2 avril 2020

Éruption n°2 au Piton de la Fournaise (mis à jour x2), nouvelle explosion au Merapi

C'est un post qui ira vite car pour l'heure...il n'y a pas grand chose à dire :) .

Piton de la Fournaise, France, 2632 m

Alors que le mois de mars avait été plutôt tranquille du côté des signaux géophysiques (cf le bulletin mensuel de l'IPGP), les volcanologues de l'IPGP avaient toute de même noté une légère hausse de la sismicité superficielle dans les tous derniers jours de mars, notant au passage que "Cette augmentation sera à suivre le mois prochain.".
Et ce n'était pas une phrase écrite à la légère, car dès ce matin 08h15 (heure locale) une crise sismique s'est mise en place et après une courte pause, a repris de plus belle. Produite par la formation d'un nouveau dyke qui, pour rappel, est un filon de magma sous pression qui fracture les roches pour se déplacer vers la surface, cette sismicité a incité le déclenchement de l'alerte 1, puis 2-2 du plan ORSEC "Volcan". Le départ de l'éruption n'a pas pu être vu directement cette fois à ce qu'il semble mais, côté instrumental, elle se situe vers 12h20 (heure locale).

Côté éruption, rien d'innovant : lorsque le dyke est arrivé à la surface de la Terre il s'est manifesté par une fracturation puis par la libération de la roche en fusion, sous pression, présent dans cette fracturation, donnant ce que l'on appèle une fracture (ou un système de fracture si il y en a plusieurs) éruptive.
La pression fait jaillir une partie de la roche en fusion et forme des petites fontaines de lave : c'est la partie explosive de l'éruption.
La roche de la roche en fusion sort tranquillement de la fracture, s'étale dans la pente et forme les coulées : c'est la partie effusive de l'éruption.

L'éruption vu depuis un hélicoptère dans l'après-midi du 02 avril. Image: ImazPress

Un schéma très classique pour les éruptions de magmas fluides, comme ceux qui sont produits au niveau du point chaud de la Réunion.

Pour cette nouvelle éruption, le magma est à nouveau sortit sur le haut versant est du Dolomieu. Une configuration qui s'est reproduite à plusieurs reprises ces derniers temps et il sera intéressant de voir ce que cela peut traduire.
Pour le reste , pas grand chose à dire si ce n'est que le site a été observé à 1900 m d'altitude. Less coulées descendent mais sont loin d'atteindre l'océan pour le moment. il faudra voir jusqu'où le débit, la topographie et la couverture végétale permettra aux front d'avancer.

Juste pour le détail : en plus de la zone de fracture principale, on peut noter sur les photos d'Imaz Press la présence d'un tout petit évent, à peur près 250 m en contrebas de la fracture principale, d'où s'échappaient, dans les premières heures de l'éruption, un tout petit peu de lave. Il semble donc que la partie la plus aval de l'éruption se trouve un peu plus bas, vers 1870 m d'altitude si ma localisation (et le MNT de Google Earth) sont assez précis.

Localisation de la zone éruptive .Image :Googe Earth

Évidemment, je vous met le lien vers les images prisent aujourd'hui : cliquer ici.

Mise à jour, 03 avril, 16h53

Grâce à un commentaire de Ludovic je me suis rendu compte que j'ai totalement zappé de mettre la photo sur la quelle on voit le petit évent secondaire que j'ai décrit.

Le petit évent en contrebas de la fracture principale, dans les premières heures de l'éruption. Image : Imaz Press

Mise à part ça, l'éruption continue, reste visiblement assez soutenue même si l'OVPF a fait savoir que l'intensité avait diminué depuis hier (ce qui est assez classique). Le front du champ de lave est visiblement passé sous la barre des 1000 m d'altitude mais les nuages masquent la scène et il est pour le moment difficile de savoir avec une relative précision où il se trouve au moment de la publication de ce post.
On verra bien...

Mise à jour n°, 06 avril, 17h46

L'éruption, qui est restée assez stable et plutôt soutenue avec un beau débit pour l'effusion notamment, a pris fin de manière assez brusque en début d'après-midi : le trémor a disparu vers 13h30 (heure locale). Pour le moment on peut encore voir sur la webcam du Piton des Cascades les fronts de coulée qui ont réussit à atteindre la barre des 360 m d'altitude (donc assez bas sur le massif) qui sont encore à très haute température et parviennent encore a exciter le capteur de la webcam, sensible aux infrarouges.

