17 février 2016

Le lac de lave du volcan Nyamulagira s'est élargit...un peu

Le Nyamulagira fait partie de ces nombreux volcans qui, de part le monde, ne sont pas surveillés. Non pas qu'ils ne soient pas intéressants (quel volcan ne le serait pas????) mais ils se trouvent tout simplement situés dans des zones dans lesquelles il est difficile de mettre en place et entretenir les réseaux d'appareils nécessaires.

Aussi, toute personne qui souhaite tenter de se renseigner sur l'activité d'un tel édifice est soumis soit au suivi permanent des données satellites, soit totalement dépendant des expéditions qui, parfois, se rendent sur place et communiquent des images.

Pour le coup c'est un Canadien, chasseur de phénomènes naturels intenses, qui a été visiter le couple Nyiragongo/Nyiamulagira en ce début février, ce qui permet d'avoir quelques menu détails concernant ce dernier: c'est donc avec plaisir que je les partage avec vous.

Le Nyamulagira fait actuellement partie du très fermé club des volcans à lac de lave*. Ce dernier a vraisemblablement fait (timidement?) son apparition en avril 2014 et n'a depuis lors visiblement pas faiblit. C'est du moins ce que suggèrent les données satellites via la détection du rayonnement infrarouge thermique qui est resté important depuis juin 2014.

En juillet dernier j'avais pu vous proposer une comparaison d'images prises l'une par le MONUSCO en avril, l'autre en juillet par le photographe Olivier Grunewald. On y voyait déjà quelques différences, et donc une évolution de la morphologie du lac de lave.
Les images rapportées par G.Kourounis permettent de continuer cette comparaison, et de constater que la surface du lac s'est encore agrandie, mais pas tant que ça. Son niveau par contre ne semble pas avoir particulièrement augmenté, ou du moins pas beaucoup à priori.


Le lac de lave en juillet 2015. Image: Olivier Grunewald

Le lac de lave en février 2016. Image: G.Kourounis

Le processus principal de cet élargissement est, à dire vrai, assez lente. Il s'agit avant tout d'une forme d'érosion que le lac, par son brassage, produit contre les parois de son encaissant. Et cette érosion se compose de deux phénomènes principaux:
- une érosion mécanique, par exemple lorsque des bouts de parois, petits ou gros, s'effondrent dans le lac. C'est quelque chose que l'on observe parfois sur le lac de lave installé au sommet du Kilauea (rien que ce 1er janvier par exemple)
- une érosion 'thermo-mécanique' pourrais-je dire avec d'une part l'intense chaleur qui ramolli la roche de la paroi et, d'autre part, les mouvements incessants de la masse de lave, bien plus visqueuse que de l'eau même si on la qualifie de "fluide", qui frotte contre ces parois et en réassimile progressivement la matière.

Quand à savoir lequel de l'un ou de l'autre est le plus efficace...

Une autre petite différence est visible lorsqu'on regarde aussi les vidéos tournées en juillet 2015 et en février 2016: le brassage est beaucoup moins intense maintenant qu'il y a quelques mois. Je vous laisse faire votre propre comparaison, grâce à la (trop courte) séquence ci-dessous et celle faite l'an dernier par O.Grunewald.


Difficile là encore, sans observations fréquentes, sans mesures et donc sans données, de savoir à quoi peut-être due cette évolution du brassage (moins de gaz? Modifications de la morphologie des conduits? Élargissement du lac? Un peu de tout ça? Ou tout autre chose?). Mais cela ne signifie pas forcément que l'activité est en baisse: après l'éruption de 2002, qui avait vu la vidange complète du lac de lave du Nyiragongo et la destruction partielle de la ville de Goma, le lac n'a pas tardé à se reformer et ses premiers mois avaient été marqués par un brassage extrêmement intense, qui n'a cessé de se calmer au fur et à mesure que le niveau remontait**. Et ce lac de lave est toujours présent, toujours très actif aujourd'hui, 13 ans après son retour.


Sources: Merci à Shérine France pour le partage du lien vers les vidéos et photos; Mark Robinson; George Kourounis; Olivier Grunewald

* avec Nyiragongo, Masaya, Erebus, Ambrym, Erta Ale, Kilauea et Villarrica (à ce qu'il semble)

** pour des images exceptionnelles, prises tout au long des années 2000, de l'évolution de ce lac je vous conseille d'enregistrer le documentaire "Nyiragongo, Voyages au centre de la Terre" qui passe sur Ushuaïa TV le 27 février à 00h55.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire