L'Institut de Géophysique Péruvien a mis en ligne hier un bulletin complet décrivant le regain d'activité que connait l'Ubinas depuis le 1er septembre, et les recommandations qui vont avec.
Le rapport fait état d'au moins 6 explosions différentes entre les 01 et 03 septembre. Les plus importantes ont eu lieu le 02 septembre à 15h52 et le 03 septembre à 08h09 (heure locale), et ont produit des panaches hauts de 2000m. Le panache de la seconde explosion a été "capturé" par le MODIS le jour-même. Cette explosion a aussi pu être photographiée.
Malgré tout les volcanologues péruviens précisent que toutes les explosions ont été mineures, ne libérant que peu d’énergie.
La plupart d'entre elles ont projeté des bombes et blocs, certains à haute température, creusant des cratère d'impact de 2 m de diamètre. Mais le rapport explique qu'il s'agit exclusivement de roches altérées : il n'y a nulle trace de magma neuf dans les dépôts de cette activité.
Une bombe projetée par l'activité. Image : rapport de l'IGP. |
Les diverses mesures donnent aussi des valeurs assez faibles. Certes la sismicité montre un pic lié aux explosions, mais l'énergie libérée par chacune d'elle va en diminuant avec le temps. Les mesures de SO2 donnent des valeurs certes modestes (155 tonnes/jour) mais plus élevées que celles faites avant la crise. Enfin les mesures de déformations ne montrent aucune variation significative.
L'hypothèse d'une déstabilisation du système hydrothermal de l'édifice, zone interne au volcan où se rencontrent et se mélangent à la fois les fluides et la chaleur issues des zones plus profondes (chambre magmatique, filons d'alimentation en cours de refroidissement) et les fluides de surface (eau de pluie ou de fonte de neige), reste donc la plus compatible avec les observations. Cette déstabilisation serait survenue suite à l'arrivée d'eau de fonte des neiges qui, s'échauffant au niveau du système hydrothermal, aurait créé un surplus de vapeur, donc une surpression que l'activité explosive a peu à peu évacuée. Ce type d'activité est dite "phréatique"'.
Par mesure de précaution, les volcanologues préconisent que le niveau d'alerte soit tout de même élevé au jaune. Mais rien ne semble indiquer pour le moment que cette activité puisse être le précurseur d'une activité éruptive avec intervention de magma (phréatomagmatique ou magmatique). Affaire à suivre.
Source : Rapport de l’Institut de Géophysique du Pérou (en espagnol)
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