31 janvier 2017

Piton de la Fournaise: première éruption de l'année en cours (mis à jour)

Cela fait déjà quelques jours que les volcanologues de l'OVPF ont indiqué qu'une activité éruptive était possible à court ou moyen terme, se basant sur l'évolution des données géophysiques et géochimiques enregistré, et sur les modèles élaborés par des années de recherches quand à la structure et au fonctionnement interne de l'édifice.
Notamment ils avaient indiqué dans un bulletin publié le 27 janvier que la sismicité connaissait un très net regain depuis le 22 janvier, sismicité localisée à faible profondeur (moins de 2000 m) sous le Dolomieu. Conjointement les stations chargées de la mesure du taux de CO2 émis à travers le sol, et libéré par les masses de magma en profondeur, montraient une nette diminution,  compatible avec la remontée dudit magma vers la surface, elle-même compatible avec la sismicité observée.

Tout à droite le pic de sismicité le plus récent, précurseur de l'éruption en cours. Image: OVPF/IPGP

En effet si la masse de magma se trouve à grande profondeur, le CO2 diffuse largement et atteint la surface du  volcan dans un périmètre très vaste, ce qui le rend détectable par des stations lointaines. Par contre, plus ce magma s'approche de la surface, plus la zone à travers laquelle il percole se réduit: il n'est plus détecté par les stations lointaines, mais uniquement par les stations proches.
Or les choses ont évolué rapidement aujourd'hui dans l'après-midi: à partir de 15h22 (heure locale) une crise sismique intense se met en place, et le trémor est apparu vers 19h40 (heure locale).

L'activité éruptive a d'abord été détectée et localisée grâce à la sismicité qu'elle produit, car les conditions météo sont exécrables sur le volcan. La triangulation des secousses, permise grâce à l'important réseau de sismomètres, a permis de localiser le site de l'activité sur le flanc sud-sud-est, à priori du côté du Chateau-Fort, un imposant spatter-cone édifié en 1948. Ce que confirment les images de la webcam installée sur le Piton de Bert, qui fait 
face au flanc sud du Dolomieu. Le site de l’éruption, non localisé avec précision, semble se trouver au sud-ouest du Chateau-Fort, peut-être proche des Quatre Gueules (éruption de 1953) ou du Cratère Thérésien Cadet, mais sans certitude pour le moment: c'est uniquement ce que suggère le petit montage ci-dessous.

L'éruption se devine à travers les masses de nuages qui couvrent l'édifice. Image: OVPG/IPGP

Cette image permet aussi de supposer (pas de confirmation pour l'heure) qu'au moins deux évent sont actifs. Et si l'intense lueur à droite de l'image est bien celle de la ou des coulées, alors leur longueur peut être comprise entre 700 et 1000 m, soit une progression relativement rapide puisque l'éruption a débuté environ 3 heures et demie heures avant que cette image n'ait été prise.

Comme l'exige la législation, le Préfet à ordonné la fermeture de l'Enclos Fouqué et déclenché le niveau 2-2 du Plan ORSEC "Volcan".


Mise à jour 01 février, 07h05

Le volcan est bien dégagé ce matin ce qui permet d'avoir une vision plus juste de ce qu'il se passe. L'interprétation que je faisais hier de l'origine des lueur n'était pas  la bonne: celle qui est la plus à droite correspond à des évents positionnés sur la partie aval de la fracture éruptive, les lueurs à gauche correspondaient à des évents éphémères positionnés sur la partie amont. Ils ont rapidement cessé d'être alimentés en magma, mais un dégazage persiste à leur niveau.
La seule partie maintenant active est donc en aval, où fonctionnent plusieurs fontaines de lave.



Les survols ont commencé et, comme d'habitude, Imaz Press Reunion est sur place très tôt pour des images de l'éruption vue du ciel. L'une d'entre elle permet de position parfaitement le site de l'activité en cours, à un poil plus de 700 m au sud-dus-est du Chateau-Fort. Le site principal de l'activité ne se trouve donc pas du côté des Quatre Gueules, mais bien plus à l'est, non loin du cratère Jérémine.

Elle permet aussi de constater deux choses:
- la vitesse de progression des coulées n'est pas très élevée: au moment du survol, peu après le lever du jour, leur front se situait à à peine plus de 800 m au sud des évents actifs.

- il s'agit clairement de coulées à surface a'a

Les fontaine des de l'éruption en cours et le champ de coulée en formation. L'imposant cône au fond sur la droite est le Chateau-Fort; le tout aussi imposant en bas à droite est le Gros Bénard (éruption de 1972). Image: Imaz Press Reunion
Vous trouverez d'autres photos d'Imaz Press directement sur leur site. On y voit sur certaines d'entre elles des personnes approcher du cône actif et des coulées: il s'agit probablement des volcanologues de l'OVPF, qui avaient prévu de se rendre sur place ce matin.


Source : OVPF-IPGP; merci à Olivier Dupér; Espenelle Photographie; Imaz Press Réunion

2 commentaires:

  1. Bonsoir,

    Comme en atteste les images de la webcam à cette heure, il semble que la lueur la plus à droite de l'image corresponde plutôt à un des évents, non pas à la coulée. Les deux lueurs supérieures doivent elles correspondre au haut de fissure (ou à un échelon fissural supérieur), maintenant inactif.

    J'espère que la météo va se dégager...

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    1. Salut Ludovic. Effectivement: l'image que j'ai utilisée hier, la seule alors disponible montrant l'activité, ne me permettait pas de savoir si c'était bien une coulée ou un évent: j'avais donc pris la précaution de mettre un point d'interrogation. Les images de ce matin lèvent sans conteste le doute effectivement! :)
      Donc la fracturation a été assez longue
      Bonne journée
      CV

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