L'événement s'est produit le soir du 22 avril, à 22h12 (heure locale) et arrosé de blocs tout le pourtour du cratère, ainsi que ses parois. L'explosion en question a en effet été assez forte pour projeter des fragments de la taille d'un poing à plus d'un kilomètre de distance de l'évent actif.
Que s'est-il passé?
Le phénomène, qui montre à quel point il est dangereux d'approcher une activité aussi dynamique et peu prévisible, est simple.
Au début de cette crise, le magma remonte vers la surface et commence à interagir avec le système hydrothermal générant d'abord une activité phréatique, au cours de laquelle seule la boue déposée au fond du lac est remobilisée, qui devient phréatomagmatique à partir du moment où le magma participe directement, et est aussi émis avec la boue. Au cours de cette phase les particules (cendres, blocs, bombes etc) produites s'accumulent et forment un dépôt de plus en plus important autour de l'évent. Si l'on regarde les images prisent les 21 et 22 avril au soir on peut noter une nette évolution de l'activité superficielle, bien moins intense, avec très peu de projections le soir du 22 contrairement à la veille, où l'activité était très dynamique, et même assez spectaculaire.
J'ai précisé "superficielle" car, dans les tuyaux, l'activité restait intense au même moment, avec une sismicité élevée. Cette diminution de l'activité en surface n'était due qu'au tas de fragments, accumulés rapidement, dépôt que l'on peut même imaginer assez compact et résistant du fait de ce mélange de particules et de boue. Ce bouchon a donc empêché temporairement l'évacuation des gaz et la pression accumulée a fini par vaincre sa résistance provoquant leur évacuation brutale et explosive. Au passage, la webcam de l'OVSICORI semble y avoir laissé des plumes puisque sa dernière image date de 22 avril à 22h12 et 23 secondes, juste avant l'explosion qui l'a peut être détruite (c'est la seconde de l'OVSICORI qui cesse d'émettre).
En plus d'avoir arrosé tout le cratère, les blocs ont donc détruit du matériel, en particulier des panneaux solaires du Red Sismilogica Nacional (RSN), autre organisme qui surveille l'activité volcanique, et la tour de l'OVSICORI sur laquelle était installée la webcam. Elle a en outre provoqué des chutes de cendres abondantes aux alentours.
Le fait que la tour soit au sol interroge: pourquoi est-elle tombée? A-t-elle été basculée par un souffle? C'est possible car sur le time-lapse réalisé par le RSN avec les images de sa caméra thermique on voit qu'une partie de projetions retombe et forme un écoulement au sol, appelé "base surge" (une sorte découlement pyroclastique) qui s'étend assez largement et aurait pu atteindre la tour. Si cela a été le cas peut-être que ce "nuage" a eu assez d'énergie pour pousser la tour et la faire chuter.
Depuis lors l'activité phréatomagmatique a repris, soulevant des gerbes de boue hautes de quelques mètres à dizaines de mètres d'après le RSN. Cela semble logique: puisque le tas de débris accumulés a été détruit par l'explosion, une partie du lac a pu revenir au contact de l'évent actif.
La situation reste donc très tendu, mais l'événement justifie pleinement la décision de fermer l'accès au volcan dès les premières manifestations.
Sources: RSN; OVSICORI; Presse Costaricaine
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Véhicule recouvert de cendres suite à l'expllosion de 22h12 (heure locale). Image: auteur incoonu mais habitant à Poasito, à 7km au sud-est du sommet du Poàs |
Le fait que la tour soit au sol interroge: pourquoi est-elle tombée? A-t-elle été basculée par un souffle? C'est possible car sur le time-lapse réalisé par le RSN avec les images de sa caméra thermique on voit qu'une partie de projetions retombe et forme un écoulement au sol, appelé "base surge" (une sorte découlement pyroclastique) qui s'étend assez largement et aurait pu atteindre la tour. Si cela a été le cas peut-être que ce "nuage" a eu assez d'énergie pour pousser la tour et la faire chuter.
Depuis lors l'activité phréatomagmatique a repris, soulevant des gerbes de boue hautes de quelques mètres à dizaines de mètres d'après le RSN. Cela semble logique: puisque le tas de débris accumulés a été détruit par l'explosion, une partie du lac a pu revenir au contact de l'évent actif.
La situation reste donc très tendu, mais l'événement justifie pleinement la décision de fermer l'accès au volcan dès les premières manifestations.
Sources: RSN; OVSICORI; Presse Costaricaine
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