25 juillet 2016

Nouvelle série d'émissions de cendres sur le Turrialba

Et une belle série en l'occurence puisqu'il y en a eu pas moins de 4 explosions entre hier soir et aujourd'hui.

Cette série, qui n'est peut-être pas terminée à l'heure de la publication de ce post, a été précédée d'environ 3 heures augmentation du trémor, signal produit par des phénomènes interne puisqu’il n'a pas été accompagné de phénomènes de surface, à part le dégazage. Ce trémor, qui a émergé vers 18h00 (heure locale) le soir du 24 juillet, a pu résulter de la mobilisation de fluides, et/ou de phénomènes de cavitation au sein du système hydrothermal, mais ce n'est que trois heures plus tard, à 21h23 (heure locale) que la pression de ces fluides a finit par produire la première des explosions. En plus des cendres l'OVSICORI-UNA et le RSN décrivent des projections de fragments à haute température qui ont affecté la zone située juste au nord-est du cratère actif, soit à peu près là où se localisent les fractures récemment repérées. Peu après, à 22h17 (heure locale) une seconde explosion, similaire, s'est produite.

Projections à haute température, lors de l'explosion de 21h23 (HL). Image: OVSICORI-UNA
Le reste de la nuit s'est passé sans autre explosion, jusqu'au petit matin. A 07h22 une explosion modérée se produit mais, grâce à un vent faible, le panache de cendres s'élève verticalement sur une hauteur de 3000m. Dès le départ de l'explosion (qui semble démarrer sur deux évents distincts au fond du cratère), une partie des fragments projetés s'effondre sur le sol: un très court (une cinquantaine de mètres environ) écoulement pyroclastique se met en place et recouvre une zone visiblement gorgée d'eau car un panache de vapeur s'élève au-dessus de la zone touchée dès que l'écoulement est terminé.
Pendant ce temps la colonne de cendres s'élève, très belle, régulière, et est emportée au-dessus de la vallée centrale, à l'ouest du volcan, en direction de la capitale San Jose.



Sources: OVSICORI-UNA; RSN

3 commentaires:

  1. Il va finir par érupter ce Turrialba !?
    Quelles sont "conséquences" historiques et habituelles sur ce volcan?
    J'ai eu l'occasion de passer dans le coin en 2013, le versant Sud est peuplé...

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    1. Bonjour Julien.
      L'édifice a commencé à se former il y a environ 1 million d'années. Depuis lors il y a eu trois grands cycles d'activité qui ont abouti à la formation du Turrialab actuel, cycles appelé "proto-turrialba (1 million d'années à 600 000 ans) Paléo-Turrialba (600 000 - 250 000 ans) et le néo-Turrialba (250 000 - aujourd'hui. Le néo-Turrialba s'est lui-même édifié en deux grandes étapes, l'une entre 100 000 et 60 000 ans, l'autre entre 10 000 ans et aujourd'hui. Les 50 000 ans qui les séparent, sans activité volcanique repérée (pas de dépôts identifiés) sont marquées par une érosion importante de l'édifice, vraisemblablement due à la présence d'un glacier (le sommet devait dépasser les 3500 m d'altitude il y a 50 000 ans).
      La dernière période (10 000-actuel) a été marquée par un nombre limité d'éruptions qui, pour les plus anciennes (9300 Before Present) ont produit d'importantes coulées visqueuses (lave de type Andésite et Dacite). Les autres éruptions ont été d'ampleur modérée, exceptée celle qui a eu lieu vers l'an 40 (1970 BP) caractérisée par ses dépôts comme plinienne, mais de faible volume (0.2 km3). Par la suite l'édifice a connu plusieurs phases d'activité phréatique, parfois phréatomagpatiques. La plus importante fut la période d'activité de 1864-1866, durant laquelle de nombreux petits panaches de cendres, phréatique ou phréatomagmatiques se sont formés, les cendres tombant, comme ce qu'il se passe actuellement, sur la Valle Centrale, où la capitale se trouve. L'épisode le plus intense de cette série d'émisiosn de cendres s'est produit en janvier 1866, avec 4 jours pendant lesquels la cendres est tombée de manière quasi continue; en février le phénomène se reproduit mais sur deux jours seulement. De petits écoulements pyroclastiques semblent avoir affecté la seule zone sommitale, couverte de projections.

      Tout cela pour dire que l'histoire récente indique que les crises similaires à celle que connait actuellement le Turrialba, n'ont aboutit qu'à des chutes de cendres sur les villes et villages alentours. Cela peut générer des problèmes de santé, pulmonaire, oculaires et dermiques. L'intensité des conséquences sur les population est directement proportionnelle à l'intensité des chutes de cendres: plus elles sont abondantes et durent longtemps, plus les populations qui les subissent ont des problèmes (alimentation en eau potable, problèmes de santé, difficultés à se déplacer à cause des dépôts, obstruction des systèmes d'évacuations d'eaux usées etc, etc,etc). D'abondantes chutes de cendres font par ailleurs émerger le risque liées aux coulées de boue volcanique (lahars) qui sont des phénomènes plus instantanés et plus destructeurs. Pour l'heure l'activité ne produit que des quantités très faibles de cendres, ce qui n'affecte pour ainsi dire pas la vie quotidienne les populations. Il fut donc espérer que la crise en cours, dont les prémices remontent à 1996, ne débouche pas sur une activité plus soutenue avec le temps.

      J'espère avoir répondu à votre question.
      Bonne journée à vous :)
      CV

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    2. Bonjour CV,

      Bien entendu que tu as répondu à ma question, je ne m'attendais pas à autant de détails ;)
      C'est bien le risque de lahar que je craignais, notamment dans la ville de Turrialba située sur le flanc Sud du volcan. J'ai le souvenir d'une urbanisation qui a canalisé la rivière descendant de ce flanc, avec une forte pente : gros risque en cas de lahar. Mais heureusement, il semble que le vent dominant vienne de l'Est, et donc les cendres vont majoritairement vers l'Ouest.

      Bonne journée !

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