Bon, quand on entend "récent" en géologie, que ce soit la géologie terrestre ou non, il faut tout de suite se souvenir que le million d'années est l'unité de temps habituel...et que du coup ce million d'années est un temps court, ce qui n'est jamais évident à se représenter. Du coup le volcanisme récent dont il est question ici s'est déroulé sur la planète rouge entre 200 millions d'années et 400 millions d'années, âges compris dans ce que les spécialistes nomment l'"Amazonien", 3ème et dernière période géologique ("éon") martien, qui a commencé, selon les classifications, il y a 3.2 ou 1.8 milliards d'années.
Cette découverte est due à l'analyse, par une équipe emmenée par le chercheur Petr Brož, de l'Institut deGéophysique (Université des Sciences Tchèque), d'images fournies par la caméra HiRise, installée sur le Mars Reconnaissance Orbiter, qui peut produire des images d'une résolution d'1 mètre.
La zone concernée par cette découverte est l'immense Valles Marineris, plus particulièrement sa zone centrale, la plus profonde (10 km environ entre les plateaux bordiers et le fond de la vallée) appelée Coprates Chasma.
Ils ont pu observer des structures côniques tout d'abord interprétées comme étant des 'volcans de boue'. Mais leurs caractéristiques morphologiques (taille, pentes etc) et la présence de formes interprétées comme des coulées de lave, dont la surface a été bombée par endroits (tumuli) par la pression exercée par la lave en écoulement sous une croûte solidifiée (comme sur Terre), a définitivement fait pencher la balance pour une interprétation de cônes volcaniques, donc issus de la production d'un magma puis de son éruption en surface. La morphologie de type cône en association avec des coulées suggère, par analogie avec le volcanisme terrestre, que le magma était fluide, ce qui pose question sur le mécanisme à l'origine de cette production de magma. En effet une tectonique similaire à celle de la Terre est exclue sur Mars, bien que Valle Marineris soit interprétée comme un graben, une structure géologique liée à une mouvement d'écartement, une distension. Au total ce sont environ 130 édifices à priori monogéniques qui ont été repérés, répartis sur une surface de 155x35 km
Une partie des cônes volcaniques et des coulées découverts au fond de Valles Marineris par P. Brož et al. Image: Mars Reconnaissance Orbiter, NASA/JPL/University of Arizona |
Les découvreurs ont par ailleurs noté que la répartition des édifices n'était pas aléatoire mais qu'ils étaient alignés. Les chercheurs supposent donc que les magmas qui ont produit ces éruptions sont remontés le long de zones de fragilité, des fractures (failles) préexistantes par exemple. Cette hypothèse est renforcée par le fait que certains cône recouvrent des cônes précédents, le magma ayant alors utilisée le même dyke pour sortir à deux reprises.
L'âge de ces cônes a été estimée par la méthode de comptage des cratères d'impact, qui part du principe que plus une surface est récente, plus le nombre d'impacts est faible, le tout étant calibré par les datations absolues faites sur les échantillons lunaires rapportés par les missions Apollo.
L'âge de ces cônes a été estimée par la méthode de comptage des cratères d'impact, qui part du principe que plus une surface est récente, plus le nombre d'impacts est faible, le tout étant calibré par les datations absolues faites sur les échantillons lunaires rapportés par les missions Apollo.
La découverte est d'autant plus étonnante que le volcanisme "récent" sur Mars était toujours repéré sur des zones volcaniques bien localisées, le plateau de Tharsis où se localisent les plus impressionnants reliefs volcaniques du système solaire (Olympus, Arsia, Pavonis et Ascraeus Mons) et la plaine d'Elysium avec les volcans Hecates et Albor Tholus et Elysium Mons.
Enfin l'analyse spectrale du rayonnement réfléchit par la surface des cônes et des coulées, qui permet d'avoir des informations sur leur composition, indique une très forte teneur en silice amorphe (non cristallisée), de type opale, qui suggère que des phénomènes hydrothermaux...donc la présence d'eau en interaction avec ce volcanisme.Et comme, sur Terre, les zone hydrothermales sont des sites où la vie a pu apparaitre et, qu'en plus, la formation de l'opale peut (sur Terre toujours), piéger des traces de vie, la zone de Coprates Chasma commence à être un site de futurs investigations vraiment intéressant.
Source: Académie Tchèque des Sciences.
Source: Académie Tchèque des Sciences.
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