21 mai 2021

Volcan Etna : retour des séquences paroxysmales (mis à jour)


Tout est dit dans le titre : les regards se tournent à nouveau vers l'Etna, où de nouveaux paroxysmes ont fait le spectacle ces derniers jours. Toutefois, sur la forme, ils ne sont pas différents de ceux qui les ont précédé cette année mais après plus d'un mois et demi de calme une question simple se pose : cette séquence est-elle la suite de la précédente (c'est-à dire : est-ce la même intrusion de magma qui est la cause), ou est-ce une nouvelle séquence liée à une nouvelle intrusion?


La question n'est pertinente qu'en fonction de l’échelle de temps dans laquelle on se place : à notre échelle, elle peut être pertinente pour faire un suivi fin de la manière dont ce système volcanique fonctionne (comment il est réalimenté en magma etc); mais sur échelle plus petite ( le millier d'année pour unité par exemple, voire moins), cette question n'a probablement plus vraiment de sens. 

En tout cas, du fait de la longue coupure, je recommence ici un nouveau post que je mettrai à jour le cas échéant, plutôt que de rependre le fil du post précédent. Quand à la numérotation des paroxysmes, je vais me contenter de continuer, ce qui est le plus simple.

Paroxysme n° 18, 19 mai 2021

Et ce fut un peu la surprise de constater qu'une nouvelle activité éruptive avait débuté dans la nuit du 19 mai alors que le trémor avait certes un comportement un poil plus chaotique que les jours et même semaines précédentes, mais en restant à un niveau très faible.

La situation change donc peu après minuit (TU) au matin du 19 mai et l'histoire vous la connaissez déjà : une activité strombolienne démarre sur le Cône Sud-Est, au départ modeste, mais qui monte rapidement en puissance. Les explosions séparées laissent place à une activité continue ("fontaine de lave") dont l'ampleur est bien moindre que les fontaines des précédents paroxysmes MaiS il ne faut pas bouder le plaisir d'un spectacle toujours si merveilleux.

La fontaine au levé du jour. Image: INGV

Cette phase explosive (la fontaine) a été accompagnée de la mise en place d'une coulée de lave sur le haut versant sud. Elle a simplement suivi le creux de l'échancrure laissée lors de  la phases paroxysmale de décembre 2020, comme d'autres coulées lors des "17 premiers" paroxysmes de cette année. On aperçoit d'ailleurs cette coulée sur l'image ci-dessus .

La durée totale de la séquence fut d'environ 3 heures (00h30 TU->04h40 TU environ) et la phase paroxysmale a occupé la majeure partie de ce temps.

Paroxysme n°19,  21 mai 2021

Et il n'aura donc pas fallu attendre longtemps (une cinquantaine d'heures) pour que le suivant se déclenche. Les premiers signes visibles apparaissent aux webcams vers 23h35 (TU) le 20 mai mais il ne s'agit que de vagues lueurs, probablement en lien avec l'émission de gaz à très haute température.

Il ne faut toutefois pas attendre longtemps, à savoir 00h05 TU environ pour que l'activité strombolienne démarre sur le Cône Sud-Est (CSE). Elle monte (comme d'habitude) rapidement en puissance et le stade paroxysmal est atteint peu avant 01h00 TU avec une très belle fontaine de lave à nouveau.

Belle fontaine de lave, toujours. Image: INGV

À nouveau cette fois-ci une courte coulée de lave se forme, par l'échancrure ouverte sur le flanc sud du CSE. Cette coulée a commencé d'être formée dès le démarrage du stade paroxysmal et ne semble pas avoir parcouru une grande distance (elle est visiblement restée à proximité des cônes de 2002 et du Monte Frumento Supino), peut-être environ 1 km mais une image satellite serait la bienvenue pour préciser cette donnée. L'activité a commencé de diminuer vers 02h30 TU ou un peu après mais elle ne prend totalement fin qu'un peu avant 03h00 TU (05 heure du matin heure locale), au levé du jour.

Paroxysme n° 20, 22 mai 2021

Bien que l'importance des fontaines de lave ne soit, pour le moment pas équivalente à celles de la plupart des fontaines de la "première salve" (1 à17, de février à avril) ), le rythme a bien repris avec seulement 41h d'écart avec le précédent (l'écart de temps le plus court fut de 31 heures entre les paroxysmes 1 et 2).

Par contre sur la forme, la situation reste inchangée avec la hausse progressive du trémor, puis l'apparition de l'activité strombolienne, la montée en puissance jusqu'au paroxysme à fontaine de lave qui, ici, a démarré vers 20h30 TU -22h30 locale) le 22 mai, la chute rapide de l'activité à partir de 22h10 TU environ et l'arrêt à peu près complet vers 22h20 TU. Une coulée de lave s'est à nouveau mise en place sur le haut versant sud, au même endroit (probablement par-dessus même) les deux coulées précédentes. Reste à comprendre les cause de cette interruption de plus de 1100 heures entre les paroxysmes 17 et 18...

 

La fontaine de lave du 20ème paroxysme. Image : INGV

 

Je profite de cette mise à jour pour partager deux images satellites, la première montrant la coulée du paroxysme n° 18 (19 mai) et la seconde, la coulée du 19ème paroxysme en cours de refroidissement. Elles permettent de localiser avec précision ces coulées (vu que j'avais un doute).

La coulée du 18ème paroxysme. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus


La coulée de lave du 19ème paroxysme. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus


Source : INGV; SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

1 commentaire:

  1. Merci pour tes excellentes mises à jour
    L'intensité des paroxysmes cette nouvelle série est moins forte, mais malgré ca, ou plutôt, gâce à ca, elle contribue plus que la première à la croissance verticale du NSEC, il ne manque plus grand chose pour qu'il devienne le nouveau sommet de l'Etna, si ce n'est déjà fait...
    Comme les paroxysmes sont moins intenses, le matériel est moins fragmenté, est projeté moins haut et transporté moins loin, et donc retombe plus proche de l'évent et le cône grandit grandit grandit.
    Bon après pour la stabilité de l'édifice c'est pas idéal, mais cceci est une autre histoire...

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