Et bien avant d'attaquer ce premier post de l'année 2020, je tiens bien entendu à vous souhaiter, à toutes et tous, mes meilleurs voeux! Qu'elle vous apporte de la chaleur (mais pas trop cet été s'il vous plait) de l'amitié (alors là, allez-y à volonté), des bons moments (sans restriction mais la commande n'arrive pas toujours malheureusement).
Aller, passons au volcanisme terrestre, pour laquelle je partage des morceaux, des bribes tous les jours sur twitter, pour l'essentiel. Depuis la fin de l'an passé; il s'est passé quelques petites choses, mais rien de bien nouveau finalement. Nouveaux pics d'activité au Shishaldin; (au moins) une explosion au Krakatau; l'activité toujours importante au Nyiragongo et le remplissage du vaste cratère qui semble tranquillement se poursuivre; le déclin toujours progressif de l'activité latérale de l'Erta Ale alors que l'activité dans le Pit Crater Sud (au sommet) se poursuit toujours; l'éruption qui se poursuit aussi au Nishinoshima; ou une très belle explosion au Popocatepetl hier par exemple....Alors bon, au milieu de tout ça, j'ai choisi de parler de l'Etna, du Kuchinoerabujima et du Klyuchevskoy.
Etna, Italie, 3330 m
L'activité éruptive n'a jamais cessé depuis le post précédent, bien qu'elle semble avoir connu un très net mais assez court ralentissement vers la fin décembre. L'intensité reste modérée (pas de paroxysme) et le magma perce toujours à plusieurs endroits, essentiellement dans la Voragine et le Cône Nord-Est actuellement.
Il n'y a pas vraiment de détails concernant l'activité dans le Nord-Est mais il s'agit très vraisemblablement d'explosions stromboliennes: les webcams captent des flashs de lumière visible et infrarouge, qui sont tout à fait cohérents avec les explosions stromboliennes.
Dans la Voragine par contre la visibilité est meilleurs et ces derniers jours a pu être filmée l'activité strombolienne qui s'y déroule. Toujours spectaculaire, avec, depuis au moins le 09 janvier, une coulée de lave divisée en deux bras qui cascadent (car il y a un bout de paroi verticale ) dans la Bocca Nuova.
S'émiettant en tombant, elles forment au pied de la paroi, au fond de la Bocca Nuova, deux talus de blocs à très haute température, que j'ai d'abord pris sur les images satellites pour deux évents éruptifs, avant que Boris Behncke ne me précise leur réèlle nature!
S'émiettant en tombant, elles forment au pied de la paroi, au fond de la Bocca Nuova, deux talus de blocs à très haute température, que j'ai d'abord pris sur les images satellites pour deux évents éruptifs, avant que Boris Behncke ne me précise leur réèlle nature!
L'éruption vue de l’espace le 10 janvier : deux sites d'éruption actuellement. Images: SENTINEL 2 - SA/Copernicus |
Et oui : il ne faut pas oublier qu'une image, qu'elle soit produite par le cerveau à partir des yeux, ou par des algorithmes mathématiques à partir de capteurs embarqués dans des satellites ou dans des boitiers photo, n'est pas la réalité, mais une interprétation de la réalité*. Heureusement, les photos sont assez souvent plus détaillées que les images satellites, leur résolution est plus proche de celle de nos yeux, et leur interprétation n'en est donc que plus simple (souvent, pas toujours).
Alors hop : belle séquence d'images de cette éruption, pour les plaisir des yeux (plus précisément du cerveau, en fait), justement! Toujours par Michele Mammino.
Pour mémoire, cette activité éruptive sommitale a débuté le 08 septembre 2019.
* la réalité est composée de signaux et d'interactions d'une bien plus grande diversité que ce que des couples yeux/cerveau ou capteurs/algorithmes sont capables de gérer.
Sources: INGV; Merci à Boris Behncke pour la correction concernant l'inteprétation des sources de signaux thermiques; Michel Mammino
Klyuchevskoy, Russie, 4835 m
Voilà un système volcanique qui reste, lui aussi, très instable, depuis plusieurs semaines maintenant. De temps en temps, seules quelques faibles émissions de cendres se produisent, ne durant que quelques heures avant de s'arrêter. Parfois, il y a des signaux thermiques assez intenses qui sont produits au sommet, suggérant de courtes phases éruptives. La plus importante d'entre elles, et qui ne laisse que peu de doute quand au fait qu'il s'agit bien d'une éruption, pourrait avoir démarré le 09 janvier. Les images produites par les webcams sont claires : une incandescence visible même avant la nuit complète est visible, signe de températures extrêmement élevées, compatibles avec une sortie de magma (en particulier de magma fluide, dont la température est significativement plus élevée que les magmas visqueux).
Forte lueur d'incandescence au soir du 11 janvier au sommet du Klyuchevskoy. Image : IVS-FEB -RAS-KVERT |
Situation à suivre de près car il n'est pas rare que les éruptions aboutissent à la formation de coulées de lave. Sait-on jamais...
Sources : KVERT; KB-GS-RAS ; IVS-FEB-RAS; WeatherNews
Kuchinoerabujima, Japon, 657 m
Depuis 2014, cette petite île Japonaise a connu, une série d'explosions assez impressionnantes, mais très espacées dans le temps. Il y en avait eu mai, juin et août 2015, puis janvier 2019. Après ces dernières, la surveillance n'a jamais été relâchée, mais le niveau d'alerte avait été abaissé à 2, en conformité avec le niveau d'instabilité du système volcanique, qui avait lui aussi diminué.
En tout cas jusqu'à fin octobre 2019, où cette instabilité a finir par augmenter à nouveau, provoquant le passage en alerte 3, qui a été maintenu jusqu'à aujourd’hui.
Aujourd'hui, où une nouvelle explosion a eu lieu, sans écoulement pyroclastique.
Explosion dont la nature (phréatique, hydrothermale, phréatomagmatique) n'est pas connue mais qui, à priori, serait plutôt hydrothermale ou phréatique. En effet il n'y a eu qu'une seule explosion, modérée qui plus est, puisque le panache de cendres ne s'est élevé qu'à 2000m d'altitude et s'est rapidement dispersé. Mais bon, comme toujours l’analyse de cendres collectées serait d'une grande aide pour caractériser cette explosion, et en comprendre le mécanisme à l'origine.
En tout cas, aucune lueur d'incandescence, ni trace de haute température, ne sont relevées après cette explosion, ce qui reste cohérent avec une activité phréatique ou hydrothermale.
Sources : Yokohama-geo, via Usa Hakase; JMA
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