Une activité explosive s'est produite aujourd'hui au Salvador, à 10h50 (heure locale) sur le San Miguel, aussi appelé Chaparrastique en langue locale. L'activité a généré un imposant panache de cendres et provoqué la mise en place de l'évacuation préventive des personnes résidentes à moins de 3 km de l'édifice.
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D'après le Ministère en charge de l'Environnement et des Risques Naturels Salvadorien (MARN) le panache s'est élevé jusqu'à 5000 m d'altitude [MàJ: entre 5 et 10 km selon le rapport n°3 du MARN édité le 30 décembre]. La protection civile a, de son côté, mis en place une alerte jaune dans la zone afin de limiter les accès à la zone des 3 kilomètres et gérer les évacuations. Visiblement des personnes ont dores et déjà été affectées par l'inhalation des cendres.
Pour le moment les informations sont assez disparates mais une conférence de presse du MARN aura lieu dans la journée pour poser les éléments importants de la situation et des mesures prises.
La dernière éruption connue, de faible intensité, s'est produite en janvier 2002. Depuis, l'édifice a de temps à autres, connu des crises sismiques dont certaines ont surtout été interprétées comme le résultat infiltration d'eau de pluie abondantes plus que d'une activité éruptive en préparation. Il faudra d'ailleurs attendre d'avoir des analyses plus approfondies de la part des volcanologues Salvadoriens pour savoir si le panache est constitué de cendres "juvéniles" (magma neuf) ou si il s'agit de roches anciennes pulvérisées.
Dans le premier cas en effet on peut s'attendre à un éruption normale, d'une durée impossible à déterminer mais au moins de quelques jours. Dans le second cas il peut s'agir d'une manifestation phréatique et il pourrait alors ne s'agir que d'une activité passagère.
MàJ: oooops! J'ai oublié un détail important, et même essentiel, qui explique pourquoi cette activité va être suivie de près dans les jours qui viennent: la seconde plus grande ville du Pays, San Miguel de la Frontera (un peu moins de 250 000 habitants en 2013), se trouve à environ 7 km au nord-est de l'édifice. Les cartes de risques éditées par indiquent que les coulées de lave et les écoulements pyroclastiques sont susceptibles d'atteindre la ville. Vous comprendrez alors pourquoi chaque manifestation est observée de près.
Extrait de la carte de risques élaborées par le MARN. Image: MARN |
MàJ 2 (20h40)
Le vice-Ministre du MARN se déplace actuellement sur place pour constater l'importance de la situation, ainsi qu'une équipe de volcanologues. Dans le même temps le géophysicien Chilien Luis Donoso m'a fait savoir (et je l'en remercie chaleureusement) que le traffic aérien était perturbé suite à l'explosion de ce matin. Il faut dire que les chutes de cendres se sont révélées abondantes, comme le montre cette photo, prise à Sans Jorge, à environ 5 kms à l'ouest de l'édifice.
Chutes de cendres à San Jorge. Image: La Prensa Grafica (auteur non précisé) |
Le journal en ligne La Prensa Grafica indique qu'actuellement ce sont environ 200 familles qui ont été prises en charges dans des "albergues" (refuges), et nombre d'entre elles ont évacué spontanément, sans l'aide des autorités.
Une petite vidéo prise au moment où le panache commence à s'étendre latéralement.
MàJ 3 (22h10)
Le capteur MODIS embarqué sur le satellite AQUA a pu faire une belle capture du panache qui s'étire globalement vers le sud-ouest du volcan sur environ 150 km de long.
MàJ 4 (30 décembre, 10h44)
L'activité s'est calmée sur la San Miguel après la puissante explosion qui a arrosé de cendres les villages alentours hier en milieu de journée.
Les sismogrammes indiquent que l'événement a été précédé d'une forte hausse de la sismicité à partir de 06h30 (heure locale) environ. Après l'événement, cette sismicité a rapidement décru, à partir de 12h30 (Heure locale). A 13h00 (HL), tout était presque revenu à la normale ce qui pourrait indiquer qu'il s'est agit d'un événement isolé, malgré sa puissance et les images impressionnates qui ont circulé sur le net. Le volcan a tout de même continué d'émettre un peu de cendres jusqu'à 17h00 (HL) environ, puis n'a plus émis qu'un abondant dégazage.
Toutefois il se pourrait que quelque chose n'ait pas fonctionné correctement au niveau institutionnel car le MARN a indiqué lors de sa conférence de presse d'hier qu'une sismicité anormale a été enregistrée à partir du 13 décembre, précurseur de l'événement. On peut donc dire que c'est un coup de chance qu'il n'y ait eu aucune victime directe, ni dégâts matériels conséquents.
Il faudra quand même attendre plusieurs jours ou semaines pour transformer en certitude la possibilité que l'activité retourne actuellement à la normale.
Au total, ce sont plus de 1000 personnes qui ont été évacuées après l'explosion, et 10 départements touchés par les chutes de cendres.
MàJ n°5 (19h13)
L'activité éruptive a été filmée par la webcam en streaming que je vous ais mise en colonne de droite du blog. On y voit bien le départ de l'explosion et, détail qui a son importance, un petit écoulement pyroclastique, très court, sur ce que je pense être le versant nord ou nord-est (à confirmer). Il se voit bien à partir de la 13ème seconde du film.
On peut aussi noter que l'activité explosive se déroule en réalité en deux temps: une première explosion qui ouvre le conduit puis une seconde plus puissante (qui produit l'écoulement pyroclastique) qui alimente le panache qui est monté entre 5 et 10 km d'altitude (5 pour les estimations sur place, 9 pour le VAAC de Washington et entre 5 et 10 pour le MARN...pas très clair en fait). Après cette seconde explosion l'activité explosive se maintient et alimente le panache sans discontinuer. Les volcanologues parlent ici d'une activité explosive "en conduit ouvert". Je pense qu'on peut catégoriser cette explosion dans le style vulcanien (peut-être une milliruption ou une centiruption dans l'échelle Klemettienne).
Sources : La Prensa Grafica; MARN; ACTIV; Luis Donoso (com.pers); youtube, MODIS/NASA
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