Un point sur la situation des volcans Momotombo et Reventador

Momotombo, Nicaragua, 1297 m

La situation sur le volcan n'est pas très claire, mais au moins une chose semble acquise: il n'est pas encore retourné dans un état de stabilité. Après l'explosion, relativement importante, du 12 janvier, le volcan a connu un nouvel épisode, moins important, le 30 janvier, ce qui est évidemment déjà en soi un signe de l'instabilité du système volcanique. Cependant autre chose d'étrange se déroulait sur le volcan,

même plusieurs jours après ces événements: des lueurs sur les flancs du volcan, stables, permanentes....déroutant en réalité.

Tout à commencé après l'explosion du 30 janvier. Juste après, comme après chaque explosion, les bombes projetées à très haute température ont provoqué de petits incendies sur les flancs de l'édifice. Mais les panaches de ces feux ont rapidement disparu des images et dès la nuit du 30 au 31 janvier, les images nocturnes (sensibilité accrue aux infrarouges, donc aux sources de chaleur) de la webcam installée à El Papalonal (flanc sud-est) ne montraient plus aucune lueur: exit les incendies donc, dès ce moment-là.

Puis, alors qu'aucune activité anormale ne s'était produite au sommet, un nouveau panache a fait son apparition, au début minuscule, à mi-pente du versant sud. Un nouveau foyer d'incendie? Possible, si quelques braises enfouies ont été remises au jour par le vent par exemple. Oui mais alors que le premier foyer reste immobile, d'autres apparaissent, non loin, sur le même versant, puis un autre plus bas et plus au sud-est, pas si loin de la base du volcan. Les panaches gagnent en vigueur mais, contrairement à un incendie, ne se déplacent pas: étonnant.

Apparition de plusieurs panaches au cours de la journée du 31 janvier. Images: INETER, webcam El Papalonal

La nuit suivante, les lueurs associées à ces panaches deviennent bien visibles sur les flancs, mais elles s'atténuent en seconde partie de nuit. Au matin du 01 février, plus de panache, du moins jusqu'à 09h45 (heure locale) environ, lorsque l'un d'entre eux fait sa réapparition, un peu en dessous du premier panache de la veille. Puis un autre une heure plus tard à peu près au même endroit que le 3ème panache de la veille (versant sud-est). Les panaches gagnent en vigueur, durent toute la journée et, au soir, les lueurs deviennent visibles lorsque la webcam passe en mode "nuit". Le 03 février, même schéma global.

Les lueurs visibles sur le flanc du Momotombo au soir du 01 février. Image: INETER; webcam El Papalonal

Quid alors de ces panaches et de ces lueurs? Pour ma part je suis resté dans l'expectative depuis leur apparition, bouche bée devant mon écran, ne comprenant pas vraiment à quoi les attribuer avec certitude, mais me raccrochant à l'idée qu'il ne pouvait s'agir que d'incendies. Oui, mais quelle cause?

C'est l'INETER qui, dans un bulletin rédigé le 02 février, donne la solution: en fait, pendant ou suite à l'explosion du 30 janvier, des fissures se sont ouvertes sur les flancs sud est sud-est de l'édifice. Et par ces fissures, un peu de lave a réussit à s'écouler: la cheminée de l'édifice fuit, et s'est partiellement vidangée. Et ce sont ces fuites qui, vraisemblablement, ont déclenché quelques incendies. Il n'est pas dit, par contre, si ses fuites se poursuivent ou non à l'heure actuelle, et la webcam d'El Papalonal ne fonctionne plus depuis hier.

En tout cas les panaches comme les lueurs sur les images de la webcam avaient donc une origine double:

- la lave elle-même suitant des flancs

- et les incendies qu'elle a déclenché, les basses pentes étant encore bien végétalisées.

Vous verrez mieux  ces panaches depuis les airs: ils ont été filmés par un passager d'un B-737 le 03 ou 04 février.

Pour le moment la sismicité sur le volcan ne montre pas d'évolution particulière: elle reste modérée, et de fait supérieure à la normale. L'instabilité du système volcanique courant janvier (explosions et ouverture de fissures) montre que la possibilité que d'autres explosions se produisent existe.

Sources: INETER; Youtube

Reventador, Equateur, 3562 m

Les webcams ne fonctionnent pour ainsi dire plus depuis des semaines: il est donc très difficile de savoir ce qu'il se passe sur le volcan. L'IGEPN a toutefois rédigé une note suite à des observations faites lors d'un survol effectué fin janvier. Les volcanologues ont alors pu observer sur le flanc nord du cône actif, une coulée visqueuse, courte, en cours de mise en place ou, en tout cas, extrêmement récente vues les très hautes températures relevées par l'équipe à la caméra thermique. Vues les photos, sa longueur devait être de l'ordre de 500 m. Le cratère sommital, quand à lui, est ouvert par deux évents et une activité explosive faible à modérée s'y déroule encore. C'est de l'évent nord que s'échappe la coulée.

Les deux évents du cratère du cône actif, et la coulée qui s'en échappe. Image: M. Almeida/IGEPN

Source: IGEPN