En bref: Etna, Makian et Lokon-Empung

Etna, Italie, 3330m

Tous mes remerciement vont à Jlx qui a repéré des lueurs au sommet du volcan dans la nuit du 06 au 07 mars et m'en a fait part.  Observées sur la webcam installée à Bronte, à l'ouest, leur source était située entre la Bocca Nuova et la Voragine: la localisation précise n'est pas particulièrement aisée, surtout après les

transformations qu'ont subit ces deux cratères suite aux paroxysmes de décembre dernier. La caméra étant en "mode nuit" les lueurs sont constituées en partie d'infrarouges et sont donc la signature d'une bouffée de chaleur dans le cratère. Je ne sais pas si de la lumière visible ("incandescence") a été émise en même temps mais pour l'heure je n'ai rien trouvé à ce sujet.

Lueur infrarouge au sommet de l'Etna. Image: Nicol Zappala

Le témor n'a rien montré d'inhabituel en association avec cette lueur, et l'INGV n'a rien publié de particulier. Difficile donc de l'associer avec un phénomène mais il semble qu'il s'agisse plutôt de quelque chose d'"accidentel".

Affaire à suivre en tout cas, surtout après les émissions de cendres de février dernier.

Source: Jlx (encore merci)

Makian, Indonésie, 1357 m

Le niveau d'alerte a été élevé à 2 par le PVMBG hier suite à une hausse de la sismicité de l'édifice, sans changement notable dans l'activité externe habituelle (dégazage dans le cratère sommital). Ces changements semblent avoir commencés en janvier de cette année avec une augmentation des secousses liées à la circulation des fluides en plus des secousses liées à la simple  fracturation des roches (secousses tectoniques et volcano-tectoniques). C'est l'apparition de phases de trémor, lui-aussi lié à la circulation des fluides) qui semble avoir emporté la décision de modifier le niveau d'alerte volcanique. Le PVMBG ne peut exclure qu'une activité se produise en court-moyen terme, mis il est impossible d'être sûr non plu: on ne compte plus le nombre de situations qui ont vu des pics de sismicité similaires n'aboutir sur rien de particulier en surface. Donc rien n'est jamais certain mais la prudence est de mise:  c'est presque la raison d'être du niveau d'alerte 2.

La dernière éruption connue sur ce volcan remonte à 1988. Elle n'avait duré que 6 jours mais provoqué l'évacuation de 15000 personnes, à bon escient puisque des écoulements pyroclastiques avaient atteint la côte. En fin d'éruption un dôme surbaissé (diamètre bien plus important que hauteur), aujourd’hui en partie végétalisé, s'était mis en place dans le cratère: on le voit nettement sur GoogleEarth.

Panache de l'éruption de 1988. Image: Willem Rohi (VSI), via GVP

Source: PVMBG

Lokon-Empung, Indonésie, 1580 m

La situation est un peu différente pour le Lokon-Empung dont le niveau d'alerte a été élevé à 3 le 08 mars aussi, environ un mois après avoir été réévalué à 2.

Le bulletin publié parle PVMBG fait état d'une évolution de la sismicité et de la déformation sur le volcan, compatibles avec une déstabilisation du système hydrothermal. Le trémor ne varie pas vraiment, mais la sismicité peu profonde s'est accrue, en particulier des secousses haute fréquence (10-12 Hz) plutôt liées à de la fracturation, due à une mise sous pression. Le tout est accompagné d'une légère inflation (gonflement) de l'édifice. Ce qui semble avoir présidé à la décision du changement d'alerte, c'est la possible survenue d'une activité explosive phréatique ou hydrothermale à court-moyen terme.

En tout cas il est fortement déconseillé de s'approcher du cratère Tompaluan et, pour comprendre pourquoi, il suffit de se souvenir de l'explosion hydrothermale du volcan Ontake.

Le pic de sismicité relevé par l'Observatoire du Lokon-Empung. Image: PVMBG

Source: PVMBG