10 mars 2016

Le volcan Sangay se joint au Tungurahua

Sangay, 5286 m

C'est dans un bulletin spécial publié hier que l'IGEPN fait savoir que l'activité du Sangay, considérée comme au moins semi-permanente, connaît une phase de hausse. C'est l’enregistrement de la sismicité qui a mis la puce à l'oreille des volcanologues Équatoriens. Ils sont en effet commencé à enregistrer une hausse des signaux liés à
la circulation de fluides, mais aussi certaines secousses produites par des explosions.

Sismicité du volcan Sangay, mars 2016
Augmentation de plusieurs types de signaux sismiques depuis le 08 mars, notemmetnceux liés à la circulation des fluides (LP, en lie-de-vin), explosions (vert) et des phases de trémor (bleu). Image: IGEPN

La présence de trémor peut être liée à un émission de cendres. L'IGEPN évoque en effet la présence des particules volcaniques sur les données du MODIS récoltées à 07h05 TU. Le problème ici c'est que la zone où les cendres ont été repérées s'étend entre le Sangay (et même un peu au sud) et le Tungurahua, dont l'activité se maintient aussi (voir ci-dessous). Pas facile donc de réattribuer les cendres à telle ou telle activité éruptive, d'autant plus que le VAAC de Washington n'a émis aucun bulletin concernant la présence de cendres attribuables au Sangay (il est possible que le VAAC ait attribué l'ensemble des cendres repérées à l'activité du Tungurahua).

Cendres entre les volcans SAngay et unguraha, 09 mars 2016
La zone colorée marque la présence des particules de cendres dans l’atmosphère et leur altitude (entre 4 et 10 km , mais essentiellement vers 7 km ). Les volcans Tungurahua et Sangay sont marqués. Image: NOAA-CIMSS
Le rapport indique enfin la présence d'un signal thermique, mais il n'a pas été repéré pour le moment par le MIROVA, pourtant particulièrement sensible. Il faut dire que la couverture nuageuse en Equateur est dense et très abondante ce qui ne rend pas facile la détection des signaux thermiques (infrarouge), qui sont bloqués par les particules d'eau atmosphériques.

Source: IGEPN

Tungurahua, 5023 m

L'activité sur le volcan se poursuit, et est décrite dans les bulletins successifs comme "modérée-haute". Il ne s'agit pas d'une activité éruptive strictement continue: des phases de calme, avec seulement un dégazage, entrecoupent des phases d’émissions de cendres, parmi lesquelles on note de franches explosions. Les panaches peuvent  s'élever jusqu'à 2500-3000 m de hauteur. D'après le rapport publié hier les blocs et bombes peuvent, après leur chute, rouler jusqu'à 1500 m en contrebas du cratère. C'est donc une crise similaire en intensité, et aussi au niveau de son déroulement, plutôt classique si on la compare à toutes celles qui l'ont précédées.

Eruption du volcan Tungurahua, 05 mars 2015
L'activité du Tungurahua photographiée le  05 mars 2016 depuis les hauteurs de Banos. Image: El Commercio


Eruption du volcan Tungurahua, 05 mars 2015
Gros plan sur l'activité du Tungurahua photographiée le  05 mars 2016 depuis les hauteurs de Banos. Image: El Commercio

Panache éruptif du volcan Tungurahua, 05 mars 2015
Le panache de cendres produit par l'activité, le 05 mars 2016, vu depuis l'observatoire. Image: IGEPN
En plus des projections (cendres,blocs, bombes), les volcanologues continuent de repérer parfois de petits écoulements pyroclastiques (un cette nuit par exemple dans la ravine d'Ashupashal). Ci-dessous, l'un de ces écoulement capté par la webcam de l'Observatoire le 08 mars.

Explosion et écoulement pyroclastique sur le volcan Tungurahua, 08 mars 2016
Explosion avec formation d'un écoulement pyroclastique, le 08 mars 2016. Image: IGEPN

Cette activité éruptive  s’accompagne, comme à chaque fois, de côtés positif et d'autres négatifs.
Le côté négatif concerne tout le secteur agricole: des productions sont détruites sur pied par les cendres, et certaines zones de pâturage sont durement touchées, ce qui a des conséquences sur l'élevage. Certains éleveurs ont du commencé à donner de l'ensilage produit à partir des peaux de banane à leurs cheptels, et les représentants '" régionaux" du ministère de l’agriculture ont fait parvenir de la mélasse comme  nourriture pour les cheptels.

Dépôt de cendres du volcan Tungurahua sur les récoltes; 05 mars 2016
Dépôts de cendres sur les production agricoles, le 06 mars 2016. Image: IGEPN

Le côté positif concerne le tourisme, qui semble être en hausse. Une éruption est toujours un spectacle extraordinaire, qui suscite la curiosité et l’attirance. Il faut dire que l'environnement du Tungurahua est superbe (quand la météo se dégage assez) et permet des observations fantastiques.

Cette activité reste globalement stable.

Sources: IGEPN; Presse nationale Equatorienne

1 commentaire:

  1. Equateur-Nicaragua-Guatemala en ce début d'année 2016 ça "explose" !

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