En parcourant les données du VAAC
de Washington, on peut noter qu'il est fait mention d'une exhalaison qui
s'est produite vers 08h10 TU, soit 03h10 heure mexicaine.
Par
curiosité, et parce que de nombreuses webcams surveillent le volcan, je
suis allé jeter un oeil sur les images afin de voir si cette exhalaison
pouvait être observée. Malheureusement une couverture nuageuse encore importante ne permet pas d'avoir une vision très nette de l'événement. Cependant les images restent intéressantes à regarder de plus près.
L'exhalaison suivie par le VAAC de Washington et la modélisation de la trajectoire des cendres émises. Image : VAAC de Washington |
Ces images portent en effet à croire qu'il ne s'agit pas d'une simple
exhalaison, comme suggéré par le VAAC, mais bien d'une forte et brève explosion.
Deux images en particulier ont retenu mon attention.
La
première, prise par la webcam de Tlamacas montre une très importante zone incandescente sur le versant est du stratovolcan à l'heure de l'événement. Cette zone incandescente persiste sur plusieurs images successives, contrairement à la plupart des retombées de blocs et bombes, dont le refroidissement fait disparaitre leur incandescence très rapidement.
Des blocs sont tombés sur tous les versants, mais c'est le versant est le plus impacté par l 'explosion. Image : CENAPRED |
Elle persiste tellement que je me suis même demandé si une coulée de lave
se mettait en place, avant qu'elle ne s'estompe par la suite.
L'autre image qui permet de donner une juste dimension à l'événement est fournie par la webcam installée à San Nicolas de Los Ranchos (face au versant est, justement). On y voit, sous un plafond nuageux très bas, les blocs propulsés par l'explosion. Encore faut-il savoir, en pleine nuit et gênés par les nuages, à quel endroit se trouvent ces blocs pour pouvoir se donner une idée de l'importance de l'explosion.
Pour cela, une seule solution: la comparer, par une jeu de transparence, avec une image prise de jour par beau temps. Le résultat est sans équivoque: les blocs ont roulé jusqu'à plus de 4 km de distance du cratère, jusque dans la zone boisée, qui s'arrête vers 3900 m d'altitude sur ce versant. Rares, pendant cette crise, ont été les fois ou des blocs ont atteint cette distance.
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L'activité globale du Popocatepetl se calme progressivement depuis quelques jours. La journée d'hier, par exemple, a surtout été marquée par l'émission d'un panache blanc, bien moins important que celui que l'on pouvait voir les jours précédents. Le CENAPRED rapporte aussi que, côté sismicité, le trémor a été bien moins enregistré hier, seulement présent de manière très sporadique (mis bout à bout, il n'a été enregistré que durant 2 heures).
Cela ne signifie pourtant pas que quelques explosions plus ou moins puissantes puissent se produire dans les jours qui viennent. Elles sont même tout à fait logiques dans la situation du Popocatepetl.
Voilà un mécanisme possible (simple hypothèse) pour expliquer cette activité explosive "intempestive": le dôme qui s'est mis en place, bien qu'initialement composé d'une lave relativement fluide, a commencé à se rigidifier sous l'effet de son refroidissement. Il constitue donc un bouchon plus efficace que lorsqu'il était en cours d'édification. Et bien qu'il y ait, après 10 jours d'activité intense, moins de gaz dans la colonne de magma qui a construit ce dôme, il est plus difficile pour lui de s'échapper à cause de ce "bouchon". Ce dernier peut donc engendrer des surpressions susceptibles de créer ces explosions brèves et plus ou moins intenses.
En tout cas c'est bien parce que l'activité peut encore réserver quelques surprises que le niveau d'alerte est pour l'instant maintenu au jaune-3 par le CENAPRED.
Sources : CENAPRED; VAAC de Washington; webcamdemexico.com
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