6 avril 2016

En brèves: Rincon de la Vieja, Turrialba, Kerinci, Kilauea

Rincon de la Vieja, Costa-Rica, 1916 m

Le volcan, le plus septentrional des édifices Costa-Ricains, a de nouveau émis quelques cendres le 30 mars, lors d'une activité phréatique (ou peut-être hydrothermale ). L'activité fut modeste, filmée par une des webcams du RSN Costa Rica (Red Sismologica Nacional). Le panache est caractéristique d'une activité en milieux aqueux sous faible épaisseur d'eau*: panache blanc et noir au
démarrage, de forme cypressoïde (forme de cyprès), lourds: les cendres humides retombent rapidement et un tri se fait, qui ne laisse que les gouttelettes d'eau mélangées à des gaz, formant un panache blanc d'eau.


Je n'ai pas trouvé sur les sites du RSN ou de l'OVSICORI de données relatives à la sismicité en cours: difficile de dire donc sir cette activité résulte d'une perturbation superficielle du système hydrothermal (activité hydrothermale) ou si cette perturbation est le résultat d'une cause plus profonde, comme la mise en place de magma (activité phréatique).

* même si, sur ce volcan, cette eau est fortement acidifiée par les gaz dissouts

Source: RSN 

Turrialba, Costa-Rica, 3340 m

L'activité sur ce volcan, presque le plus méridional du Costa Rica (seul l'Irazu voisin l'est un peu plus que lui) n'est pas non plus totalement à la normale. Le Red Sismologico National (RSN) a, via ses webcams, pu observer une petite émission de cendres le 03 avril dernier. Là encore malheureusement il n'y a pas de données techniques claires et détailles concernant l'activité interne (sismicité, déformation) sur cet édifice.



Source: RSN

Kerinci, Indonésie, 3800 m

La crise débuté fin mars se poursuit semble-t-il. Des émissions de cendres, toujours faibles pour le moment, ont été observées à plusieurs reprise au cours de la semaine. L'accès au sommet est toujours interdit aux randonneurs, la crainte d'une activité explosive intempestive (de nature hydrothermale ou phréatique) étant bien présente dans l'esprit des volcanologues visiblement.
Pour le moment en tout cas cette activité est faible et le niveau d'alerte volcanique reste à 2 (sur une échelle de 1 à 4), niveau attribué en 2009 et qui n'a jamais été réévalué depuis.



Source: PVMBG

Kilauea, Etats-Unis, 1222 m

L'activité sur le volcan reste similaire à celles de ces dernier mois avec le maintient du lac de lave au sommet, dont le niveau est resté assez haut. Il a parfois débordé sur la dernière terrasse, située à une grosse vingtaine de mètres sous le plancher du cratère. Ce niveau élevé correspond à une déformation de type "inflation" (gonflement du volcan), elle-même étant le résultat d'une bonne alimentation en magma des conduits volcaniques. A noter que depuis hier ce niveau a rapidement baissé de plus d'une dizaine de mètre, ce qui correspond à une forte déflation de l'édifice (voir graphe plus bas). Cette bonne alimentation s'exprime aussi au Puu O'o (20 km à l'est) avec, là encore, une déformation de type "inflation" qui correspond à l'arrivée d'une partie de ce magma supplémentaire dans le réseau d’alimentation du Pu'u O'o. En conséquence de cette suralimentaiton temporaire, on a pu observer un beau débordement , qui a duré plusieurs heures, de lave surle plancher du Pu'u O'o.

Débordement de lave sur le plancher du P'u'u O'o, le 04 avril. Images: HVO/USGS
Ce débordement ayant évacué en partie le surplus de magma on a pu voir, pendant le débordement, la déformation s'inverser en devenir une "déflation" (dégonflement): une évolution très logique, finalement.

Évolution de la déformation du P'u'u O'o (courbe verte) au cours de la semaine. Image: HVO/USGS

Le magma qui est émis au Pu'u O'o sort surtout à travers le réseau de fissure ouvert en juin 2014 à la base du flanc nord du cône ("coulées du 27 juin"). Les coulées de lave qui sont émises depuis cette source restent bien alimentées, se propagent en tunnels et ressortent à environ 7 km au nord du Pu'u O'o, où une partie de la lave continue de lentement consumer , arbre après arbre, la réserve forestière de Wao Kele o Puna. On voit sur la cartographiée réalisée par l'HVO, que les fronts les plus éloignés sont actuellement canalisée par le lit d'un court d'eau temporaire. En suivant ce court d'eau, ce front se dirige en direction d'une zone habitée appelée Ainaloa. Pour le moment la distance qui les séparent est de plus de 8 km et le risque que la lave arrive au niveau des maisons reste faible. Mais la situation reste à surveiller car la situation a été similaire en 2014 lorsqu'une partie des "coulées du 27 juin" avait pris la direction de la ville de Pahoa. Il avait fallu plusieurs mois à la lave pour progresser, mais elle avait fini par bruler une maison.

Extension du champ de lave du 27 juin. Un front actif (en rouge, que j'ai encadré) est canalisé dans le lit d'un court d'eau .Image: HVO/USGS

Situation à suivre, donc.

Source: HVO

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