Il faut noter que depuis hier une forte sismicité,que les volcanologues de l'OVPF ont relié à priori a des réajustements mécaniques sous-terrains (des zones très fracturées qui s'affaissent par exemple), étaient localisés sous le cratère sommital du Dolomieu, laissant craindre des effondrements des parois de ce derniers, et pourquoi pas un affaissement (même léger) de son plancher. Il sera intéressant de savoir ce que disent à ce propos les capteurs sommitaux mais en tout cas ces deux scénarios n'ont pas eu lieu à ce jour.

Localisation des secousses sous le plancher du Dolomieu, liée à des réajustements mécaniques sousterrains. Image: OVPF/IPGP


Il est légitime de se questionner sur un potentiel lien entre ces réajustement internes visiblement conséquents vue la sismicité engendrée, et l'arrêt assez brusque d'une éruption pourtant à plein régime et stable. Il est ainsi possible de supposer que ces réajustements ont coupé l'alimentation de l'activité éruptive. Toutefois, il faut garder clairement à l'esprit que ce n'est pas parce que cette idée est belle, tentante, et même facile, que ce lien existe réellement. Il faut attendre de voir ce que les données récoltées vont permettre de supposer, déduire, imaginer, et quelles informations concrètes et objectives vont pouvoir sortir des études des volcanologues de l'OVPF.

En tout cas, le satellite SENTINEL 2 a pu passer au-dessus de la zone juste avant la fin de l'éruption et, malgré les nuages, on peut voir un bout du champ de lave.

La coulée est parfaitement visible en bande 8, signifiant une très très haute température. Image :SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

L'éruption "vue" grâce aux infrarouges à travers les nuages. Image :SENTINEL 2 - ESA/Copernicus
Il est évident qu'il est trop tôt pour dire si l'éruption n'est que momentanément interrompue ou si il faudra attendre plusieurs semaines§mois pour en avoir une troisième. Il ne reste plus qu'à attendre.

Sources : OVPF/IPGP; Imaz Press; SENTINEL 2 - ESA/Copernicus;


Merapi, Indonésie, 2968 m

Je profite de ce post pour signaler qu'une nouvelle explosion, toujours modérée, à eu lieu en fin d'après-midi au Merapi. Elle s'est à nouveau produite au sommet mais les nuages ont masqué une partie de l'activité. À noter qu'elle a lieu à un moment où la sismicité est plutôt en baisse.
Le panache de cendres, en partie masqué par les nuages. Image: BPPTKG - PVMBG

Évolution de la sismicité. Image: MAGMA-VSI

Pour le moment il reste difficile de dire pour quelle raison se produit cette séquence d'explosions. L'analyse des cendres, si elle est faite, pourrait apporter quelques éléments pour y voir clair. Il faudrait, en particulier, voir si les cendres produites sont composées de magma neuf ou uniquement de vieilles laves pulvérisées sous la pression.

Situation à suivre de près, bien entendu.

Sources : BPPTKG - PVMBG ; MAGMA-VSI

9 commentaires:

  1. Salut CV,

    Petite précision sur la crise pré-éruptive à la Fournaise : visiblement, après la crise sismique de 35 min il n'y a plus rien eu pendant 3 heures, ni déformations rapides ni sismicité. Juste le trémor qui est arrivé très doucement ! La précision est nécessaire, car cela traduit une remontée très passive, et donc que le milieu est très fracturé (dixit l'OVPF)...
    En tout cas, après une alternance flanc nord/flanc sud entre 2014 et 2017, il y a eu ces deux éruptions éclairs sur le flanc nord-ouest (secteur chapelle de Rosemont) et toutes sinon ont eu lieu sur le flanc est...

    Bien vu pour la sortie de lave, j'étais passé à côté. Tu l'as bien identifiée sur la photo d'IPR avec les nombreuses coulées au départ de l'éruption, en haut à droite, avec des coulées longues de 20 m max. ?

    Bonne journée,

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    1. Salut Ludovic! Oui cet évent, je l'ai identifié sur la photo d'imazpress, que j'(avais tout bien préparée et tout....mais que j'ai totalement zappé d'insérer parce que mon esprit a été appelé vers d'autres obligations avant que je puisse terminer le post.
      D'ailleurs, je vais la rajouter du coup.
      J'ai vu e,n effet le bulletin de l'OVPF qui indique le milieu quasiment ouvert, que le magma n'a plus qu'à combler pour sortir. C'est une situation vraiment peu fréquente à ma connaissance. D'ailleurs, ça pose plein de questions....

