L'alerte volcanique passée au jaune pour Vulcano

C'est la décision prise hier par l'INGV suite à l'analyse des données, qui montrent une évolution qui indique que le système volcanique est dans une phase de déséquilibre. Est-ce à dire qu'une éruption aura forcément lieu? Non. Mais cela signifie que cette possibilité est moins improbable et qu'il est donc nécessaire de renforcer sa surveillance pour mieux suivre l'évolution de cette instabilité et déterminer si, oui ou non, la possibilité qu'une éruption ait lieu augmente ou non.

La décision d'élever le système volcanique au niveau d'alerte jaune résulte de la modification, sur plusieurs semaines, de plusieurs paramètres mesurés en temps réel.

Tout d'abord la quantité de CO2 émis à travers le sol, analysé par un capteur placé sur la lèvre Est du cratère sommitale, montre une très nette tendance à la hausse entamée à partir du mois de juillet. Or le CO2 est, de tous les gaz magmatiques, le moins soluble et est donc celui qui a tendance a s'échapper en premier d'un magma, même à grande profondeur (plusieurs kilomètres sous la surface). Il n'est probablement pas inintéressant de mettre en parallèle cette évolution du CO2 avec des analyses  géochimiques plus fines faites en juillet, sur la composition isotopique des gaz des fumerolles, qui indiquaient une participation plus grande des gaz magmatiques dans les fumerolles, largement dominés pas les gaz du système hydrothermale.

Evolution du taux de CO2 émis à travers le sol sur la lèvre Est de la Fossa (le cône principal de Vulcano). Image :INGV

Du point de vue de la géochimie il y aura peut-être des résultats complémentaires en provenance du Laboratoire Magmas et Volcans (LMV, Auvergne) qui avait une équipe sur place fin septembre pour analyse des flux de CO2 et du Radon en particulier dans la vallée de Palizzi (base du versant sud de la Fossa).

Côté thermique la tendance est la même : le flux de chaleur mesurée  sur la lèvre Nord de la Fossa montre une tendance à la hausse par rapport à la tendance moyenne : plus de chaleur qui passe à travers le sol donc mais attention : la source de cette variation reste à déterminer. Est-ce en lien avec une accumulation progressive de magma ou à une déstabilisation du système hydrothermal qui laisserait fuiter plus de chaleur? Aux volcanologues de suivre tout cela de près et une partie de l'équipe du LMV était aussi en charge de mesures de flux thermique dans la vallée de Palizzi.

Évolution de la température d'une fumerolles située sur la lèvre nord de la Fossa. Image : INGV

Enfin, la microsismicité locale semble connaitre aussi une période de hausse qui pourrait être le signe que le système hydrothermale est fragilisé. Avant même de penser à une éruption volcanique, il semble donc important de penser que les systèmes hydrothermaux (dont le composant principal est, comme leur nom l'indique, l'eau) instables sont susceptibles de générer des explosions du fait de la brusque vaporisation d'une partie de cette eau à haute température (explosions dites "phréatiques"), dont la survenue est très peu, voir pas, prévisible.

Situation à suivre,évidemment

Source : INGV; LMV