Il y a pas mal de petites choses à suivre en ce moment, et n'ayant que peu de temps pour la rédaction du blog, j'en fais passer la plupart via tweeter (j'en réserve tout de même pour le blog, évidemment). Mais je ne résiste jamais à la rédaction d'un post, même assez court, concernant le Sheveluch.
L'activité éruptive se poursuit sur cet édifice mais a clairement diminué en intensité ces derniers mois. Cela était marqué, un peu paradoxalement, par la mise en place d'explosions de grande puissance mais espacées (et de plus en plus espacées en l'occurence) dans le temps, cf celles du mois d'août par exemple.
Cette diminution est marquée par un arrêt complet de l'extrusion de magma visqueux, ou en tout cas de son très très fort ralentissement. On peut la constater grâce:
- à la faiblesse des lueurs infrarouges sur les webcams, même par une très belle nuit
- à l'absence ou quasi-absence d'avalanches de blocs, marqueurs des dômes en croissance
- à la diminution du nombre et de le puissance des signaux thermiques détectés depuis l’espace, en particulier depuis octobre dernier (attention aussi au rôle de la météo, car les nuages absorbent les rayonnements thermiques).
Évolution de la puissance du rayonnement thermique produit par l'activité du Sheveluch sur une année. Image: MIROVA |
Tout ça pour dire que l'événement d'aujourd'hui n'a à priori par de lien avec une intensification globale, générale, de l'activité éruptive. Il faut pour le moment, le voir que comme une intensification instantanée et brève, qui signe la présence, dans la colonne de magma, de phénomènes qui conduisent à des surpressions temporaires.
C'est au levé du jour, après quasiment un mois de tranquillité (la précédente explosion rapportée par le KVERT s'est produite le 08 novembre), et par une magnifique météo d'hiver (froid sec), que s'est produite une nouvelle explosion, puissante. Le panache fait son apparition sur les webcams à 09h00 du matin (heure locale) et mesure dès la première minute entre 300 et 400 m de large! Malgré sa très forte charge en cendres, il s'élève rapidement pour atteindre une altitude estimée par le VAAC de Tokyo à 10 km environ. A la base du panache, côté sud-ouest, un écoulement pyroclastique modéré se met en place, peut-être parce qu'une échancrure a été laissée à cet endroit lors de la destruction du dôme précédent.
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Par ailleurs on peut noter sur les images que l'écoulement pyroclastique, en se déposant sur la couverture de neige et de glace, l'a faite fondre* et ainsi généré une coulée de boue (lahar) qui part en direction du sud. Elle parcours les 3 premiers kilomètres au cours des 20 minutes suivant l'explosion.
Comme souvent le panache de cendres a été pris en charge par un vent d'ouest et dispersé au-dessus de l'océan Pacifique Nord.
Dispersion du panache de cendres suivi par satellite. Images: Himawari 8 |
La zone est restée empoussiérée toute la journée mais la situation est revenue au calme.
Sources: KVERT; VAAC de Tokyo; Himawari 8; IVS-FEB-RAS
* on "voit" le contact entre l'écoulement et la neige grâce au panache blanc dans l'écoulement pyroclastique
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