Alors qu'une activité strombolienne, timide mais assez stable, avait début dès la fin de journée le 22 novembre, elle a finit pas déboucher aujourd'hui sur une nouvelle phase paroxysmale, toujours localisée sur le Nouveau Cône Sud-Est, mais très courte.
Cette montée en puissance a débuté peu avant 08h00 du matin par une accentuation des bouffées de gaz, qui ont donné lieu a toute une série d'anneaux de fumées.Rond de fumée associé aux cendres d'une explosion strombolienne. Image: Etnatrekking |
Mais cela est resté tout de même progressif jusqu'à 09h36 à peu près, moment où l'activité est montée brusquement en puissance. Mais c'est aussi un paroxysme étonnant par sa durée: tout a été plié en
l'espace de 2 heure environ puisque la fontaine s'est "éteinte" à 11h15, assez brutalement.
Contrairement aux trois précédents paroxysmes, celui-ci ressemble un peu plus à ceux que le volcan a produit ces dernières années. La fontaine s'est mise en place rapidement, alimentant un très puissant panache de cendres, haut d'environ 6000 m (donc le sommet du panache est à environ 9000m d'altitude) emporté vers le nord-est : depuis Paterno il a quelque chose d'assez terrifiant, mais depuis Bronte (à l'ouest, l'ambiance est carrément dantesque (le VAAC de Toulouse décrit d'ailleurs le panache comme très important (severe)), qualificatif rarement employé dans un bulletin de VAAC)
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Notez sur l'image prise à Paterno le tri qu'opère la gravité dans le panache: alors que les cendres et les gaz sont mélangés au moment de leur éjection par la fontaine, on distingue nettement en altitude une couche de gaz dominée par la "vapeur d'eau"* et, juste en dessous, une couche dominée par les cendres.
Cette activité puissante arrose Taormine, pourtant située à presque 30 km de distance, d'une averse de cendres et de lappilis**.
Chutes de cendres et lappilis à Taormine. Image : Villa Ducale |
Il faut noter que, pendant le climax (le moment le plus intense, NDLA) de l'éruption, des bouffées de vapeur ont, à plusieurs reprises, pris naissance au niveau du NCSE, signe probant d'une interaction avec de l'eau dont il reste à déterminer l'origine (peut-être de la fonte de neige). Cette interaction s'est au manifeste de manière plus discrète mais bien visible, par des gerbes à caractère cypressoïdes (voir mon post de ce matin sur l'éruption du Nishino-Shima pour plus d'infos à leur sujet).
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Le problème, pour l’interprétation des étapes de cette nouvelle éruption, c'est la présence de nuages qui n'ont pas permis d'avoir le détail des événements. Les différentes images qui ont été produites par les webcams laissent ainsi penser qu'il n'y a pas eu de coulée de lave. La présence suspect de gaz sur le flanc sud du col qui sépare les deux cônes Sud-Est pourrait être dûe à la présence d'une courte coulée, mais il pourrait tout aussi bien s'agir des dépôts, encore à très haute teméprature, de la fontaine de lave.
En tout cas, après la fin de ce paroxysme éclair, le NCSE continue de libérer des cendres, signe que l'activité éruptive n'est pas finit. Et si les choses évoluent en court de journée, je mettrais ce post à jour.
MàJ 18h00
Je suis allé chercher quelques vidéos qui permettent de mieux se rendre compte de l'ambiance pendant le paroxysme.
On commence par des chutes de lappilis** dans un village non identifié mais situé au nord-est du volcan.
On reste avec les lappilis** avec ces quelques images des rues envahies de matériau volcanique. On pourrait penser que c'est juste un peu marrant, vu que ça n'a pas l'air dangereux. Mais en réalité il va falloir que les autorités locales mettent en place rapidement les moyens nécessaires au nettoyage de tout ce qui est tombé car, aux premières pluies, les lappilis** partent dans les égoûts et risquent de les boucher (ils ne flottent pas).
Mais les citoyens n'attendent pas que les camions passent: ils commencent le nettoyage dès la fin du paroxysme...et dans la bonne humeur s'il vous plait!
On continue avec une étonnante vidéo de l'éruption faite en caméra thermique.
En tout cas, après la fin de ce paroxysme éclair, le NCSE continue de libérer des cendres, signe que l'activité éruptive n'est pas finit. Et si les choses évoluent en court de journée, je mettrais ce post à jour.
MàJ 18h00
Je suis allé chercher quelques vidéos qui permettent de mieux se rendre compte de l'ambiance pendant le paroxysme.
On commence par des chutes de lappilis** dans un village non identifié mais situé au nord-est du volcan.
On reste avec les lappilis** avec ces quelques images des rues envahies de matériau volcanique. On pourrait penser que c'est juste un peu marrant, vu que ça n'a pas l'air dangereux. Mais en réalité il va falloir que les autorités locales mettent en place rapidement les moyens nécessaires au nettoyage de tout ce qui est tombé car, aux premières pluies, les lappilis** partent dans les égoûts et risquent de les boucher (ils ne flottent pas).
Mais les citoyens n'attendent pas que les camions passent: ils commencent le nettoyage dès la fin du paroxysme...et dans la bonne humeur s'il vous plait!
On continue avec une étonnante vidéo de l'éruption faite en caméra thermique.
On passe ensuite sur un time-lapse tourné depuis un point de vue qui se trouve à Forza d'Agro, à environ 35 km au nord-est du volcan. Il montre bien l'importance du panache, son extension mais aussi les abondantes chutes de lappilis**. Belle ambiance.
Un autre time-lapse tourné d'un peu plus loin puisque le preneur de vue se trouve quelque part entre Reggio di Calabria et Villa San Giovani (peut-être à Gallico)
Et maintenant une vue du panache depuis le vesant sud-ouest, du côté d'Adrano probablement (pourquoi les personnes qui mettent des vidéos en ligne ne précisent pas la zone de prise de vue???)
et Pour finir une vue générale du panache, depuis le versant est du volcan, vraisemblablement entre Riposto et Stazzo (pas très précis...).
MàJ 24 novembre
Une dernière vidéo, un peu moins fun, mais qui montre bien ce que c'est aussi de se retrouver sous un panache de cette ampleur.
Les images webcams prisent en fin de journée le 23 novembre montrent que deux coulées ont été produites, comme l'indique par ailleur le rapport de l'INGV.
L'un d'elles est bien présente au sud, au niveau du col entre les deux cônes Sud-Est, à l'endroit où il y avait des "gaz suspects" (voir première partie du rapport). La seconde ("coulée est" sur l'image ci après) a pris naissance dans l'échancrure du NCSE. Les deux coulées sont particulièrement courtes puisque la plus importante des deux (la "coulée est") n'a parcouru que 300 ou 400m environ.
Les deux coulées sont visible le soir du 23 novembre. Image : ETnatrekking |
Sources : INGV, ETnatrekking, Villa Duvale, N.Zappal, Radio-Touring, Youtube
*le terme "vapeur d'eau" est entre guillemets car il ne s'agit pas en réalité de vapeur d'eau mais de microscopiques gouttes d'eau liquide, condensées à partir de la vapeur produite par l'éruption.. La véritable vapeur d'eau est invisible.
**le terme lappili s'emploie pour décrire des fragments de lave projetés dont la taille est comprise entre 2 et 64 mm (c'est précis). En dessous des 2mm on entre dans la classe des cendres, au dessus des 64 mm , c'est le domaine des bombes volcaniques.
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