L'activité éruptive se poursuit sur cette nouvelle petite île qui a émergé des flots il y a quelques jours. Le plus intéressant d'un point de vue volcanique ici est le changement de style de l'éruption, qui est passée de surtseyenne à Strombolienne en 2 jours. Sur son blog Volcano Planet, le volcanophile anglo-saxon René Goad précise que la fréquence des explosions strombolienne est de l'ordre d'une toutes les 2 à 3 minutes. Il précise aussi que cette petite île porte maintenant le nom de Niijima qui pourrait se traduire par "la montagne frère" (à confirmer).
Pour bien voir le changement, il suffit de comparer les deux vidéos ci-dessous:
1- Activité surtseyenne
2- Activité strombolienne
1- Activité surtseyenne
2- Activité strombolienne
Pourquoi une telle différence, alors même que l'intensité de l'éruption ne semble pas avoir changé? La réponse est l'eau.
Lorsqu'un magma rencontre de l'eau, il y a une production d'explosions violentes dûes à un mécanisme complexe (et encore relativement incompris, car il ne s'agit pas simplement d'une vaporisation d'eau). Le magma est pulvérisé en particules fines (cendres) mélangées à la "vapeur" d'eau produite. Les deux étant expulsés simultanément par les explosions, elles donnent ces panaches blancs et noirs dits gerbes cypressoïdes du fait de leur forme vaguement proche de celles d'un Cyprès. Mais au fur et à mesure que l'éruption progresse, et que les cendres et bombes s'accumulent, deux choses se produisent conjointement:
1- l'épaisseur de matériaux accumulés grandit et constitue un barrage naturel de plus en plus efficace contre l'entrée de l'eau dans le volcan en construction.
2- des réactions chimiques complexes se produisent entre les roches et l'eau, favorisées par les très hautes températures qui règnent dans le cône. Ces réactions conduisent à cimenter les cendres et blocs entre eux, ce qui renforce l'efficacité du barrage en le rendant hermétique.
C'est ce qui s'est passé en deux jours (la seconde vidéo est datée du 22 novembre): l'eau ne parvenant plus à pénétrer dans le cône l'activité surtseyenne, qui n'existe que par sa rencontre avec le magma, cesse pour passer progressivement la place à une activité strombolienne classique. Le magma, de son coté, n'a changé ni de composition, ni de débit.
C'est un exemple très pédagogique d'une transition de style éruptif qui illustre bien quel rôle l'eau peut jouer dans le déroulement d'une éruption.
En Haute-Loire un très bel exemple de cette transition Surtseyen-Strombolien est représenté par le volcan de La Denise, à l'entrée ouest de la ville du Puy-en-Velay.
Source : Volcano Planet
*: je met ici le mot "vapeur" entre guillemets car le panache blanc n'est en réalité pas constitué de vapeur d'eau, mais d'eau liquide sous forme de micro-gouttes. La véritable vapeur d'eau, qui se trouve en grande quantité dans l'atmosphère, est invisible. L'eau est donc vaporisée au niveau où l'eau rencontre des roches à très hate température, au fond du cratère, mais recondense immédiatement quand elle part vers l'atmosphère plus froide, et forme ainsi le panache.
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