non, mais simplement que le risque d'en voir une de grande ampleur se produire est un peu moins grand grâce à ces fissures. Vous n'entendrez jamais un volcanologue moderne prédire une situation mais il se doit de la prévoir et déterminer la probabilité qu'elle se produise.


Source : VSI


* on emploie le mot "extrusion" lorsque du magma visqueux sort d'un volcan sans exploser, mais en formant un dôme ou un dôme-coulée, et pas une coulée de lave.


L'évolution de la situation depuis septembre

15 septembre
16 septembre
17 septembre
24 septembre
01 octobre
24 octobre
26 octobre
30 octobre
01 novembre
03 novembre
05 novembre
10 novembre
11 novembre
16 novembre
18 novembre
24 novembre
28 novembre
11 décembre
18 décembre


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