18 septembre 2013

Que se passe-t-il à l'Arenal? Pas grand chose pour le moment...

Voilà déjà plusieurs jours que des informations circulent sur le web concernant une possible reprise d'activité sur ce volcan ultratouristique du (non moins ultratouristique) Costa Rica.

Le volcan Arenal vu du nord-ouest
Vue aérienne du flanc nord de l'Arenal. Image: anywhere Costa Rica
Depuis environ 3 ans en effet plus rien ne se passe sur cet édifice qui a pourtant été en éruption presque permanente depuis 1968. Son réveil à l'époque n'était pas passé inaperçu: violentes explosions, ouvertures de nouveaux cratères, retombées de bombes jusqu'à 5 km, écoulements pyroclastiques et un bilan d'au moins 80 morts. L'activité par la suite s'était stabilisée, alternant, à son rythme de croisière, de l'activité strombolienne et des phases plus intenses à l'origine d'explosions vulcaniennes, et la mise en place de coulées de lave.

Dégazage du volcan Arenal, 18 septembre 2013
Le dégazage tel qu'observé ce matin au levé du jour. Image : OVSICORI via facebook

Or le 08 septembre, des photos et vidéos montrent à nouveau la présence d'un panache de gaz, blanc,
qui s'élève au-dessus de l'édifice. Prémisse d'un réveil imminent? Trop tôt pour avoir des certitudes, mais suffisamment sérieux pour que l'OVSICORI-UNA, en charge de la surveillance sismique et volcanique du Costa Rica, programme un survol, qui a eu lieu le 14 septembre.

Image thermique du sommet du volcan Arenal, 14 septembre 2013
Image thermique réalisée par l'OVSICORI le 14 septembre. Image : OVSICORI
Lors de ce dernier les volcanologues passent à l'aplomb des cratères sommitaux afin de réaliser des mesures thermiques, des photos et des mesures de la composition des gaz (à noter que pour cette opération, l'avion doit passer dans le panache de gaz à plusieurs reprises).

Sur les premières apparaissent des zones de hautes températures associées à l'émission des gaz qui alimentent le panache observé depuis le 08 septembre. Ces zones de fumerolles, qui semblent restreintes à un seul des cratères sommitaux (le "cratère C" de l'image ci-dessus), ne sont pas distribuées de manière aléatoire. Elles se localisent toutes le long de la crête de ce cratère, et dessinent une forme circulaire, marquant la présence des fractures qui leur servent d'échappatoire.
Le bulletin mis en ligne par l'OVSICORI le 16 septembre explique que ces dernières, qui ont déjà été observées plusieurs mois auparavant, sont le résultat de la rétraction thermique de la masse de lave qui remplit les cratères sommitaux. Cette diminution de volume apparait lorsqu'un solide se refroidit et est un phénomène parfaitement courant dans le volcanisme, à l'origine en particulier des "orgues" des coulées de lave ou de certains dépôts de cendres. En ce contractant la masse de magma, qui forme un ensemble assez cohérent (un sorte de cylindre dans ce cas) se décolle lentement des parois de la cheminée dans laquelle elle se trouve, ce qui ouvre les fissures.

Les analyses de gaz réalisées lors du survol montrent quand à elle que les concentrations en H2S et CO2, qui sont des marqueurs de la présence d'un magma neuf, sont très faibles et le SO2 absent.


Les conclusions du rapport de l'OVSICORI sont ainsi sans appel: rien n'indique que le panache observé début septembre soit le fait de la présence d'une nouvelle masse de magma. Ce qui exclue de facto la possibilité d'une nouvelle activité (magmatique) à court terme.

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