3 décembre 2016

Un point sur l'activité des volcans Cerro Hudson et Kilauea

Kilauea, Etats-Unis, 1222m

Rien de changé sur le fond par rapport au post du 1er décembre mais l'Hawaian Volcano Observatory a fait savoir qu'une nouvelle phase d'effondrement de paroi a eu lieu le 02 décembre. Elle s'est produite en toute fin de nuit (06h56 heure locale) et le morceau de paroi
qui s'est détaché se trouvait au même endroit que celui du 28 novembre dernier: cette zone semble donc, pour l'heure, plutôt instable.

La surface du lac fortement perturbée par les remouds dus à la chute de blocs rocheux et par l'activité explosive qui en a résulté. Images: HVO/USGS
Comme pour les fois précédentes, l'effondrement a généré une explosion dans le lac de lave, ce qui a arrosé tout le secteur environnant de morceaux de lave mous (spatters). Bien qu'ils aient été projetés à grande vitesse, en grand nombre et dans toutes les directions, les webcams du HVO en ont encore réchappé.



20 km plus à l'est, sur la Rift-Zone, pas de changements particuliers. Le champ de lave 61G reste alimenté, aussi bien via le réseau de tunnels de lave qui s'est mis en place jusqu'à la côte Pacifique qu'au niveau de la nouvelle portion, en formation depuis le 23 novembre dernier.

Sources: HVO/USGS

Cerro Hudson, Chili, 1905 m

Ce volcan plutôt isolé du sud Chili n'a plus fait parler de lui depuis octobre 2011, lorsqu'une courte activité éruptive modérée (VEI 2), vraisemblablement fissurale et phréatomagmatique avait eu lieu dans sa caldera emplie de glaces.

Les trois évents actifs sous les glaces de la caldera du Cerro Hudson, en octobre 2011. Image: auteur inconnu/ SERNAGEOMIN


Mais il se trouve que depuis octobre les volcanologues du SERNAGEOMIN enregistrent des modifications de la sismicité. Deux en particulier retiennent l'attention:
- la fréquence des secousses est plus importante (9 en août, 5 en septembre, 26 en octobre, 70 en novembre)
- le registre sismique a un peu évolué courant novembre avec l'apparition d'une secousse dite "hybride" (due à la fois à de la fracturation et circulation des fluides dans les fractures) le 14 novembre et à une phase de trémor.

Par ailleurs il semble que la zone source de cette sismicité soit similaire à celle qui avait précédé l'éruption de 2011, raison pour laquelle les volcanologues sont particulièrement attentifs à ces changements. C'est la raison pour laquelle le niveau d'alerte volcanique a été élevé au jaune le 01 décembre.

En réponse à cette situation l'ONEMI, organisme Chilien en charge de la gestion des risques, a élevé lui aussi son niveau d'alerte institutionnel au jaune, qui permet la mise ne place d'un certain nombre de mesures visant à préparer les populations concernées par le risque volcanique. Trois communes le sont en l'occurence, les mêmes qu'en 2011: Chile Chico à 120 km au sud-est de l'édifice, Puerto Aysen à environ 60 km au nord-est et Rio Ibañez à 90 km à l'est-sud-est*. Le risque principal pour ces différentes communes reste lié à l'aléa (= phénomène) "chutes de cendres" en cas d'éruption explosive importante, ce qui n'est pas impossible en raison de la couche de glace**.
Toutefois Rio Ibañez doit aussi rester vigilant quand au risque généré par l'aléa "lahar": en effet une vallée glaciaire descend depuis le versant est du Cerro Hudson et débouche sur la ville. Toutefois il y a très peu de "chance" que cet aléa se mette en place: il faudrait une éruption explosive majeure (VEI 4 et plus, comme en 1991 qui a atteint le VEI 5) pour qu'un dépôt de cendres suffisamment important se transforme en lahar. Et ce dernier devrait être vraiment très très gros pour qu'il parcours sans perdre son énergie mécanique*** sur un trajet de 90 km. C'est la raison pour laquelle sur la nouvelle carte de risques publiée en 2015, ce dernier est marquée comme "faible" pour Rio Ibañez et toute la vallée glaciaire d'ailleurs

Nous verrons dans le prochain bulletin du SERNAGEOMIN comment cette sismicité a évolué en décembre.
 

* Les distances indiquent les positions des zones les plus peuplées de chaque commune. Mais les limites de ces dernières sont beaucoup plus larges.

** l'intéraction de la glace avec le magma ascendant étant toujours explosive, cf phase 2 de l'éruption d'Eyjafjöll en 2010.

*** et que les cendres et blocs qu'il contient ne se dépose

Sources: SERNAGEOMIN; ONEMI

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