Mayon, Philippines, 2463 m
Le PHIVOLCS a décidé, le 08 septembre, d'élever le niveau d'alerte du Mayon, volcan le plus actif des Philippines, d'un cran: il passe ainsi de 0 (activité normale) à 1 (activité anormale).
La décision n'a pas été prise suite à une modification rapide des paramètres géophysiques et/ou géochimiques surveillés mais, au contraire, d'une évolution progressive.
Le bulletin du PHIVOLCS explique en effet que c'est depuis le mois de juillet que des modifications sont observées avec:
- un taux d'émission de SO2 qui a pu atteindre le double du taux moyen habituellement mesuré ( pic à 1000 tonnes/jour contre une moyenne de 500 tonne/jour). Par ailleurs la tendance globale de l'évolution de ce taux sur les deux derniers mois est à la hausse.
- la mise en place d'un essaim de secousses sismiques (146 secousses entre les 03 et 06 août), dont les caractéristiques indiquent qu'elles ont été produites par de la fracturation, sans mouvements de fluides détectés à priori (en tout cas rien ne l'indique dans le bulletin). Il est indiqué que, par ailleurs, la sismicité est restée faible par la suite.
- une inflation (gonflement) progressive du volcan depuis le mois de juillet
- la disparition d'une source, asséchée, et la diminution du débit de trois autres, toutes situées sur le flanc sud-est, versant où s'est aussi produit l'essaim de secousses. Rien n'est précisé concernant un éventuel lien entre les deux.
- Enfin le dégazage semble avoir augmenté au sommet du volcan.
De ces éléments il ressort qu'il est possible qu'une masse de magma soit en cours de mise en place mais il n'est pas possible d'être sûr, notamment en raison de l'absence de secousses spécifiques (LP, VLP) qui, en général, apparaissent dans ce cas. Mais il est clair que plusieurs paramètres géophysiques et géochimiques se trouvent actuellement au-dessus de leur niveau habituel, raison pour laquelle le niveau d'alerte a été modifié.
Les volcanologues du PHIVOLCS rappellent par ailleurs qu'un changement de niveau d'alerte à 1 ou à 2 sert avant tout à signifier que:
- le volcan connait une période d'activité interne inhabituelle et que...
-... les autorités doivent préparer leur personnel et les populations à l'éventualité d'une éruption.
Plus précisément, dans l'échelle des niveaux d'alerte du PHIVOLCS, le niveau 1 est accompagnée de la mention :" pas d'éruption imminente".
Les recommandations habituelles ont d'ailleurs déjà été données et, en particulier le rappel de l'interdiction d'approcher à moins de 6 km du sommet (zone de danger permanent) et l'appel à la vigilance pour les résidents des villages situés à proximité des rivières qui descendent du volcan, et qui peuvent être empruntées par des lahars.
Sources: PHIVOLCS; Inquirer
Kilauea, Etats-Unis, 1222 m
Ces derniers jours ont été marqués par une élévation assez importante du niveau du lac de lave sommital, qui a même failli déborder le 07 septembre. Son niveau ne se trouvait alors qu'à environ 8 m sous le niveau du plancher de la caldera où est ouvert le cratère dans lequel est logé le lac. Cette hausse correspond clairement à une inflation importante du sommet du Kilauea, provoquée par l'arrivée d'un volume plus important de magma.
Le 07 septembre le niveau du lac est très haut, pas loin de déborder. Image: HVO/USGS |
Durant toute cette période le lac a été agité par l'arrivée de bulles de
gaz, qui ont produit une activité explosive, faible, de type
"spattering" ("éclaboussures").
2016 Halemaumau Crater Lava Lake Surface Spattering from Mike Sessions on Vimeo.
Après une période de diminution, le niveau du lac est de nouveau remonté, là encore en lien avec une période d'inflation marquée du volcan, inflation qui atteint un niveau supérieur au pic du 07 septembre.
Plus à l'est, au niveau du Pu'u O'o et du champ de lave '61G" qui s'en échappe, la situation n'a pas beaucoup évolué.
Après une période de diminution, le niveau du lac est de nouveau remonté, là encore en lien avec une période d'inflation marquée du volcan, inflation qui atteint un niveau supérieur au pic du 07 septembre.
Hausse du niveau du lac à environ 24 heures d'intervalle. Images: HVO/USGS |
Plus à l'est, au niveau du Pu'u O'o et du champ de lave '61G" qui s'en échappe, la situation n'a pas beaucoup évolué.
Sur le cône même du Pu'u O'o un partie du magma continue d'arriver au niveau de l'évent ouvert dans la partie ouest de son cratère, et y maintient un lac de lave, large de 50 environ.
Le lac de lave qui occupe le cratère ouest, ouvert dans le Pu'u O'o. Image: HVO/USGS |
Le reste du magma qui arrive au P'uu O'o continue de suinter, en assez grande quantité, à la base de son versant nord-est, et alimente ainsi le champ de lave 61G, qui a commencé à se former en mai dernier.
Au niveau de ce champ, l'activité des coulées en surface est devenue difficile à observer ces derniers temps car la majeure partie de la lave s'écoule en tunnels qui ne s'ouvrent que très brièvement. La situation a toutefois évolué ces derniers jours avec l'apparition, début septembre, d'un lobe de lave très actif issu du "percement" (appelé "breakout" dans le jargon des volcanologues) d'un tunnel au pied du Pali (la rupture de pente qui sépare la côte du sommet du Kilauea). La lave qui s'en échappe avait déjà parcouru plus d'un kilomètre sur la plaine côtière le 08 septembre, en direction de l'océan.
Le nouveau front actif ("new surface breakout") du champ de lave 61G, bien visible sur cette image satellite. Image: USGS/NASA/Landsat, via HVO |
Il est possible (mais pas sûr) que l'apparition de ce nouveau lobe soit en relation avec l'arrivée de magma qui fut responsable aussi de l'élévation du niveau du lac de lave. Car une partie de ce magma a simplement pu saturer les tunnels de lave, et provoquer une surpression suffisante pour provoquer le breakout... une rupture de canalisation en quelque sorte.
Sur la côte, la lave continuer d'arriver dans l'océan Pacifique, élargit progressivement le delta de lave, et agrandit par la même occasion la surface de l'île. L'activité touristique développée autour de ce contact entre lave et eau est très importante et beaucoup de touristes s'approchent très près de la zone, malgré les recommandations et mises en garde en ce qui concerne l'instabilité chronique des deltas de lave. Mais la faute n'en incombe pas qu'aux seuls touristes: les pilotes des bateaux s'approchent extrêmement près des deltas, comme le montre la vidéo ci-dessous. Plusieurs effondrements ont déjà été observés, le dernier en date le 21 août dernier.
Sources: HVO/USGS; Vimeo; Youtube
Sources: HVO/USGS; Vimeo; Youtube
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