Volcans Piton de la Fournaise et Nishinoshima: activité stable

Piton de la Fournaise, France, 2632 m

L'activité se maintient, et semble rester stable à la lecture des différents bulletins publiés quotidiennement par l'OVPF. Les volcanologues estiment le débit de lave au niveau de la fissure entre 1 et 3 m3 par seconde. A ce débit, le volume total émis depuis le départ de l'éruption a probablement dépassé les 2 millions de m3, et la surface occupée actuellement par

le champ de lave en construction tourne autour des 810 000 m² d'après la carte publiée le 22 juillet par l'OVPF. On peut voir grâce à la webcam du Piton de Bert que l'effusion, comme à chaque éruption, est continue mais pas son débit justement: on voit des masses de lave fluide émerger au coup par coup au niveau des évents du cône puis se répandre en contrebas, soit en empruntant un chenal déjà existant, dont le débit monte momentanément, soit en formant un nouveau bras de lave ("unité lavique" dans mes cours, mais je sais pas si cette expression est toujours employée).

Extension du champ de lave en construction. Image: OVPF/IPGP

En attendant, après la phase d'effondrement du cône principal, situé sur la partie aval de la fracture ouverte au départ de l'éruption, les projections de lambeaux de lave (spatters, scories etc) se sont accumulés à nouveau et ont reformé le cône, gênant donc à nouveau progressivement l'émission de magma. Ceci s'est traduit par une hausse momentanée du trémor constatée par l'OVPF les 20-21 juillet, suivie d'une nouvelle baisse, peut-être en raison d'une nouvelle ouverture du cône... Il faut dire qu'il ne s'agit que d'un tas de morceau, instable car il reste à très haute température et donc relativement ductile.

Le spectacle reste fascinant: une merveille, comme à chaque fois., que l'on peut maintenant suivre presque en direct sur une nouvelle webcam installée au Piton de Bert, en full HD (rafraichir la page régulièrement).

Image extraite de la toute nouvelle webcam. Image: IRT-OVPF/IPGP

Source: OVPF/IPGPG; IRT; Merci à Thomas Lecomte de m'avoir pointé le regard vers cette nouvelle webcam!

Nishinoshima, Japon, 150 m (au moins)

Là encore l'activité reste globalement stable avec une composante explosive, strombolienne assez forte qui continue de construire le cône central, point culminant de l'île depuis l'éruption de 2013-2015, et une phase effusive, qui continue d'augmenter la surface de cette île en direction de l'ouest.

Là encore, rien à signaler de particulier concernant le déroulement de l'éruption elle-même, même si des observateurs ont pu noter la présence, le 21 juillet, de vortex (magnifiques ronds de gaz et cendres) formés lors de certaines explosions, plus brusques que les autres. Ils sont le signe que le conduit est ouvert, circulaire, et que le dégazage peut-être très brusque. On les voit sur la vidéo ci-dessous (perso, j'ai coupé la musique...).

Sources: MIROVA; MODIS; youtube

Pour conclure ce post, il est intéressant de constater que ces deux éruptions sont mixtes explosive-effusive, comme beaucoup en fait. Mais la différence de viscosité des magmas, la quantité de gaz qu'il contiennent, les différentes contraintes qui s'exercent sur les deux massifs volcaniques et leur permettent de ce fracturer facilement ou non, ainsi que de nombreux autre paramètres, font que ces deux éruptions ne se ressemblent pas, ne se déroulent pas du tout de la même manière.