Un point sur l'activité du volcan Semeru

Le situation sur l'un des volcans les plus actifs d'Indonésie, puisqu'il est en éruption quasi permanente depuis les années 60, est plutôt stable depuis le pic d'activité de novembre-décembre 2015. Les images de la webcam installée à Seriti, en face du versant sud-ouest, montrent que la coulée de lave
est toujours présente, et plutôt bien active. Cela se manifeste en particulier par la haute fréquence des éboulements qui se produisent à son front et sur certaines parties situées plus en amont.

Effondrement au front de la coulée de lave et l'avalanche associée. Image: PVMBG

Effondrement sur la partie amont de la coulée de lave. Image: PVMBG

Cette activité effusive accompagne l'activité explosive habituelle sur le volcan. Encore que  "habituelle" pourrait ne pas être un terme complètement approprié. En effet, habituellement, l'activité sur ce volcan est décrite comme "vulcanienne", c'est-à-dire des explosions, ou succession d'explosions, puissantes, brusques, de courte durée et peu fréquentes*. L'activité semble en réalité, depuis déjà assez longtemps, plus se caractériser comme strombolienne si l'on en juge par la fréquence plutôt élevée des explosions et leur faible puissance.

Un style strombolien ne serait pas étonnant du reste puisque:

- associer un volcan a un style éruptif particulier ne veut rien dire car un style éruptif change toujours avec le temps, au cours d'une même éruption ou de plusieurs éruptions sur un même volcan**

- la présence d'une coulée suppose un magma de viscosité certes pas très faible, mais un peu réduite par rapport à ce qui a pu être émis auparavant sur ce volcan. Or les viscosités faibles à modérées sont compatibles avec un style strombolien.

Par ailleurs une activité vulcanienne:

- produit des dépôts contenant une part variable de fragments de lave non juvénile

- se caractérise par des explosions assez puissantes, générant des panaches hauts de plusieurs kilomètres et...

- ...ces explosions sont caractérisées par des vitesses d'éjections à l'évent très élevées pour les bombes et blocs

- produit des fragments de lave de taille allant des cendres (moins de 2 mm) aux blocs (plus de 64 mm et de forme anguleuse) très peu vésiculés (peu de bulles, dont assez compactes).

Un bon exemple de ce que peut être une activité vulcanienne, ce sont les explosions puissantes qu'à connu le Santiaguito récemment, par exemple (en tout cas à première vue).

Le time-lapse ci-dessous permet de se faire une idée, justement de cette fréquence, et de constater aussi qu'entre des explosions souvent modestes s'en glissent quelques-unes plus importantes.

L'activité éruptive du volcan Semeru entre le 31 mai au soir et le 01 juin matin. Images: PVMBG

* dont le mécanisme peut-être ou non lié à la présence d'eau: ce n'est pas une caractéristique de ce style éruptif mais l'une des causes possibles pour expliquer le dynamisme de l'activité vulcanienne.

** il ne faut pas oublier que les volcans sont les conséquences du volcanisme, et pas l'inverse. Ils ne sont que des objets géologiques fabriqués par les éruptions. Donc, sur un volcan, le style éruptif change avec le temps, toujours. L'activité n'a pas toujours été et ne sera pas toujours strombolienne sur le Stromboli, par exemple.

Sources: PVMBG