      Bonne jrounée à toi aussi!
      CV

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  2. Le front des coulées du piton de la fournaise sous la barre des 100m d'altitude ? Ne serait-ce pas 1 000m ?

    Bonne journée et merci encore pour ce blog.

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    1. Bonjour Diesel : faut de frappe corrigée! C'est sûr que si ça avait été en-dessous des 100 m on en parlerais + :).
      Merci de votre attentive lecture : c'est essentiel! :)
      Bonne journée
      CV

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  3. Le site fournaise info annonce un front de coulées à 550m ce soir (heure locale).

    Bonne journée.

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  4. À noter que les dernières éruptions se stoppent toutes un peu de cette manière... brutale !

    Et certes, la sismicité était importante, mais je suis aller voir par curiosité ce qu'ils avaient enregistrés comme sismicité avant le micro pit crater formé (léger affaissement) en 2002 : 500 à 6000 séismes quotidiens pendant 20 jours !!!
    Bon, après, ce n'est pas parce que ça s'est passé une fois comme ça que ça doit se passer de nouveau de la même manière... Mais quand même ! :)

    Bonne journée,

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    1. Je plussoie. Il faut aussi garder à l'esprit que le sous-sol est visiblement tellement fracturé et poreux "en grand" que du magma peux se déplacer en ne provoquant qu'une sismicité réduite...et qu'il est donc envisageable que des réajustements sous-terrains conséquents ne produisent aussi qu'une sismicité réduite.
      Je serais tout de même méfiant avec une comparaison pré 2007, éruption qui a modifié considérablement la morphologie visible du Dolomieu certes, mais aussi la structure interne et donc la manière dont, mécaniquement, réagit l'édifice aux changements de contraintes.
      Bon : les éruptions au Piton sont un peu toujours les mêmes sur la forme (il y a des exceptions tout de même) mais les questions soulevées en terme de structure interne, de réactions mécaniques de l’édifice sont très intéressantes! On attend avec impatience les papiers qui vont pouvoir être produits à partir de toutes ces éruptions.
      Bonne journée et bon confinement (et bonne santé tout le monde, j'espère!)
      CV

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    2. Oui, tu as raison, la situation est différente par rapport à 2002. Mon objectif était de mettre en balance cette sismicité avec celle avant la formation d'un pit crater.

      Certes, l'effondrement du Dolomieu a clairement changé la structure interne à ce niveau, même si l'endroit à toujours été fracturé du fait des différents cratères (Bory, Vélain, pit crater de 1801, 1986, 2002...)... D'un autre côté, la période magmatique en 2002 était clairement différente, avec des éruptions assez longues et des volumes plutôt conséquents, quand aujourd'hui la mode est plutôt aux éruptions assez courtes dans une phase d'inflation perpétuelle...

      Bref, j'attends aussi les papiers !

      Bon confinement à toi et tes proches,

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    3. bonjour, éruption de la Fournaise, une video sur le journal FB de Sainte Rose : https://www.facebook.com/SainteRosePaysDesLaves/?__tn__=kC-R&eid=ARDQ2yEpCLIye18U3Z_RUGbYKpRDZdeRlvHbBjkRKuN9tVm7pD7d1KdSrPmxGayh1ifwc7GRWKYJByMh&hc_ref=ARRFH7pFR7JOqgylBMNOKNy2uNcTFHY1ZyiS6eqnpNuWlqvEQT_5aCPzmrhi1iOVgOk&fref=nf&__xts__[0]=68.ARAkKH_ZQALKudMozrq57gv7-hSohnSqKrJV45KOz6FAVZNGXE5PZQenszB0qp4EwpPzT23ZSqJbt4mYtBIQp5qfbiHdH0UkWIsC2mro-yVdD1V61OX0gKe_gCb-i6WNpUJ4Bnbpp1pQr5BQCj_dGQGmqJ_MehKgi7Fgoi95U19naIC0uycI5zg4TCq_MIwBqoFsEXBINfhja7tDaJAhGDZbpg2jFTi-N05jzKOFMOevES_fFA8Xg6CwxR7UtjMKEvMtcmyv7vCOlTxxBJj1-gQVHm7XBpaJDrRUAE8R_1uVtyQ9jfBOiaKKU7AQGUZJLdpq13u8HSTqosAg1huOyB1HMWHh-TC-ChE

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