Le 09 septembre, deux membres du NASA Earth Observatory, Jesse Allen
et Robert Simmon, acquierent une image haute résolution du "Groupe du
Klyuchevskoy" zone volcanique la plus active du Kamchatka, et dont le Tolbachik est le représentant le plus méridional.
Cette image, prise par
l'instrument OLI (Operational Land Imager) embarqué sur le
satellite Landsat 8, permet de voir l'exacte extension du champs de lave
(zones les plus sombres) produit pendant les 9 mois d'éruption du
Tolbachik.
On en voit particulièrement bien les deux lobes :
- le lobe ouest (à gauche) longiligne et très digité
- le lobe est (à droite), plus court et trapu
Zone sélectionnée et annotée par J.Allen et R.Simmon de l'image originale. Image : NASA |
Une
image satellite de cette qualité a toutefois un point faible: elle plus
ou moins figée dans le temps. "Plus ou moins" car, en réalité, on peut
lire une chronologie relative sur ce type d'image, c'est à dire repérer des coulées
plus anciennes, d'autres plus récentes, sans pouvoir leur donner un âge précis (ce qui constitue une datation dite "absolue"). Mais concernant le champs de
lave qui vient de se former, impossible, pour qui n'a pas suivi
l'éruption, de distinguer au premier abord si les deux lobes se sont
formés en même temps ou l'un après l'autre.
C'est là que les données du MODVOLC sont intéressantes puisqu'elles sont datées.
Voyant l'image
acquise par le NASA Earth Observatory, je me suis donc
dit qu'il serait intéressant de la "coupler" avec la carte de l'anomalie
globale que je vous ais présenté dans le volume 1 de ce sujet.Voilà le résultat.
Comparaison entre la forme réelle des coulées et le signal thermique associé. Images : NASA (gauche) et Culture Volcan |
Pour permettre la lecture de cette petite
composition d'images, j'ai tracé en tiretés blancs l'"enveloppe" des
coulées de 2012-2013, puis l'ai reportée sur l'"anomalie thermique
globale" de la carte de droite. Que nous racontent ces deux images?
- Celle de gauche, figée dans
le temps, donne une vision exacte des dimensions des coulées accumulées de part et d'autre de Tolbachinsky
Dol. Longueur, largeur, forme: tout y est...sauf l'épaisseur. Pour faire simple elle dit: "voilà à quoi ressemble le champs de
lave aujourd'hui, mais je ne sais pas dans quel ordre il s'est édifié".
- Celle de droite est à contrario très imprécise: la surface occupée par
les anomalies thermiques est au moins deux fois plus grande que la forme
réelle des coulées dont elles sont pourtant issues. Par contre, le code
couleur ne laisse pas de doute quand à la chronologie de l'éruption: la
partie noire correspond aux anomalies thermiques les plus anciennes,
les rouges aux plus récentes. Le lobe gauche est donc plus ancien que le
lobe droit. En clair, l'image nous annonce: "Bon je suis myope et je
peux pas vous dire quelle est la forme exacte du champs de lave. Par
contre je peux vous dire dans quel ordre il s'est construit".
L'avantage
de ce type de comparaison c'est aussi de bien prendre conscience des
limites de la lecture des anomalies thermiques. Leur imprécision les
rend parfois difficilement interprétables et des images satellites de
hautes résolution sont nécessaires pour savoir précisément ce qu'il se
passe.
Ce fut par exemple le cas il y a peu avec le volcan Heard Island:
sans image de haute résolution, le signal thermique qui est parfois
repéré ne peut être concrètement relié à rien d'autre qu'à des
suppositions concernant l'activité qui en est la source.
Source: NASA Earth Observatory
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